Auteur
Hanane BEDDI
Résumé
La question de la relation siège-filiales a donné lieu à de nombreuses recherches aussi bien théoriques qu’empiriques. Toutefois, force est de constater l’absence de modèles permettant de saisir toute la richesse, la complexité et la densité de la relation siège-filiales.
Cette recherche vise donc à présenter la relation siège-filiales dans un cadre organisationnel par la mobilisation de deux typologies complémentaires : le modèle des structures divisionnalisées de Mintzberg (1979) qu’a complété Romelaer (1996) et la classification des multinationales de Perlmutter (1984). Une confrontation de ces deux cadres conceptuels avec les cas de six multinationales a été réalisée afin de voir s’ils suffisent à appréhender dans sa globalité la relation siège-filiales de ces six grands groupes internationaux.
Or, cette recherche montre que ces modèles se retrouvent dans ces six multinationales : certains de ces groupes ont une organisation qui rejoint totalement un des types de multinationales présentées dans ces travaux, d’autres se situent à l’intersection entre deux catégories. La confrontation systématique entre les données recueillies et les modèles nous permet de considérer que le cadre théorique retenu est une grille d’analyse performante de la relation siège-filiales.
Cette recherche montre également l’impact de neuf éléments ignorés par ces cadres théoriques mais qui permettent de comprendre toute la complexité de la relation siège-filiales prise dans sa globalité : 1) le développement des compétences dans le sens siège-filiales ou dans les deux sens, 2) la constitution de réseaux personnels, 3) la légitimité, 4) la justice procédurale, 5) l’organisation des
relations inter-filiales par le siège, 6) la mise en place de systèmes de contrôle interactifs, 7) une fixation mixte des objectifs (classiques et ambitieux), 8) la gestion des conflits avec le rôle de la formalisation et de l’arbitrage d’un « parrain », 9) l’utilisation de l’expatriation due à un manque de compétences des filiales associé à un contrôle direct par le siège ou à un besoin de socialisation.
Auteur
Frédéric LE ROY
Résumé
De façon paradoxale, le concept de guerre des prix est très présent dans les discours des dirigeants et peu étudié en sciences de gestion. Les rares articles qui lui sont consacrés sont plutôt à destination des managers, dans une approche normative qui revient à dénoncer les guerres de prix pour leurs effets destructeurs sur la rentabilité des industries. En sciences économiques, les recherches sont centrées sur les déterminants des guerres des prix. Trois types de modèles sont développées : les modèles fondés sur l’imperfection de l’information, les modèles cycliques et les modèles fondés sur l’apprentissage.
L’étude de ces recherches antérieures montre donc que la question des implications des guerres des prix pour les firmes en concurrence est rarement étudiées. Cette recherche se propose alors de mieux comprendre les effets de la guerre des prix dans un secteur en dissociant les effets sur l’industrie des effets sur chacune des firmes de l’industrie. La question posée est précisément la suivante : dans quelle mesure et sous quelles conditions une guerre de prix peut-elle être payante pour une ou plusieurs firmes de l’industrie ?
La méthode consiste à étudier un cas de façon approfondie, soit la guerre des prix qui s’est déroulée dans le secteur de la conserve de légumes en France dans les années 1990. Deux entreprises apparaissent clairement « perdantes » dans cette guerre, Boutet Nicolas et Avril, qui disparaissent comme entités autonomes. Inversement, la Cecab et le Groupe Bonduelle apparaissent comme les grands « vainqueurs », et affichent des performances économiques et financières en très forte hausse à l’issue du conflit. Il est donc possible, pour le cas étudié, d’affirmer que « la guerre des prix paie. »
Quatre conditions semblent dans le cas étudié, permettre la réussite de la guerre des prix : 1) l’asymétrie croissante entre les capacités de production des différents opérateurs, 2) la sensibilité au volume, 3) l’absence d’entrants potentiels et 4) la constitution d’un duopole concerté. Le duopole apparaît ainsi comme un état souhaitable et souhaité par les leaders de marché, relativement à une situation de quadriopole qui se traduit par une tendance chronique à la guerre des prix. En dernière analyse, il conviendrait de continuer à s’interroger sur les conditions dans lesquelles la guerre des prix est une manoeuvre stratégique qui peut être payante.
Auteurs
Valérie LEROUX
Loïc SAUVEE
Résumé
L’objectif de cette communication est de proposer un cadre d’analyse de l’évolution des relations partenariales. Ce cadre d’analyse est centré sur les dimensions interactives au sein de la relation modélisée comme système social complexe.
Dans un premier temps nous proposons une revue de la littérature consacrée à ce sujet de la dynamique partenariale pour en dégager les principales caractéristiques. Nous distinguons ainsi deux courants majeurs. Le premier courant privilégie l’étude des facteurs explicatifs influençant la relation partenariale : son évolution apparaît ainsi conditionnée par l’existence d’éléments endogènes et/ou exogènes. Le second courant met l’accent sur la dimension systémique de la relation : celle-ci est alors vue comme ayant sa logique propre et son évolution peut être éclairée par une étude de la nature des forces à l’oeuvre.
Dans un second temps nous précisons les bases conceptuelles de notre cadre d’analyse, en relation
avec ces travaux. Nous considérerons que la relation partenariale constitue un système social complexe, où les interactions entre individus, organisations et éléments contextuels sont à l’origine des modifications dans la structuration de la relation. Par nature non prédictive, cette évolution peut néanmoins être éclairée en considérant le processus par lequel les individus et les organisations construisent, par leurs interactions constantes, la structure et sont en retour modelés par elle. Pour ce faire, notre cadre d’analyse se compose de deux étapes complémentaires. La première étape fait référence aux éléments structurants du système partenarial : mode de pilotage de la relation d’une part, relations individu/organisation d’autre part. Cette identification d’éléments structurants est à la base d’une définition de six formes archétypales de relations partenariales. Dans une seconde étape, nous proposons une grille de lecture des interactions fortes au sein du système partenarial. Ces interactions sont regroupées en familles de phénomènes liant entre eux les éléments de la structure : interactions interindividuelles, interactions inter-organisationnelles, interactions liées au contexte.
Dans un troisième temps nous appliquons ce cadre d’analyse à une relation partenariale entre un producteur agricole et un grossiste. Cette relation se déroule sur une période de 12 années. De sa mise en place jusqu’à sa dissolution, cette elle passe par une suite d’évènements qui en modifie la structure. Le cadre d’analyse proposé permet de mieux comprendre son évolution. Il met notamment en évidence la dimension interactive forte du phénomène partenarial, son caractère mouvant, contingent et aléatoire, ainsi que l’importance des dimensions individuelles et contextuelles dans son devenir.