Auteurs
Valérie CLAUDE-GAUDILLAT
Bertrand QUELIN
Résumé
L’objectif de cet article est de développer et tester un cadre théorique permettant de mieux comprendre comment les firmes accèdent à de nouvelles compétences suite à l’introduction d’une innovation. En effet, alors que les effets de l’innovation sur les firmes sont largement documentés dans la littérature, les stratégies mises en oeuvre pour répondre à l’innovation ont reçu moins d’attention.
Nous analysons l’adéquation de quatre formes organisationnelles (développement interne, acquisition, alliance et transaction de marché) quant au développement de nouvelles compétences.
Nous nous attachons ensuite à construire un cadre théorique pour prédire le choix des firmes en fonction de facteurs externes et de facteurs internes.
Nous testons ce modèle dans le contexte de l’industrie américaine du courtage en ligne. Suite à une phase de collecte de données primaires, nous avons construit une base de données à partir de sources secondaires. 493 mouvements stratégiques sont ainsi recensés sur la période 1994-1999.
Les résultats empiriques de cette recherche confirment l’intérêt d’un modèle intégrateur pour expliquer les choix d’accès aux compétences sous conditions d’innovation.
Parmi les apports de cette recherche, on peut retenir que les choix effectués par les firmes sont différenciés en fonction de l’ordre d’entrée, du mode d’entrée et du type de compétence ciblé. On retiendra le rôle important joué par les transactions de marché comme mode d’accès à des compétences. Enfin, le rôle limité des alliances peut paraître surprenant par rapport aux travaux qui mettent ces dernières en exergue comme mode d’accès privilégié à de nouvelles compétences ou savoir-faire.
Auteurs
Evelyne ROUBY
Catherine THOMAS
Résumé
La dynamique d’exploitation et de renouvellement des compétences repose sur deux mécanismes : l’échange et la combinaison. Dans cette perspective, l’identification des compétences organisationnelles devient une étape clé ; ce qui est d’autant plus vrai au niveau d’un réseau de firmes qui multiplie les opportunités d’échanges et de combinaisons mais les rend plus délicates à réaliser. L’identification des compétences organisationnelles comporte deux étapes inter reliées : le repérage et la représentation. Cette dernière peut être plus ou moins structurée et renvoie à un problème de codification qui influence en retour le repérage. Si la phase d’identification des compétences organisationnelles s’avère cruciale, tant au niveau intra-firme, qu’inter-firmes, il n’existe pas véritablement d’outils méthodologiques avérés, les méthodologies étant le plus souvent réalisées au cas par cas. La littérature s’est focalisée sur une définition des compétences organisationnelles qui s’articule autour de quatre grands principes : systémique, de finalité, d’action et de lisibilité. En pratique, les tentatives d’identification des compétences organisationnelles proposent souvent des descriptions en substance qui ne constituent que la première étape du processus de codification. Face à ce déficit et à l’ambiguïté des pratiques qui en découlent, l’objet de ce travail est d’enrichir la phase d’identification en intégrant les travaux sur la codification importés des courants en économie et gestion des connaissances. Cette recherche s’appuie sur la conception et l’implémentation d’un processus de codification des compétences organisationnelles dans un réseau de firmes « Telecom Valley ». Nous proposons, en nous référant aux causalités aristotéliciennes, d’identifier cinq catégories qui permettent à la fois de repérer, de représenter et de structurer le concept de compétence organisationnelle. Ces catégories, « action, délivrable, bénéficiaire, environnement et ressources mobilisées », étendent la portée de la codification à l’ensemble des principes constitutifs de la compétence organisationnelle. L’usage de ce référentiel,
dans le cadre du réseau de firmes étudié, a des retombées pragmatiques avérées tant au niveau de la recherche de partenaires que de l’élaboration de stratégies de développement collectives. Dans le premier cas, il autorise une identification de compétences différenciées et leur repérage dans un espace commun. Dans le second cas, il propose des représentations et des évaluations en termes de complémentarité et de similarité d’un portefeuille de compétences au niveau du réseau, dédié à un marché donné, ou à un pôle technologique.
Auteur
Geneviève MUSCA
Résumé
La construction des compétences dans l’organisation repose sur la gestion d’un paradoxe : il faut à la fois optimiser l’exploitation des compétences existantes et expérimenter des solutions innovantes. Ce dilemme déjà ancien doit être résolu avec d’autant plus d’acuité que l’environnement est plus incertain et les problèmes à résoudre moins structurés. Dès lors, comment améliorer à la fois l’interfaçage des compétences existantes et la création de nouvelles compétences ?
L’objectif de notre recherche est de comprendre et d’expliquer ces mécanismes de construction des compétences dans le cadre de l’étude d’un processus, au niveau des interactions entre acteurs : en quoi consistent- ils, comment se construisent-ils, quelles en sont les modalités ? L’objet empirique de notre étude est le cas des équipes projet développant des contenus et services Internet, particulièrement concernées par une grande incertitude, tant au niveau des objectifs qu’à celui des moyens pour y parvenir.
Nous avons réalisé une étude empirique de projets Internet d’un grand groupe de presse. Nos premiers résultats portent sur les dimensions importantes du management de compétences dans le fonctionnement des équipes et sur leurs mécanismes de développement.
Auteurs
Nathalie GARTISER
Christophe LERCH
Philippe LUTZ
Résumé
L'entreprise est bien souvent contrainte d'évoluer. Ces évolutions peuvent parfois conduire à des ruptures radicales de trajectoire. En effet, une modification du système de production par exemple, peut conduire l'entreprise à modifier ses perspectives stratégiques et, par voie de conséquence, à voir émerger de nouvelles règles du jeu organisationnelles. Dans ce papier, nous avons souhaité mettre en avant l'importance stratégique de l'évolution de la configuration structurelle des entreprises. Lorsque cette évolution conduit à des ruptures radicales, les caractéristiques stratégiques de la politique générale de l'entreprise ont toutes les chances d'être remises en cause.
L'ambition de notre contribution a consisté à réfléchir à l'identification, au sein des entreprises, des prémices indiquant l’émergence de ces nouvelles caractéristiques structurelles. Nous avons ainsi porté une attention particulière aux transformations majeures concernant l’architecture organisationnelle des entreprises. Dans cette perspective, notre objectif a été de permettre une visualisation de cette évolution structurelle. Lorsque l’on tente d'appréhender la délicate question de l’évolution de l’architecture organisationnelle d’une entreprise, plusieurs logiques s’affrontent. En nous référant conjointement aux théories de la contingence et à la théorie du chaos, nous avons adopté la logique suivante : la construction et l’évolution des architectures organisationnelles serait un phénomène partiellement émergeant (influencé à la fois par les stratégies internes et l’environnement). Les entreprises étant caractérisées par des systèmes multiples d’interaction qui sont à la fois ordonnés et chaotiques, il serait difficile de planifier leur évolution. Il existerait une certaine co-évolution de l’entreprise et de son environnement, une co-évolution des différents soussystèmes organisationnels qui la compose. Ainsi, les trajectoires des entreprises ont tendance à fluctuer dans des ordres cohérents qui constituent en quelque sorte des attracteurs : les entreprises mettent ainsi en oeuvre des mécanismes d'adaptation qui les conduisent à faire évoluer leur configuration structurelle dans les zones d'influence de ces attracteurs. D'un point de vue théorique, nous avons choisi les travaux de Mintzberg pour identifier les attracteurs auxquels les entreprises pouvaient être soumises : les bureaucraties mécaniste et professionnelle, la structure simple et l'adhocratie. Dans ce papier, nous avons tenté d'explorer ceci à travers l’étude des trajectoires d’évolution de deux PME du secteur industriel, soumise toutes les deux à un choc exogène (un changement de technologie affectant les activités de leur système de production). Nous avons tenté de montrer que suite à ces chocs exogènes, ces deux entreprises semblaient effectuer un changement majeur de trajectoire. En d'autres termes, nous envisageons que ces deux entreprises sont en train de passer sous l'influence d'un nouvel attracteur.
Auteurs
Laurent LIVOLSI
Christelle CAMMAN-LEDI
Résumé
En s’appuyant sur les résultats d’une précédente recherche qui a permis de mettre en évidence la complexité de la structuration de la fonction logistique considérée comme émergente au sein des organisations, l’objet de cette communication est de montrer que les théories traditionnelles de l’évolution d’une fonction de l’entreprise ne permettent pas de comprendre la complexité des phénomènes organisationnels observés.
En effet, si les recherches conduites au niveau organisationnel s’appuient sur les développements théoriques récents en biologie et sciences physiques ou tentent de dépasser les clivages traditionnels dans le cadre d’une méta-théorie ou d’une théorie synthétique, il n’en est pas de même concernant la compréhension de l’évolution des fonctions de l’entreprise. A ce niveau d’analyse, la vision dominante correspond à une approche plus traditionnelle des théories biologiques qui renvoie à une perspective très fonctionnaliste de l’émergence et du développement des fonctions de l’entreprise.
Les résultats d’une recherche quantitative et qualitative permettent d’illustrer l’évolution générale de la logistique généralement présentée en quatre phases successives. Cependant, l’analyse des configurations logistiques obtenues met en évidence des entreprises qui ne s’inscrivent pas dans cette évolution générale. C’est en particulier le cas d’entreprises situées en amont de la chaîne alimentaire pour lesquelles une deuxième trajectoire d’évolution générale est décelable. D’autres entreprises traduisent des évolutions spécifiques qui renvoient à d’autres approches théoriques que celles mobilisées jusqu’alors pour comprendre l’évolution de la fonction logistique, notamment les théories structurationnistes ou la dynamique des systèmes non linéaires.
Auteurs
Philippe VERY
Louis HEBERT
Paul BEAMISH
Résumé
Peu de recherches ont étudié comment les firmes multinationales utilisent leur expérience lorsqu’elles s’implantent à l’étranger. Selon le modèle dénommé « projection du savoir », la connaissance utile, concentrée au centre de la multinationale, peut être mise au service de la périphérie. De fait, le transfert de l’expérience accumulée par la multinationale sur ses industries et ses pays d’implantation peut a priori augmenter les chances de succès lors de la création de nouvelles filiales. Toutefois, les recherches passées, aux résultats parfois contradictoires, nous renseignent peu sur la véracité de cette relation. L’analyse de ces travaux qui ont tenté d’expliquer le succès des filiales nous incite à conclure que les chercheurs ont étudié, non pas par le transfert d’expérience, mais le potentiel de la multinationale à accumuler de l’expérience. Puisqu’il s’agit de déployer des savoirs en grande partie tacites, un mécanisme de transfert opportun est l’expatriation d’experts qui feront bénéficier la filiale de la connaissance centrale possédée par la multinationale.
C’est pourquoi cet article examine les conditions dans lesquelles l’envoi d’expatriés peut augmenter
les chances de succès des filiales à l’étranger.
A partir d’une étude empirique analysant le lien entre pratiques et performances des multinationales japonaises, notre recherche montre que les chances de survie augmentent dans des conditions d’expatriation précises. Les chances de succès dépendent de la spécificité de l’expérience transmise, de la complexité du savoir véhiculé et de la similarité perçue entre les contextes d’application des connaissances. Ces résultats nous interrogent sur l’intérêt d’envoyer systématiquement des expatriés pour transférer une connaissance centrale dans les filiales étrangères. Par conséquent, ils mettrent en doute l’intérêt économique du modèle « projection du savoir », répandu au sein de nombreuses multinationales.
Auteurs
Valérie MOATTI
Pierre DUSSAUGE
Résumé
La relation taille – performance a fait l’objet de nombreux travaux en économie et en stratégie, notamment sous les deux angles majeurs des économies d’échelle d’une part, et du pouvoir de marché d’autre part. A la fin des années 60, cette approche a notamment donné naissance à la fameuse « courbe d’expérience » du Boston Consulting Group, mais a, depuis, généré peu d’intérêt chez les chercheurs en stratégie. Dans le même temps, de nombreux travaux se sont penchés sur les fusions-acquisitions d’une part, et les alliances stratégiques d’autre part. Or, dès lors que ces manoeuvres stratégiques concernent des entreprises appartenant au même secteur d'activité, elles produisent de manière quasi-automatique un effet de taille. Les études existantes sur les fusionsacquisitions
comme sur les alliances reconnaissent bien que la croissance, et à travers elle les effets de taille, sont l'un des objectifs poursuivis dans certaines de ces opérations. Pourtant, ces travaux s'attachent davantage à comparer les performances de différents types de fusions-acquisitions ou alliances entre eux qu'à comparer les effets de taille obtenus par fusion-acquisition ou alliance à d'autres modes de croissance, c'est-à-dire à d'autres moyens d'atteindre une taille équivalente, à savoir la croissance organique.
L'objet de la présente recherche est au contraire d'analyser l'impact du mode de croissance choisi par une entreprise sur les effets de taille obtenus du fait de cette croissance. Nous apportons, dans cette recherche, une première contribution à la fois théorique et empirique sur la question de l’influence du mode de croissance sur le lien classique taille-performance. La réflexion théorique nous amène à formuler une série d’hypothèses sur les bénéfices comparés de chacun des modes de croissance sur les deux effets principaux de la taille : économies d’échelle et pouvoir de marché.
Plus spécifiquement, nous proposons que la croissance interne permet une performance accrue par rapport aux fusions-acquisitions à la fois au niveau global et face à la réalisation d’économies d’échelle. Concernant les alliances, nous anticipons qu’elles permettent une amélioration globale de la performance ainsi que des effets accrus sur le pouvoir de marché par rapport à ce que la taille de chacune des entreprises impliquées dans l’alliance, supposerait. A l’inverse, nous anticipons que les alliances ne parviennent à atteindre ni le niveau de performance global, ni l’ampleur des économies d’échelle d’une entreprise qui aurait acquis la taille cumulée des partenaires par un autre mode d’expansion.
Les résultats empiriques, statistiquement obtenus à l’aide d’un échantillon de 54 entreprises appartenant au secteur de la grande distribution au niveau mondial, sur une période de 17 années (1984-2001), confirment l’influence générale de la taille sur la performance, la supériorité globale de la croissance interne par rapport aux fusions-acquisitions, ainsi que la capacité des alliances à générer un pouvoir de marché accru. Contrairement à nos attentes, les fusions-acquisitions améliorent les économies d’échelle.
Auteur
Hélène DELACOUR
Résumé
Suite à une rupture technologique, un nouveau marché se créé autour du produit inédit (par exemple, l’introduction de la télévision a donné naissance à une industrie qui lui est dédiée). Sur ce marché, deux types d’acteur aux ressources et capacités hétérogènes vont entrer en concurrence (Chandler et Hikino, 1990 ; Freeman et Soete, 1997). La première catégorie est composée d’entreprises nouvellement fondées, sans passé organisationnel : les « nouveaux entrants ». Une de leurs caractéristiques principales est qu’elles sont à l’origine de la « destruction créatrice » (Schumpeter, 1934). La deuxième catégorie est constituée des entreprises qui existaient déjà avant la rupture technologique et qui ont décidé de développer cette innovation. Ces entreprises qui évoluaient dans un environnement proche sont appelées « entreprises historiques ».
Depuis Schumpeter (1934, 1942), les chercheurs ont beaucoup débattu sur la question de l’entreprise la plus apte à survivre sur un nouveau marché issu d’une rupture technologique et n’ont cependant pas apporté une réponse claire. Il ne s’agit pas ici d’étudier une nouvelle fois qui de ces deux types d’entreprise est la mieux amène de se développer et survivre sur un nouveau marché a posteriori. Au contraire, nous pensons que c’est la complémentarité de ces entreprises qui permet la survie de l’ensemble des acteurs au sein de la nouvelle industrie. Chaque type d’entreprise ne peut s’adapter de façon isolée, sans contact avec ses concurrents. C’est pour cela que nous avons plutôt choisi de nous intéresser à un processus qui est rarement étudié : le processus d’adaptation de ces entreprises suite à leur entrée sur un nouveau marché caractérisée par un haut niveau d’incertitude.
En comparant le portefeuille de ressources et capacités requis par la nouvelle technologie à ceux détenus par les deux types d’entreprise lors de leur entrée sur un nouveau marché, nous faisons le constat que ces entreprises ont besoin l’une de l’autre pour survivre. En effet, elles possèdent toutes les deux des portefeuilles incomplets mais complémentaires. Nous pouvons alors mettre en évidence comment l’imitation est un processus efficace pour chaque type d’acteur pour survivre après une rupture technologique et développer les ressources et capacités manquantes.
Auteur
Cendrine FONS
Résumé
Cette recherche est centrée sur les stratégies de défense des entreprises confrontées à l’introduction d’un produit nouveau sur leur marché. Son approche originale permet d’allier respectivement les apports de la stratégie et du marketing en matière de stratégie défensive. L’objectif principal est de proposer un modèle conceptuel fondé à la fois sur une revue de littérature étendue dans le domaine du marketing et sur une étude exploratoire destinée à identifier des actions défensives non encore spécifiées par la littérature existante.
En effet l’intérêt croissant du marketing pour les stratégies concurrentielles défensives semble être justifié par leur présence croissante sur les marchés. Malgré cette attention grandissante, aucune étude synthétisant l’ensemble des étapes allant de la menace perçue d’une attaque jusqu’à la mise en oeuvre d’une stratégie défensive adaptée et efficace n’a encore été réalisée.
Dans ce contexte, l’objectif de la recherche est double. Il s’agit d’une part de cerner le phénomène de réaction concurrentielle en identifiant l’ensemble des facteurs influençant les décisions de défense et les moyens d’action dont disposent les firmes proposés par la littérature, et d’autre part de déceler de nouvelles motivations et solutions non encore déterminées par les études précédentes.
L’apport principal de cette recherche est de proposer un modèle de synthèse comprenant l’ensemble des étapes de l’élaboration et de la mise en oeuvre d’une stratégie défensive.
L’intérêt managérial de cette recherche est de donner aux firmes établies les moyens de se défendre efficacement dès la perception d’une menace concurrentielle.
Auteurs
Estelle PELLEGRIN – BOUCHER
Gaël GUEGUEN
Résumé
Le propos de cette recherche est de comprendre comment des stratégies de coopération peuvent permettre le développement d'un écosystème d'affaires en favorisant le développement de stratégies de coopétition afin de maintenir un avantage concurrentiel durable. L'étude de la stratégie du leader des ERP, SAP, permettra d'illustrer la réflexion. Ainsi, après avoir présenté les soubassements théoriques permettant d'expliquer l'intérêt des stratégies de coopétition en complément des stratégies collectives au sein des écosystèmes d'affaires, le développement de l'écosystème d'affaires de SAP sera présenté. Cette étude de cas permettra de saisir les dynamiques inhérentes à la structuration des écosystèmes d'affaires. Ainsi, il ressort que l'alternance de stratégies purement compétitives et coopératives semble montrer ses limites. Des logiques de coopétition émergent avec succès. Cependant, pour pouvoir pleinement les mettre en application, un contexte favorable sera nécessaire. La constitution d'un écosystème d'affaires apparaît comme propice. SAP a su mettre à profit innovation et collaboration avec des entreprises partenaires pour asseoir son standard technologique. Les fondements de son écosystème d'affaires étant établis, elle put travailler en collaboration avec des concurrents et ainsi rentrer dans une logique de coopétition favorisant le développement de son écosystème d'affaires.
Auteur
Grégory GAMOT
Résumé
Le cas porte sur la stratégie d’une entreprise spécialisée dans le maintien à domicile des personnes âgées (165 M€ de chiffre d’affaires) qui oeuvre sur le marché français. Le gouvernement français souhaitant développer l’offre de services aux malades Alzheimer, l’entreprise est sollicitée et la P.D.G. souhaite avoir l’avis des différents membres de l’équipe dirigeante quant à l’intérêt de se lancer dans une activité spécifique à cette maladie. Les participants sont placés dans la position d’un consultant en stratégie qui est aussi convié à la réunion du comité de direction qui doit traiter de cette question. L’équipe dirigeante apparaît à cette occasion très divisée sur la question : la directrice marketing fait rapidement part de son hostilité, préférant maintenir le positionnement de la société sur l’assistance à domicile ; le directeur général et la directrice du développement international seraient d’avis de se lancer dans une forme d’accueil de jour de ces malades, compte tenu notamment de l’ampleur de la maladie auprès des personnes âgées et des rentabilités observées dans le secteur des maisons de retraite ; la directrice des ressources humaines et le directeur juridique soumettent un projet de service destiné aux aidants des malades censé exploiter les ressources existantes de la société ; Enfin, la P.D.G et la directrice financière sont plutôt d’avis de développer les activités existantes de la société. Les participants sont invités à effectuer un diagnostic de la situation et à donner leur avis argumenté sur cette question.
Publics visés
Le cas est destiné à des étudiants suivant un enseignement en stratégie / management stratégique. Ils devront être familiarisés avec le raisonnement stratégique et connaître les principaux concepts en stratégie. Le cas conviendra aux publics d’étudiants en master ou en fin d’étude d’école de commerce, mais aussi au public en formation continue. Ce cas peut être utilisé comme cas de synthèse, dans la mesure où il aborde les aspects financiers, marketing, juridiques liés à des choix stratégiques. Il demande de plus aux étudiants de faire des arbitrages clairs et de les défendre.
Auteurs
Alidou OUEDRAOGO
Joëlle PIFFAULT
Marcel CÔTÉ
Résumé
Systèmes médicaux LMS ltée est une entreprise privée qui se spécialise dans le développement de systèmes informatisés destinés aux services de soins obstétriques. Créée en 1993 par Docteure Émily Hamilton, l’entreprise est le chef de file dans le recours à la modélisation mathématique avancée et aux réseaux neuronaux afin de procurer, en temps réel des aides à la prise de décision de nature obstétrique au chevet de la patiente. Après plusieurs années de recherche et de lourds investissements financiers, LMS a mis en place son produit vedette CALM (Computer Assisted Labor Monitoring), un système d’information obstétrique et des outils de gestion des connaissances tels que le CALM CMS (système central de surveillance), le CALM Curve (le premier outil d’aide à la décision en temps réel) et le CALM DSS (decision support suite).
Des essais cliniques randomisés sur une grande échelle ont été réalisés dans six hôpitaux nordaméricains avec des résultats parfois spectaculaires. LMS est maintenant prête à distribuer son produit sur un vaste marché, évalué à près de 750 millions de dollars par année, où elle détient une position dominante, malgré la forte concurrence que lui font trois grandes entreprises mondiales, dont GE Medical Systems ; Hill-Rom chef de file dans le domaine des équipements hospitaliers et membre du groupe international, Hillenbrand Industries ; Agilent Technologies fondée par Hewlett-Packard.
La haute direction subit les pressions de certains membres du conseil d’administration, les investisseurs notamment qui ont engagé des investissements financiers depuis plusieurs années (de vache maigre) et qui sont impatients de récolter ce qu’ils ont semé en termes de dividendes. Dans ces conditions, la haute direction n’a pas d’autre choix que de mettre rapidement l’accent sur la croissance et le développement de marché. C’est ce qu’à commencer à faire LMS. Mais cela exige une transition et des ajustements au niveau de la haute direction pour ce qui semble être un nouveau départ.
Auteur
Bertrand SERGOT
Résumé
Economistes et géographes tendent à représenter les décisions de localisation de nouveaux sites par les entreprises à des échelles infra-nationales comme le résultat de comportements d’optimisation de la part de décideurs à la rationalité et à l’information parfaite. Des recherches empiriques récentes, notamment en management stratégique, indiquent, en s’appuyant sur les apports des théories de l’organisation et de la nouvelle sociologie économique, que ces logiques économiques optimisatrices sont dans les faits tempérées par l’aversion de décideurs à la rationalité limitée pour l’incertitude associée au choix de localisations inconnues. Les entreprises privilégieraient ainsi, dans leurs choix de localisation, les aires géographiques sur lesquelles elles peuvent disposer de connaissances intimes en raison de leur présence locale préalable, de la présence préalable d’entreprises comparables ou des réseaux locaux de relations personnelles de leurs dirigeants. Dans cette communication, l’importance de ces comportements de préférence pour les aires géographiques connues est explorée empiriquement à partir des données collectées par questionnaire sur les facteurs déterminants des choix de localisation d’entreprises françaises des secteurs de l’industrie manufacturière et de la réalisation de logiciels. Une analyse typologique pratiquée sur ces données permet de constater que ces comportements, d’une importance relativement faible en moyenne, jouent un rôle significatif dans plusieurs des classes de décisions de localisation identifiées. Les résultats obtenus confortent et complètent ainsi les travaux empiriques existants qui recourent principalement à des données secondaires. Ils ouvrent des perspectives de recherche nouvelles sur une catégorie de décisions relativement négligée par les sciences de gestion.
Auteur
Sébastien LIARTE
Résumé
Deux stratégies de localisation s’offrent à un réseau de distribution à l’heure d’implanter une nouvelle unité : la recherche de la proximité concurrentielle ou l’évitement. De nombreux travaux ont montré comment des commerces pouvaient générer des synergies positives par la proximité sans pour autant se gêner à travers des éléments de différentiation. Mais quelle stratégie adopter dans le cas de points de vente proposant des produits non-différentiés ? La recherche de proximité, en accroissant la densité, conduit ici à des effets négatifs sur la performance. Des synergies positives peuvent exister mais la surpopulation dans une zone géographique donnée finit par conduire à la disparition de l’entreprise. Toutefois, les réseaux de distribution, du fait du nombre de leurs d’unités, présentent des caractéristiques particulières leur permettant de faire face à une concurrence géographique frontale, même dans le cas de points de vente non différentiés.
L’objectif de cette communication est de montrer comment le réseau de distribution en position d’infériorité en termes de nombre d’unités peut exploiter le leader du marché à travers la proximité géographique tout en développant une situation concurrentielle tempérée. Plus précisément, nous allons montrer que la recherche de proximité peut être une stratégie de localisation viable pour les entreprises réticulaires proposant des produits non-différentiés.
L’étude des implantations des restaurants McDonald’s et Quick à Paris de 1984 à 2002 montre comment chacune des deux firmes, en fonction de sa position relative sur le marché, a adapté sa stratégie spatiale en cherchant à exploiter la proximité du réseau concurrent leader. Il existe deux périodes bien distinctes dans la fenêtre d’observation que nous avons choisie. De 1984 à 1991, Quick est leader sur le marché. Il ne cherche pas la proximité du concurrent. A l’inverse, McDonald’s cherche à implanter ses unités à proximité de celles de l’entreprise belge. A partir de 1992, la situation et les stratégies de localisation s’inversent. Quick n’est plus le leader du marché, il ajuste donc sa stratégie de localisation en recherchant à exploiter la proximité du nouveau leader alors que le géant américain opte, pour sa part, pour la conquête de marchés encore inexploités.
Auteur
Sébastien LIARTE
Résumé
Deux stratégies de localisation s’offrent à un réseau de distribution à l’heure d’implanter une nouvelle unité : la recherche de la proximité concurrentielle ou l’évitement. De nombreux travaux ont montré comment des commerces pouvaient générer des synergies positives par la proximité sans pour autant se gêner à travers des éléments de différentiation. Mais quelle stratégie adopter dans le cas de points de vente proposant des produits non-différentiés ? La recherche de proximité, en accroissant la densité, conduit ici à des effets négatifs sur la performance. Des synergies positives peuvent exister mais la surpopulation dans une zone géographique donnée finit par conduire à la disparition de l’entreprise. Toutefois, les réseaux de distribution, du fait du nombre de leurs d’unités, présentent des caractéristiques particulières leur permettant de faire face à une concurrence géographique frontale, même dans le cas de points de vente non différentiés.
L’objectif de cette communication est de montrer comment le réseau de distribution en position d’infériorité en termes de nombre d’unités peut exploiter le leader du marché à travers la proximité géographique tout en développant une situation concurrentielle tempérée. Plus précisément, nous allons montrer que la recherche de proximité peut être une stratégie de localisation viable pour les entreprises réticulaires proposant des produits non-différentiés.
L’étude des implantations des restaurants McDonald’s et Quick à Paris de 1984 à 2002 montre comment chacune des deux firmes, en fonction de sa position relative sur le marché, a adapté sa stratégie spatiale en cherchant à exploiter la proximité du réseau concurrent leader. Il existe deux périodes bien distinctes dans la fenêtre d’observation que nous avons choisie. De 1984 à 1991, Quick est leader sur le marché. Il ne cherche pas la proximité du concurrent. A l’inverse, McDonald’s cherche à implanter ses unités à proximité de celles de l’entreprise belge. A partir de 1992, la situation et les stratégies de localisation s’inversent. Quick n’est plus le leader du marché, il ajuste donc sa stratégie de localisation en recherchant à exploiter la proximité du nouveau leader alors que le géant américain opte, pour sa part, pour la conquête de marchés encore inexploités.
Auteur
Carole POIREL
Résumé
Cet article se propose de reprendre le concept de stratégie de résistance développé notamment par
Lapassouse (1989) et par Pras (1991) afin de l’appliquer au secteur de la distribution du livre en
France. Il met l’accent sur des résultats à la fois théoriques et managériaux. Au plan théorique, les
bases conceptuelles de la stratégie de résistance sont approfondies en regard des approches
sociopolitiques du canal de distribution fondées sur le pouvoir. Les modalités stratégiques de la
résistance sont également précisées et actualisées par rapport aux travaux des deux auteurs
précédemment cités d’une part et par rapport aux stratégies d’acteurs révélées par l’enquête d’autre
part. Au plan managérial, est mis en évidence un phénomène de résistance de la part des
protagonistes du commerce spécialisé de la librairie vis-à-vis du pouvoir de leurs principaux
fournisseurs (Hachette, Editis, Gallimard, Flammarion, Le Seuil). Les stratégies sur lesquelles ces
protagonistes s’appuient pour conquérir plus d’autonomie dans le canal sont enfin définies.
Auteurs
Loïc PLE
Isabelle LEFEBVRE
Résumé
La multiplication de nouveaux canaux de distribution, définis comme les interfaces entre les clients et l’entreprise, constitue une orientation stratégique majeure des entreprises de services. La banque de détail, en particulier, est fortement concernée par cette évolution puisque, en sus des agences, points de vente historiques des produits et services bancaires, se sont développés les centres d’appels, les services sur Internet, téléphonie mobile, ou télévision interactive,... En d’autres termes, sont apparus de nouvelles possibilités de contacts et de nouveaux interlocuteurs pour les clients, alors que le conseiller commercial de l’agence était auparavant seul maître de la relation, dont la gestion lui incombait totalement.
Dans ce cadre, le client participe de plus en plus activement à la création du service qui lui est fourni (Prahalad & Ramaswamy, 2000). Le corollaire de cette participation est une incertitude croissante que doit gérer le prestataire de services (Argote, 1982 ; Larsson et Bowen, 1989 ), laquelle est accrue par un comportement potentiellement opportuniste, au sens de Williamson, du client. Cette situation nécessite l’établissement de mécanismes de coordination entre les personnels en contact avec les clients.
Une étude de cas exploratoire, menée au sein d’une banque de détail française, nous permet de valider deux hypothèses. La première suppose l’existence d’un lien entre le nombre de canaux de distribution et le degré d’opportunisme potentiel des clients. La seconde porte sur le degré de formalisation des mécanismes de coordination instaurés entre les canaux, qui semble d’autant plus fort que la potentialité d’opportunisme du client est importante.
Par ailleurs, a émergé de cette étude empirique un résultat inattendu, qui laisse envisager que le client joue un rôle de « filtre » entre les canaux de distribution, notamment entre les agences et les centres d’appels. Sur un plan théorique, cela renforce l’exigence d’un renouvellement de la perspective institutionnaliste, qui exclut le client de sa réflexion (Joffre & Montmorillon, 2001).
Auteur
Claude ETRILLARD
Résumé
Le concept de « Stratégie Entrepreneuriale », issu de la volonté de réintroduire une dimension proactive dans les évolutions stratégiques des grandes entreprises, emprunte un certain nombre d’éléments au champ de l’Entrepreneuriat. Inversement et paradoxalement, la PME et son propriétaire-dirigeant ont souvent étés exclus de l’analyse stratégique au nom de la « spécificité » de la PME, notamment sa dimension entrepreneuriale, en particulier celle du pouvoir décisionnel et de l’emprise de son dirigeant. Il est proposé dans cet article d’examiner dans quelle mesure le concept de « Stratégie Entrepreneuriale » peut permettre d’analyser les évolutions stratégiques des PME, dès lors qu’on la définit comme résultant du processus d’élaboration de la prise de décision stratégique du dirigeant-propriétaire de la PME.
On en proposera une représentation conceptuelle en définissant les « Stratégies Entrepreneuriales » dans les PME comme autant de configurations intermédiaires des dimensions constitutives des « Attracteurs Stratégiques » d’A.C. MARTINET et de la représentation du « Phénomène Entrepreneurial » de T.VERSTRAETE. Toute stratégie entrepreneuriale apparaît ainsi comme une configuration contingente du continuum Entrepreneuriat-Stratégie ainsi constitué par les cinq dimensions décisionnelle, organisationnelle, contextuelle, opérationnelle et cognitive.
Auteurs
Didier CHABAUD
Joseph NGIJOL
Résumé
Les travaux de recherche sur l'entrepreneuriat se sont multipliés ces dernières années, tout en ayant
peu développé l'analyse de la genèse du projet de l'entrepreneur. Ce papier vise à montrer la
nécessité d’un changement de perspective dans l’analyse de la reconnaissance d’opportunité par
l’entrepreneur. Après avoir mis en exergue les implications des analyses naturalistes dérivées de –
ou inspirées par - l’économie et celles des analyses empiriques, nous montrons la nécessité d’un
changement de perspective qui vise à penser la reconnaissance d’opportunité comme un construit
humain. Ce faisant, il est alors possible de penser le processus de création d’entreprise en prenant en
compte les dimensions individuelles de l’entrepreneur, son insertion dans des réseaux sociaux ainsi
que la nature du projet. Nous montrons alors comment ce changement de perspective permet
d’enrichir la compréhension du phénomène.
Auteurs
Céline ABECCASIS-MOEDAS
Sihem BEN MAHMOUD
Thomas PARIS
Résumé
Depuis les années 90, les entreprises cherchent à améliorer les processus de conception des nouveaux produits. Dans des industries aussi différentes que la pharmacie, l'électronique, l'armement, la sidérurgie, l’automobile, l’habillement ou le bâtiment, l'accroissement de la complexité des produits et la multiplication des contraintes de coût, de délai et de qualité ont fait de la conception des produits nouveaux l’un des principaux leviers de compétitivité. À l’image des transformations qui ont touché la production industrielle dans les années 70 (automatisation, flexibilité, etc.), cette focalisation sur les processus de développement s’est traduite par des mutations importantes des pratiques de conception et par des recompositions de filières.
Un effet de ces mutations est l’affirmation du caractère diffus des activités de conception, dans le temps et dans l’espace. D’une part, elles ne sont pas concentrées dans une entreprise et impliquent différents acteurs économiques d’une filière. D’autre part, elles mobilisent des compétences développées dans le temps et le long de trajectoires d’apprentissage.
La répartition des activités de conception entre des acteurs multiples nécessite une coopération accrue entre ces différents acteurs, laquelle impose le déploiement de savoirs propres à assurer ce travail en coopération : nous les désignons par « savoirs d'interaction ».
L’article propose, à partir de l’explicitation de ce concept, de relier la dynamique de recomposition des filières pour l’organisation de la conception et la gestion des connaissances dans les entreprises impliquées.
–
Auteurs
Nathalie SCHIEB-BIENFAIT
Bertil Sylvander
Résumé
Depuis une dizaine d’années, la structuration des filières biologiques s’opère lentement et souvent avec beaucoup de difficultés alors que le nombre d’exploitations agricoles en AB et le marché se développent. Dans ce contexte, plusieurs programmes de recherche nationaux et régionaux ont été engagés, par les Ministères de l’Agriculture et de la Recherche et par l’INRA. Cette communication est fondée sur les résultats d’un projet régional « Pays de la Loire », elle se focalise sur la filière fruits et légumes, dont elle vise à comprendre les difficultés de structuration.
Cet univers « Fruits et légumes », dominé par des petites et moyennes organisations sur la base d’un mode de production bien distinct dans ses principes du mode conventionnel, se prêtait mal à une analyse de filière fondée sur les postulats néoclassiques de l’économie industrielle en proposant un modèle explicatif extérieur à l’univers étudié et en retenant des variables désincarnées censées représenter la réalité. Notre recherche a donc privilégié plusieurs grilles d’analyse, dans la perspective d’un rapprochement entre la sociologie compréhensive, les apports de la gestion en matière de logiques d’action et le courant conventionnaliste.
Après avoir exposé les repères historiques majeurs permettant d’appréhender l’évolution de l’univers bio et de son institutionnalisation, nous présentons les résultats pour caractériser les acteurs, leurs logiques d’action et éclairer ainsi les dynamiques à l’oeuvre au sein de cette filière. La recherche analyse les obstacles à une construction de filière, dus pour l’essentiel à une diversité des logiques et registres d’action qu’il est difficile de combiner afin d’obtenir une efficacité dans la formation d’un projet collectif et la gestion de son développement. Notre discussion vise à démontrer les limites des analyses de filière, n’accordant pas de poids aux acteurs et à leurs projets. Plus largement, elle nous invite à construire de nouveaux outils d’analyse et d’interprétation de l’action collective.
Auteur
Benoît SENAUX
Résumé
Ce papier propose une analyse de la gouvernance d'entreprise des clubs de football professionnel en France. Il suggère qu'une approche partenariale pragmatique de la gouvernance des clubs est appropriée pour étudier le modèle sportif européen et propose une identification des attributs et de l'importance des différentes parties prenantes (stakeholders) –fondée sur la typologie proposée par Mitchell, Agle et Wood (1997)- permettant de mettre en évidence celles qui comptent vraiment et auxquelles les dirigeants devraient porter attention.
Les clubs sportifs professionnels constituent un sujet d'analyse intéressant pour les questions de gouvernance d'entreprise. De nombreux stakeholders aux buts variés sont présents et les jeux de pouvoir sont importants, particulièrement dans le modèle européen. De plus, contrairement à la plupart des industries, les clubs affichent un objectif reconnu en plus de la performance financière : la performance sportive.
Le cas du football professionnel en France est particulièrement intéressant. Non seulement le football est de loin le sport d'équipe le plus professionnel, avec notamment plusieurs clubs européens cotés en bourse, mais surtout les clubs de football français sont exemplaires par la complexité de leur environnement et l'héritage associatif qui les caractérise.
Le but de ce papier est donc d'enrichir la théorie de la gouvernance d'entreprise, dans une approche partenariale pragmatique sinon instrumentale, en la confrontant à des situations de stakeholders multiples et d'objectifs variés. Ce papier conclue que non seulement les clubs professionnels ont de nombreux stakeholders mais également que la médiatisation excessive tend à privilégier certains d'entre eux aux dépens des autres. Enfin, il met en évidence les limites des mécanismes de gouvernance traditionnels en présence d'objectifs divers et souvent confus et l'incapacité de la plupart des clubs à prendre en compte efficacement ces stakeholders dans un contexte passionné et d'une certaine manière irrationnel.
Les implications managériales ne sont pas absentes de cette étude : du fait de l'augmentation des sommes en jeu, la gestion des clubs sportifs professionnels devient en effet une question cruciale, d'autant plus que les modèles classiques ne semblent pas s'appliquer à cette activité particulière. En effet, bien que dirigés par des entrepreneurs à succès, la plupart des clubs tendent à présenter des performances financières peu satisfaisantes. Les résultats de cette étude pourraient apporter un éclairage nouveau sur des questions pratiques de gestion et ainsi être utiles tant pour les dirigeants de clubs que pour les régulateurs du football.
Auteur
Odile PAULUS
Résumé
Le gouvernement d’entreprises fait l’objet de nombreux travaux dans le secteur lucratif. L’article vise à cerner l’impact de ces travaux dans le secteur non lucratif artistique. Les particularités de ce secteur résident dans le caractère qualitatif de la production, la subjectivité des jugements et l’importance de l’intervention publique. Une grille d’analyse originale de mécanismes de gouvernement d’entreprises est utilisée pour comprendre une institution artistique particulière : l’IRCAM (Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique). Cette grille distingue, pour chacune des parties prenantes à l’organisation, la place :
- des garanties contractuelles et légales,
- des mécanismes d’information et de prise de décision,
- des possibilités de valorisation sur le marché du travail.
Le reporting interne joue un rôle faible quant à la régulation des aspects artistiques, mais fort pour les aspects informatiques de la production : savoir comment fonctionne la technologie est source de pouvoir.
Se dessinent 2 façons d’articuler le marché et l’organisation dans ce secteur :
1. soit le directeur change souvent, il doit prouver sa réputation ailleurs sur le marché. Mais quand il est à la tête d’une organisation, il a beaucoup de pouvoir : il a beaucoup de mécanismes de suivi actif. C’est ce premier type de gouvernance qui est observé à l’IRCAM.
2. soit le directeur reste en place longtemps et la structure de décision est davantage ouverte vers le marché. Les mécanismes de suivi actifs sont alors partagés avec d’autres parties prenantes.
Auteur
Héla GHARBI
Résumé
Dans nombre de travaux, la théorie de l’enracinement paraît représenter l’illustration de l’inefficacité des mécanismes de contrôle que les dirigeants sont supposés subir au sein des firmes.
Les déboires financiers, endurés par certaines entreprises telles que France Telecom, Vivendi Universal et plus récemment Eurotunnel, témoignent de l’ampleur de cette inefficacité et de l’utilité de débattre des principes du gouvernement d’entreprise.
Charreaux (1996) énonce que le système de gouvernement des entreprises « …recouvre l’ensemble des mécanismes organisationnels qui ont pour effet de délimiter les pouvoirs et d’influencer les décisions des dirigeants, autrement dit qui gouvernent leur conduite et définissent leur espace discrétionnaire ». Les rapports VIENOT 1 et 2 et le rapport BOUTON se sont proposés de présenter des recommandations visant à mettre en place un système de gouvernance des entreprises où l’éthique morale des acteurs, la confiance, la transparence et le respect des intérêts des parties prenantes en général ne sont pas antinomiques.
La théorie de l’enracinement qui s’inscrit dans le cadre du gouvernement des entreprises, suppose que les mécanismes de contrôle ne sont pas toujours suffisants pour contraindre des équipes managériales à gérer la firme conformément à l’intérêt des actionnaires (Alexandre et Paquerot, 2000). Prenant acte de l’inefficacité des mécanismes de contrôle internes et externes des dirigeants, des sources d’inefficience et des stratégies possibles d’enracinement des dirigeants, nous exposons dans le cadre de la première partie de cette communication une revue de la littérature de ces mécanismes de contrôle et des modalités possibles d’enracinement des dirigeants.
Cette communication se propose d’examiner dans le cadre d’une deuxième partie les variables explicatives de l’enracinement des dirigeants. Au regard de certaines typologies d’enracinement des dirigeants [Charreaux, 1996 ; Gomez, 1996; Pochet, 1998 ], l’enracinement paraît apprécié en fonction de la durée de vie des dirigeants, de la performance de l’entreprise, du dépassement de l’âge de retraite… ; l’enracinement étant basé sur un opportunisme présumé généralement contraire aux intérêts des actionnaires. Dès lors notre communication intègre une nouvelle typologie de l’enracinement adoptant une vision élargie des comportements possibles des dirigeants.
Auteurs
Florence CHARUE-DUBOC
Lise GASTALDI
Résumé
Nous nous intéressons dans ce texte aux modes d’organisation et de pilotage des départements de recherche, et à leurs évolutions récentes, du fait de la place croissante de l’innovation dans la stratégie des firmes. A partir des transformations opérées depuis une quinzaine d’années, peut-on caractériser des formes et des outils de management de la recherche de nature à mieux répondre à ces enjeux renouvelés en matière d’innovation ?
Nous étudions plus spécifiquement ici l’apport des structures projets en recherche. L’activité de recherche et sa performance étant difficiles à appréhender, nous proposons ainsi de préciser ces notions et la façon dont nous les avons approchées, en même temps que nous cherchons à évaluer l’impact des projets sur celles-ci. L’approche que nous avons retenue consiste à analyser un établissement de recherche ayant engagé un certain nombre de transformations organisationnelles,
dans l’objectif affiché d’améliorer sa position et d’assurer son excellence dans la compétition scientifique actuelle. Notre démarche vise donc à cerner les implications des artefacts organisationnels nouvellement instaurés, sur l’activité de recherche et sur les performances de l’établissement.
Après avoir présenté cet organisme de recherche ainsi que la réforme organisationnelle que nous avons tout particulièrement étudiée : la création de Programmes Transversaux de Recherche (PTR), nous discuterons les spécificités des projets structurés en PTR et avancerons des dimensions de la performance sur lesquelles nous proposons d’apprécier les conséquences du dispositif PTR. Nous avancerons alors deux cadres d’analyse qui permettent d’expliquer en quoi cet artefact organisationnel peut avoir un effet sur ces différentes composantes de la performance. Nous montrerons dans un premier temps que l’on peut considérer la structure projet comme facilitant la coordination et la coopération entre des expertises différentes. Nous présenterons ensuite une analyse du PTR comme orientant, déclenchant, structurant des apprentissages collectifs. Enfin, nous proposerons une lecture du PTR comme constituant un outil de pilotage stratégique de la recherche.
Auteurs
Véronique Bouchard
Céline Bos
Résumé
Les liens étroits unissant la créativité et l’innovation ainsi que l’importance croissante de cette dernière pour la compétitivité des entreprises, contribuent à l’émergence d’un nouveau champ au sein du management stratégique, celui de la créativité organisationnelle. Dans la pratique, aussi, innovation et créativité sont fortement liées, la poursuite d’une politique d’innovation impliquant souvent la mise en place de systèmes destinés à favoriser la créativité. Parmi ces systèmes, on trouve les dispositifs intrapreneuriaux dont la finalité est d’encourager et d’aider les employés à poursuivre des initiatives originales.
De nombreuses entreprises sont en effet convaincues que dans des conditions de turbulence croissante, l’incorporation d’une dose d’entrepreneuriat peut les aider à innover et à améliorer leur performance : c’est le cas d’Eastman Kodak, Xerox Corporation, Lucent Technologies aux Etats- Unis, de SAS, Siemens Nixdorf en Europe et de nombreuses entreprises moins connues. Toutes ces entreprises ont, au cours des trois dernières décennies, conçu et mis en place des assemblages adhoc de ressources, d’outils et de processus destinés à encourager la poursuite de projets entrepreneuriaux par leurs employés. Or ces dispositifs génèrent des problèmes récurrents. Apparition de tensions et de conflits au sein de l’organisation mais surtout remise en cause du dispositif au bout de quelques années d’existence à tel point que Kanter, North et al. (1990) qualifient les dispositifs intrapreneuriaux de « formes organisationnelles instables ».
Dans cet article, nous tentons de démontrer que l’échec répété des dispositifs intrapreneuriaux dépend en partie de la conception tronquée que se font chercheurs et praticiens de la créativité organisationnelle. L’article débute par une revue de la littérature permettant de mettre en lumière cette conception tronquée. Il se poursuit par une description et une évaluation des dispositifs intrapreneuriaux en tant que dispositifs de créativité organisationnelle mettant en pratique cette conception et se conclut par une remise en cause de celle-ci ainsi que par l’ébauche d’une conception alternative.
Nous verrons que chercheurs et praticiens cherchent une réponse à la question : comment accroître la créativité des individus au sein de l’organisation ? et se concentrent exclusivement sur l’identification et la mise en place de conditions favorables à la créativité individuelle. Or, dans le cadre de l’entreprise, la créativité ne peut s’exercer de façon entièrement autonome et individuelle, mais doit contribuer à l’atteinte d’objectifs partagés. La divergence inhérente à la créativité individuelle doit être donc maîtrisée et mise au service de fins communes. Ceci passe par la désignation d’objets communs auxquels appliquer les idées et les actions créatives produites dans l’entreprise.
Auteurs
Asma MASMOUDI
Jouhaina BEN BOUBAKER GHERIB
Résumé
Cette recherche étudie la rapidité de la prise de décision stratégique et son impact sur la performance des entreprises. Elle a pour objectifs de déterminer le degré de rapidité de la prise de décision stratégique, d’expliquer la différence entre les processus de décisions stratégiques (PDS) rapides et les PDS lents et de relier empiriquement la rapidité de la prise de décision stratégique à la performance.
Pour ce faire, deux modèles sont construits. Le premier modèle relie la rapidité de la prise de décision stratégique à ses déterminants (l’utilisation de l’information en temps réel, le nombre d’alternatives considérées simultanément, l’expérience des conseillers, la flexibilité du décideur et l’utilisation de l’intuition). Le second teste la nature de la relation entre la rapidité de la prise de décision stratégique et la performance.
L’analyse des données recueillies par entretien auprès de 38 entreprises familiales du secteur industriel tunisien permet de conclure que la rapidité peut être considérée comme un facteur de réussite puisque la rapidité de la prise de décision stratégique influe positivement sur la performance quel que soit l’origine de la décision. Elle permet également de conclure que l’utilisation de l’information en temps réel, la flexibilité et l’utilisation de l’intuition par le décideur augmentent la rapidité de la prise de décision.
Auteurs
Paul NGOBO
Alain CAPIEZ
Résumé
Le rôle de la structure du capital dans l’explication de la performance des entreprises fait l’objet de nombreuses recherches depuis près d'un demi-siècle. Le désaccord entre chercheurs s’observe à la fois sur le plan théorique et sur le plan empirique. Jensen (1986), par exemple, considère que les dirigeants peuvent être tentés d’engager des investissements destructeurs de valeur, en présence de Free Cash Flow. L’endettement devrait alors les inciter à s’engager dans des projets rentables pour pouvoir payer les charges d’intérêts qui en résultent ou éviter la faillite de l’entreprise. Un autre argument, tout à fait logique, considère que la dette peut réduire le pouvoir discrétionnaire des dirigeants sur les ressources de l’entreprise et par conséquent leur capacité à faire face aux pressions concurrentielles. Le niveau d'endettement pourrait ainsi affecter des projets nouveaux et risqués, tels que la R&D, souvent déterminants pour la survie à long terme de l’entreprise. Cette recherche essaie de concilier ces deux points de vue en analysant le rôle modérateur des différences culturelles nationales dans la relation entre l’endettement et la performance de l’entreprise. Pour cela, nous analysons analyse sur un échantillon de 15 120 entreprises (source = base COMPUSTAT GLOBAL), de 48 pays observés sur une période de 11 ans (1992-2002), soit 166.322 observations annuelles. Nous développons un modèle empirique multi-niveaux dans lequel nous considérons que chaque entreprise est emboîtée d'abord dans son secteur d’activité, puis dans son pays. Cette méthodologie nous permet de comprendre la part de variance expliquée par les différences interfirmes, intersectorielles, et inter-pays. Nos résultats montrent que la culture joue un rôle modérateur dans la relation entre l’endettement et la performance d’une entreprise mais la nature et l'importance de ce rôle dépendent surtout de la mesure de la performance utilisée.
Auteur
Olivier BOIRAL
Résumé
Les résultats d’une étude de cas sur l’intégration du système ISO 14 001 dans les entreprises industrielles tendent à montrer que l’adoption de cette norme répond à des pressions institutionnelles qui se traduisent par des comportements plus ou moins cérémoniels visant à démontrer, en surface, la conformité des organisations certifiées. Si la rigueur formelle de la norme a souvent débouché sur des améliorations réelles, ces dernières concernent surtout des aspects techniques et administratifs. Les pratiques quotidiennes demeurent plus ou moins découplées des prescriptions du système ISO 14 001, dont les employés ont une connaissance très approximative.
Ainsi, les organisations adoptent différentes stratégies pour concilier les pressions externes en faveur de l’adoption de la norme et les contraintes internes associées à un système de gestion qui suscite une mobilisation très variable suivant les cas. Si la norme apparaît souvent comme une sorte de « mythe rationnel » (Meyer et Rowan, 1977) auquel les organisations adhèrent en surface, le processus d’adaptation aux pressions institutionnelles n’est pas univoque. L’étude réalisée contribue à donner une vision moins déterministe et plus contingente de la théorie néo-institutionnelle, laquelle repose sur une conception assez passive des organisations. Elle contribue également, à travers l’exemple du référentiel ISO 14 001, à illustrer comment les organisations peuvent s’approprier, transformer et réinterpréter les structures formelles mises en oeuvre dans un souci de légitimité institutionnelle. Enfin, cette recherche montre les ambiguïtés des effets de l’adoption du système ISO 14 001 sur les pratiques de gestion environnementale et sur les performances dans ce domaine.
Auteurs
François BERGERON
Louis RAYMOND
Suzanne RIVARD
Résumé
L’alignement stratégique est un concept important permettant de comprendre comment un investissement en technologies de l’information (TI) peut accroître la performance organisationnelle. Cette étude utilise une approche systémique pour tester simultanément l’apport de quatre prédicteurs : la stratégie d’affaires, la structure organisationnelle, la stratégie TI et la structure TI, à la performance organisationnelle. Plutôt que d’utiliser une approche bivariée entre ces prédicteurs, ce qui a déjà été fait dans des recherches antérieures, cette recherche utilise une approche multivariée pour tester le concept de coalignement des prédicteurs comme forme d’alignement stratégique. Les résultats, provenant d’une enquête auprès d’une centaine de PME, établissent 1- la pertinence de ces prédicteurs et 2- l’importance de leur coalignement pour accroître la performance des entreprises.
Auteurs
Louis RAYMOND
Marie MARCHAND
Résumé
Dans un environnement d’affaires maintenant mondialisé, des besoins accrus de compétitivité, d’innovation, de qualité, de flexibilité et de capacité de traitement de d’information ont amené un certain nombre de petites et moyennes entreprises (PME) à implanter des systèmes avancés de fabrication (SAF). Partant d’une perspective théorique de contingence, une enquête auprès de 118 PME manufacturières fut effectuée afin de déterminer les effets sur la performance de la congruence ou de l’alignement entre les facteurs critiques de succès (FCS) de la gestion des opérations dans les PME et leur maîtrise de l’utilisation des SAF. Alors que des niveaux plus élevés de FCS et de maîtrise des SAF sont directement associés à une meilleure performance organisationnelle sur le plan de la productivité, de la réduction des coûts, de la flexibilité, de la qualité et de l’intégration, il fut trouvé qu’un manque de congruence entre les deux réduit
significativement la performance. Du point de vue du traitement de l’information, il fut aussi trouvé qu’une incertitude accrue dans l’environnement des PME est associée à des niveaux accrus de FCS mais non de maîtrise des SAF.
Auteurs
Cécile AYERBE
Liliana MITKOVA
Résumé
La mobilisation des résultats de la R&D est un élément essentiel de survie et de croissance pour les entreprises dans un environnement caractérisé par une compétition mondiale fondée sur la nouveauté et un raccourcissement du cycle de vie des produits. A ce titre, plusieurs travaux se sont intéressés à une forme particulière d'invention, celle protégée par un brevet pour montrer que ce dernier joue de plus en plus un rôle stratégique comme protection d’une compétence particulière, comme garant d’un avantage concurrentiel et comme outil de création de valeur. Si les statistiques disponibles aussi bien au niveau de l’Office Européen des Brevets que de l’U.S. Trademark and Patent Office (USPTO) témoignent d’une demande de dépôts accrue de la part des entreprises, la protection demeure un acte juridique long et coûteux qui n'est pas garant du succès de l'invention.
Seule la valorisation du brevet et l'organisation de ce processus dans l'entreprise permettent d’optimiser la rentabilité des investissements et l’avantage concurrentiel procuré par l'innovation protégée. Dans ce contexte, il peut paraître surprenant que la littérature sur le brevet, à la fois en économie, en droit ou en gestion se soit peu penchée sur la question des modes d’organisation interne de valorisation des brevets. Elle fait pourtant émerger un certain nombre d’interrogations qui, mettant l’accent sur la dimension organisationnelle de la gestion des brevets, sont l’objet du présent article. Comment valoriser le portefeuille d’inventions protégées à l’intérieur de l’organisation ? Comment et quelles fonctions doivent participer à la prise de décision en la matière ? Comment organiser leur collaboration ? En d’autres termes, quelles sont les formes et processus organisationnels les plus à même d’assurer la valorisation des inventions protégées ? Pour répondre à ces questions, nous nous sommes tout d’abord livrés à un examen des travaux relatifs aux configurations organisationnelles dédiées à la gestion des brevets. Cette revue de la littérature nous a conduits à proposer une grille de lecture qui a été enrichie par l’analyse qualitative de quatre grands groupes industriels français possédant une forte activité de dépôt de brevets. Nos résultats nous amènent à compléter la littérature peu explicite quant aux modalités organisationnelles relatives à la fois au dépôt et à la valorisation des inventions protégées.
Auteur
Pascal CORBEL
Résumé
Le but de cet article est de montrer que le brevet est un instrument stratégique aux facettes multiples et non un simple outil juridique destiné à protéger des innovations technologiques de l’imitation.
Nous utilisons l’approche ago-antagoniste développée par E. Bernard-Weil pour analyser les stratégies d’utilisation du brevet à partir de deux couples ago-antagonistes : un couple rentes de monopole/rentes ricardiennes et un couple coopération/exclusion. Quatre stratégies génériques émergent de la formalisation de ces quatre pôles :
• Stratégie défensive visant à conserver le monopole sur la technologie
• Stratégie de licences visant à augmenter les royalties
• Stratégie d’échange de technologies
• Stratégie de type « course de vitesse ».
L’un des concepts centraux de l’approche ago-antagoniste est toutefois celui d’équilibration : il y a toujours à la fois de la coopération et de l’exclusion et on recherche à la fois des rentes ricardiennes et de monopole, mais avec des dosages différents, et sans que ne se dégage un équilibre stable.
C’est pourquoi nous montrons ensuite comment le brevet permet de relâcher les contraintes de ces stratégies génériques (notamment à travers le nombre et le prix des licences accordées) à condition de développer une approche globale du management stratégique de ce type de ressource.
Cette analyse montre ainsi la nécessité de donner dans les entreprises un véritable caractère stratégique au brevet et surtout à son management. Cette dimension doit compléter son caractère technico-juridique et permettre une meilleure mise en cohérence de la stratégie de gestion des droits de la propriété industrielle et des autres aspects de la mise en oeuvre de la politique de l’entreprise.
Auteurs
Lionel MALTESE
Vincent CHAUVET
Résumé
L’intérêt de cet article est de faire émerger les facteurs de performance d’un événement sportif français et leurs interactions en adoptant une approche basée sur les ressources. Afin d’y parvenir, nous avons réalisé des entretiens auprès des principaux protagonistes de cet événement (organisateurs, sponsors publics et privés) que nous avons analysés grâce à deux méthodes complémentaires : une analyse de contenu et une analyse lexicale.
Les résultats de cette étude mettent en exergue l’existence de ressources relationnelles qui conditionnent fortement la performance de l’Open13. Ces ressources se matérialisent par les liens professionnels et personnels qu’entretiennent les organisateurs de cet événement avec les parties prenantes de l’environnement. Les réseaux relationnels générés par le directeur de l’Open13 forment une base solide de relations politiques, économiques et publiques, sur laquelle s’appuie le développement durable du tournoi. Le réseau social du directeur du tournoi forme une toile d’araignée de relations tacites (Détienne et Vernant, 1974) qui permet de favoriser, générer et reconduire des contrats de partenariats publics et privés importants, des contrats avec certains joueurs de tennis professionnels, et également d’apporter une touche identitaire propre à cet événement marseillais.
Auteurs
Emmanuelle REYNAUD
Eric SIMON
Résumé
Cet article s’interroge sur la capacité d’un domaine viticole à mettre sur le marché un vin à plus haute valeur ajoutée qu’un autre domaine d’une même région. Pour y parvenir, les auteurs mobilisent le concept de compétences centrales. Après l’avoir opérationnalisé, ils l’appliquent à deux exploitations viticoles angevines : l’une ayant une bonne appréciation par le Parker, l’autre n’étant pas notée. Il s’agit ainsi de comprendre si les différences de qualité peuvent s’expliquer par l’existence de compétences centrales.
Summary
This article questions the capacity of a winery to launch a wine on the market with higher added value than another winery of the same area. In order to attain this objective, the authors mobilize the concept of core competencies. They first operationalised the concept and applied it to two wineries from the Loire Valley: one having a good rating by Parker, the other one is not rated.
It is therefore a question of understanding whether the differences in quality can be explained by the
existence of core competencies.
Auteurs
Valérie CHANAL
Caroline MOTHE
Résumé
Dans les environnements qualifiés d’hypercompétitifs, les entreprises doivent pouvoir combiner deux logiques complémentaires d’innovation :
- L’innovation d’exploitation consiste à mobiliser les compétences centrales de l’entreprise sur les dimensions technologiques et marketing et à baser l’avantage concurrentiel sur la rapidité de développement et de mise sur le marché de nouveaux produits ;
- L’innovation d’exploration consiste à renouveler les compétences centrales de l’entreprise sur les axes technologiques ou marketing et à baser l’avantage concurrentiel davantage sur la variété des compétences pour faire face à la complexité de l’environnement.
Les travaux récents sur le design organisationnel favorable à l’innovation tantôt opposent ces deux logiques, avec l’argument qu’elles correspondent à des formes organisationnelles incompatibles, tantôt suggèrent la mise en oeuvre de formes organisationnelles hybrides, avec différentes appellations : organisations ambidextres, structures hybrides internes, semi-structures, structures « spaghetti », organisations ayant une forte flexibilité structurelle et stratégique, communautés dynamiques.
Cet article propose de mettre en perspective ces différents apports théoriques à la lumière d’un cas de réorganisation de la R&D dans une grande entreprise du secteur automobile, « Equipauto » (nom fictif). Cette recherche-intervention s’est déroulée en 2002 auprès du siège de l’entreprise et de l’une de ces divisions opérationnelles. L’objectif était d’identifier, en support de la nouvelle organisation mise en place, les principaux leviers pour développer la capacité d’innovation d’exploration de la division, jusqu’ici orientée sur l’innovation d’exploitation. Nos résultats montrent la nécessité de réfléchir aux modalités d’accompagnement de la mise en place de structures hybrides de R&D. Il s’agit en particulier de mettre en lumière les tensions et les paradoxes vécus par les acteurs de l’innovation lorsqu’il faut combiner innovation d’exploitation et innovation d’exploration et de développer des pratiques de management cohérentes avec les objectifs stratégiques de l’entreprise.
Auteurs
Gilles E. ST-AMANT
Laurent RENARD
Résumé
Dans ce texte nous nous intéressons à la problématique du déploiement d’une stratégie en focalisant sur les capacités organisationnelles qui sont une unité d’analyse intermédiaire entre, d’une part la définition des objectifs stratégiques de l’organisation relativement à sa stratégie et d’autre part, ses activités qui en sont la manifestation concrète. Si la stratégie définit le but à atteindre, les capacités organisationnelles s’intéressent plus particulièrement à la question des moyens et à la façon de les atteindre. Nous définissons de la façon suivante ce concept de capacité organisationnelle qui est: le déploiement, la combinaison et la coordination de ressources, de compétences et de connaissances à travers différents flux de valeur pour mettre en oeuvre des objectifs stratégiques. Lorsqu’une organisation décide de déployer sa stratégie, elle doit, dans un premier temps, faire la recension de ses capacités organisationnelles de façon à les qualifier et à déterminer celles qui devront être développées ou créées, selon les cas, en regard des objectifs stratégiques qu’elle souhaite atteindre.
À cet égard, il est possible de procéder en faisant référence à un modèle de maturité. Un modèle de maturité est donc un modèle descriptif et normatif des niveaux de maturité à travers lesquels les capacités organisationnelles d’une organisation vont passer à mesure que l’organisation pose une réflexion structurée et ordonnée sur ses modes opératoires en utilisant et en créant des connaissances, en améliorant les compétences de ses individus et en investissant dans les ressources. Nous élaborons par la suite un modèle de gestion du développement des capacités organisationnelles qui va permettre la gestion des capacités organisationnelles selon le niveau de maturité à atteindre. Ce modèle de gestion nécessite des capacités organisationnelles de gestion de résolution de problème en management ainsi que de gestion des connaissances. Au centre de ce cycle, l’organisation devra créer et gérer un référentiel de connaissances des capacités organisationnelles. Finalement, nous terminons par envisager les pistes de recherche futures. À cet égard nous utiliserons notre modèle de gestion du développement de la capacité organisationnelle dans le domaine de l’administration électronique.
Auteur
Annie GARANTO
Résumé
Les facteurs déterminants le choix organisationnel de la firme en matière de recherche et
développement suscitent, depuis quelques années, une abondante littérature. La plupart des travaux
insistent sur le caractère divergent des deux paradigmes dominants de la théorie des coûts de
transaction et de la théorie des capacités dynamiques. L’objectif de cette communication est de
proposer un cadre unifié susceptible d’expliquer la montée sans précédent des accords de
coopération en R&D dans les industries intensives en connaissance. Le domaine d’application de
cette analyse porte sur les biopharmacies japonaises. Les résultats de notre étude montrent
notamment que les concepts d’expérience cumulée et d’actifs complémentaires établissent un point
de convergence entre les deux paradigmes de la TCT et de la TCD.
Auteur
Aude DELABARRE-MECHIN
Résumé
L’implantation des investissements économiques constitue une préoccupation fondamentale des politiques d'aménagement du territoire depuis la fin des années 1970. Généralement, les rapports entreprises/territoires urbains sont envisagés sous l'angle de la localisation des firmes. Or, cet axe de recherche a largement été investi par les travaux en géographie industrielle et par l'économie spatiale. Nous avons alors opté pour un positionnement plus marginal, celui de la capacité des acteurs locaux à capter et à maintenir les entreprises sur le territoire. Dès lors, l'approche fondée sur les ressources dynamiques constitue une clef de lecture pertinente dans l'explication et la compréhension de l'avantage concurrentiel urbain.
Notre réflexion cherche à contrebalancer une lecture statique de l’attractivité territoriale et à comprendre le passage d’un processus d’allocation des ressources à un processus d’organisation des ressources. Plus précisément, cette contribution a pour objet de mettre en lumière le rôle particulier de la variable temporelle dans la construction, d’une part, et la pérennisation, d’autre part, d’un avantage concurrentiel urbain, ceci à l’aide d’observations et d’entretiens effectués auprès d'acteurs et d'experts intervenant sur le marché d'implantation des entreprises des principales agglomérations normandes.
Une analyse détaillée des facteurs temporels, conférant au territoire une quelconque avance par rapport à ses concurrents, nous a conduit à réfléchir sur la notion de transversalité temporelle comme élément déterminant de l'ancrage des entreprises. En effet, les difficultés liées au décalage temporel des sphères économique et politique du territoire, notamment dans le domaine de l'attraction d'entreprises ouvrent de larges perspectives en termes de coordination. En effet, en tant que construit social, le territoire urbain est le réceptacle de multiples temporalités. Toutefois, il ne s’agit pas de synchroniser en continu ces différentes temporalités mais de trouver des espaces temporels transversaux moins rigides. Il s'agirait alors de "désautomatiser" les manières de penser des acteurs locaux et de les amener à réfléchir sur la régulation temporelle non plus en termes de synchronisation/désynchronisation mais bien plus en termes de flexibilité temporelle.
Auteurs
Paul LAURENT
Franck TANNERY
Résumé
Les recherches en stratégie interrogent de plus en plus l’importance du facteur spatial pour le développement des groupes. Ce texte s’inscrit dans cette approche en questionnant trois principes fréquemment avancés par ces recherches : tout d’abord l’importance des ressources des territoires pour l’innovation, ensuite la répartition spatiale des fonctions d’innovation et de conception au sein des groupes, enfin les dynamiques d’apprentissages collectifs qui opèrent au sein des territoires.
Auteur
Manel BORCHANI
Résumé
Cet article présente une étude exploratoire des déterminants de la stratégie sociétale des entreprises étrangères implantées en France. Cette stratégie est identifiée comme une réponse aux pressions et attentes des parties prenantes telles que les actionnaires, les salariés, le gouvernement, les consommateurs… Elle traduit la responsabilité sociale de l’entreprise avec toutes ses composantes : économique, légale, éthique et discrétionnaire (Carroll, 1979). Cette stratégie qui se base sur les trois piliers à savoir l’économique, le social et l’environnemental peut constituer la contribution de l’entreprise au développement durable.
Plus précisément, nous proposons un modèle contingent intégrant, d’une part, les composantes de la stratégie sociétale, et d’autre part, les facteurs qui peuvent l’influencer et relevant de trois champs théoriques complémentaires qui sont la théorie institutionnelle (Powell & DiMaggio, 1983, 1991), la théorie de la dépendance des ressources (Pfeffer & Salanick, 1978) et celle du choix stratégique (Child, 1972, 1997). Les déterminants de la stratégie sociétale de l’entreprise comportent ainsi trois catégories de variables : institutionnelles, organisationnelles et managériales.
Auteur
Marc ROBERT
Résumé
L'objectif officiel affiché par le premier éditeur de logiciel, Mircorsoft, est de révolutionner la sécurité dans tout le domaine informatique grâce à son nouveau logiciel Palladium, renommée dernièrement NSGB pour Next-Generation Secure Computing Base.
Si l’ordinateur personnel d'aujourd'hui est très vulnérable, le PC de demain pourrait bien être inviolable. A la fin de l'année 1999, Microsoft et trois des plus grands constructeurs de ce type de machine, IBM, Compaq et Hewlett-Packard, accompagnés par les fabricants de microprocesseurs, Intel et AMD, ont en effet décidé de s'attaquer au problème de la sécurité sur les micro-ordinateurs. Ils ont fondé l’alliance pour une plate-forme informatique de confiance, la « Trusted Computing Platform Alliance » (TCPA).
L'idée maîtresse du consortium TCPA est de doter chaque PC d'une puce de sécurité, placée sur la carte mère, et du logiciel palladium que Microsoft introduira dans les futures versions de Windows, en particulier Longhorn prévu pour 2004.
L’objectif avoué est de lutter contre le piratage informatique, et de limiter la copie des logiciels et des fichiers protégés par copyright comme la musique ou les films.
Dans les années 80-90, les éditeurs baissaient le niveau de protection contre le piratage de leurs logiciels. Les travaux de Shy et Thisse (1999) expliquaient ce comportement par le fait, qu’à cette époque, les politiques anti-piratage n’étaient pas rentables pour les éditeurs. L’objectif de notre travail est de comprendre le récent regain d’intérêt des éditeurs pour la sécurité de leurs logiciels. Pourquoi ce changement de politique de la part des éditeurs depuis la fin du millénaire, qu’est ce qui leur a permis de passer d’une politique laxiste à celle de tolérance zéro ?
Afin d’y répondre, nous élargissons l’analyse de Shy et Thisse (1999) à une industrie informatique où le réseau Internet est pris en compte. Il a pour principal avantage de permettre une commercialisation discriminatoire des logiciels, à grande échelle et à faibles coûts, qui n’était pas présente dans les travaux de Shy et Thisse.
Notre principal résultat est que la discrimination rend à nouveaux rentable la protection des logiciels. Cet article fait partie d’une suite de trois articles qui démontrent que la discrimination ne doit pas être à priori considérée comme une politique de prix agressive envers les consommateurs ou envers les firmes concurrentes. Cette politique n’est pas mauvaise en soit, c’est l’utilisation que les entreprises en font qui peut être condamnée. Elle n’est simplement qu’un outil stratégique utile pour le management des firmes.
Auteur
Frank ROBERT
Résumé
Ce travail porte sur une industrie avec une structure verticale, dans laquelle sont présents des fournisseurs de bien intermédiaire en amont, et des distributeurs de bien final en aval. Le bien intermédiaire est utilisé dans le processus de fabrication du bien final. Ce qui place les fournisseurs et les distributeurs au coeur des relations concurrentielles.
D’après la littérature, l’apparition de problèmes relationnels peut les amener à réfléchir sur la structure interne qu'ils doivent adopter afin d'être plus performants. Dans certaines situations, le fabricant du bien final peut avoir intérêt à changer de structure interne, en intégrant verticalement son fournisseur et ce pour plusieurs raisons :
Tout d'abord pour des raisons d’efficacité, il souhaite ainsi réduire son coût et être plus compétitif. En adoptant une structure intégrée, le distributeur élimine la marge du fournisseur et devient alors plus efficace que ses concurrents. Cela s'inscrit bien dans ce que Michael Porter appelle la recherche, par les managers, d'un avantage concurrentiel afin d'attirer de nouveaux clients et d’accroître leur part de marché.
Désormais le distributeur, grâce à sa nouvelle organisation, contrôle totalement son système d'approvisionnement et s'assure d'une parfaite coordination entre les deux secteurs de production, amont et aval.
D'autres raisons peuvent pousser les firmes dans la distribution à changer de structure interne. Elles souhaitent acquérir un avantage concurrentiel en désavantageant leur concurrent. Pour cela, selon Gaudet and Van Long (1996), elles adoptent des stratégies anticoncurrentielles à leur égard, afin de les éliminer du marché. Le distributeur utilise souvent cette stratégie afin d’augmenter le coût de ses rivaux.
Nous allons étudier une nouvelle raison que celles annoncées précédemment. Pour cela, nous élargirons le cadre d’analyse en intégrant dans la concurrence la notion de contact multimarchés entre les firmes. Dans notre modèle nous montrons comment la structure interne de la firme peut servir à mieux se coordonner pour soutenir des quantités et des prix collusoires. Le changement de la structure interne des distributeurs peut être un moyen pour leurs managers de soutenir un accord tacite afin de réduire la concurrence dans le secteur du bien final.
Le résultat de notre analyse, permet de montrer comment les firmes utilisent le choix de leur structure interne, pour obtenir des profits de collusion en présence de contacts multimarché.