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Carrier Camille

Auteur

Camille CARRIER

 

Résumé

Les universités, un peu partout à travers le monde, sont de plus en plus nombreuses à offrir des formations en entrepreneurship à leurs étudiants. Plusieurs recherches soulignent cependant que bon nombre de ces formations mettent encore trop peu l’accent sur l’exploration de l’idée d’affaires initiale des participants. Il semble que l’on ait trop facilement tendance à privilégier les aspects théoriques, techniques et opérationnels du processus. Dans un tel contexte, l’étudiant risque d’être prématurément confronté à la préparation même de son plan d’affaires puisqu’on semble assumer implicitement qu’il dispose déjà d’une idée d’affaires intéressante pour laquelle il lui suffit maintenant d’aller chercher de l’information, surtout quantitative en l’occurrence. Pourtant, l’expérience démontre que plusieurs personnes s’inscrivent à une formation en entrepreneurship tout simplement parce qu’elles ont le goût d’être autonomes, qu’elles ont la fièvre d’entreprendre ou qu’elles pensent avoir toutes les qualités et la motivation requises pour le faire.

Plusieurs personnes militent actuellement en faveur d’une éducation entrepreneuriale renouvelée à cet égard. D’ailleurs, nous sommes nombreux, parmi les professeurs dédiés à la cause de l’entrepreneurship, à reconnaître la nécessité d’aider les entrepreneurs éventuels à explorer plus à fond leur idée d’affaires avant de se lancer dans une recherche plus systématique d’informations étoffées et rationnelles sur celle-ci. Il faut en effet préalablement les aider à affiner leur vison à cet égard. Cependant, on ne peut que déplorer l’absence flagrante d’outils et de méthodes appropriées pour intégrer concrètement cette préoccupation dans nos stratégies pédagogiques effectives.

La présente étude vise en partie à combler cette lacune puisqu’elle propose une nouvelle méthode pour aider de futurs entrepreneurs à explorer de façon créative et intuitive les multiples potentialités de leur idée d’affaires encore en phase d’émergence. Cette méthode intègre principalement deux techniques de créativité déjà existantes. La première est la technique du groupe nominal, une démarche inductive surtout utilisée jusqu’à maintenant en contexte de résolution de problèmes. La deuxième est la carte mentale (mind-mapping), une technique heuristique d’exploration d’idées essentiellement basée sur la force de l’association d’idées. La méthode proposée comporte trois étapes. La première consiste à déterminer les grandes tendances de l’environnement susceptibles d’influencer la trajectoire du projet du futur entrepreneur. La deuxième étape est consacrée à la priorisation de ces tendances. Dans une troisième étape, partant des tendances priorisées, il s’agit de réfléchir collectivement sur les conséquences possibles de ces tendances sur le projet envisagé.

La méthode a été expérimentée avec huit futurs entrepreneurs, inscrits à une formation universitaire dans une université québécoise. Au terme de l’expérimentation, les huit sujets ayant accepté d’expérimenter la méthode autour de leur projet ont été invités à faire part de leurs commentaires concernant les objets suivants : Ont-ils jugé la méthode utile et si oui, en quoi? Leur projet d’affaires s’en est-il trouvé enrichi et si oui en quoi? Ont-ils des suggestions pour améliorer éventuellement la méthode en question?

Les résultats obtenus sont fort encourageants. Tous ont évoqué le fait qu’ils ont particulièrement apprécié d’avoir l’opportunité de tester leur idée de départ auprès d’un groupe fort diversifié. D’autres avantages, reliés aux caractéristiques visuelles, émancipatoires et heuristiques de la méthode ont également été mentionnés par la presque totalité des répondants. Les résultats démontrent également que la méthode a effectivement amené des changements importants dans leur idée de départ. Enfin, des suggestions intéressantes pour améliorer éventuellement la méthode ont également été fournies par les participants à la recherche.

Bien sûr, il faudra tester la méthode auprès d’un plus large échantillon pour conclure à une généralisation de son utilité.