Auteur
Bernard LECA
Résumé
Un nombre croissant de travaux étudie le changement institutionnel. Ils insistent sur la nécessité de distinguer entre changement exogène et changement endogène, ainsi que sur la nécessité de prendre en compte le contexte – i.e. le niveau de structuration du champ. La situation où le changement institutionnel semble le plus délicat est celle d’un changement endogène dans un champ structuré.
Greenwood, Suddaby et Hinings (2002) suggèrent que dans ce cas l’entrepreneur institutionnel doit obtenir le soutien des membres dominants du champ.
Dans cet article j’étudie le cas d’un entrepreneur institutionnel qui n’obtient pas le soutien des membres dominants du champ. Alors que la quasi-totalité des membres dominants du champ – i.e. l’agence publique de régulation, les associations et les syndicats professionnels y étaient opposés le changement institutionnel a fini par s’imposer. Cette étude suggère que pour expliquer ce type de changement il faut analyser les champs organisés comme ‘emboîtés’ (nested) dans des ensembles plus vastes où d’autres arrangements institutionnels existent, que l’entrepreneur institutionnel peut utiliser afin d’imposer un changement institutionnel dans le champ.
Auteur
Pascale LEPERS-VERWAERDE
Résumé
Les entreprises subventionnées de spectacle vivant sont depuis des siècles, des organisations fortement dépendantes en termes d'accès aux ressources, c'est-à-dire qu'elles doivent acquérir et entretenir des ressources dont elles n'ont pas le contrôle total et pour l'obtention desquelles elles dépendent d'autres organisations qui constituent leur environnement (Pfeffer et Salancik, 1977).
Elles sont donc soumises à un contrôle externe exprimant une certaine logique institutionnelle propre au champ organisationnel auquel elles appartiennent.
En raison de leur complémentarité, les approches théoriques de la dépendance en ressources et néoinstitutionnelle ont été mobilisées pour analyser les comportements stratégiques adoptés lors de la
reconfiguration du champ organisationnel. La thèse soutenue est que les changements réglementaires imposés aux entités, représentant une forme de coercition légale, déclenchent une attitude de résistance pour ralentir le processus de mise en oeuvre. Cette coercition fournit à un groupe très varié, réputé pour son individualisme, une opportunité de cohésion. En effet, lorsque leur avis est sollicité, l'attitude traditionnelle des entités est de contribuer à la réflexion sur le changement, tout en veillant à ce que leurs acquis soient préservés. Désormais, elles ont pris le parti de résister collectivement à certains changements réglementaires qui participent de leur devenir, en faisant valoir les valeurs qui les caractérisent.
S'appuyant sur une étude exploratoire auprès de trente et une entreprises subventionnées de spectacle vivant, et s'inspirant du cadre institutionnel proposé par Oliver (1991), l'objectif de cet article est d'apporter des facteurs explicatifs des comportements des entités artistiques et de leurs stratégies d’adaptation face aux décideurs publics. Dans un système en mutation, les réponses qu'elles apportent aux différents types de pressions peuvent être, suivant les enjeux, aussi bien collectives qu'individuelles. Si leurs comportements sont marqués par un certain déterminisme et si les entreprises subventionnées de spectacle vivant ne possèdent pas la maîtrise totale de leur
évolution, elles veulent y contribuer.
Auteur
Joanne M.ROCH
Résumé
Définie comme une stratégie de croissance permettant de mettre à profit un surplus de ressources et d’exploiter des opportunités, la diversification n’a pas généré que des performances positives. Au cours des années 1980, un double courant de recherche a émergé, le premier, attribuant au concept de «relatedness » une dimension avant tout subjective (Prahalad et Bettis, 1986). Un second courant accordant une importance dominante au processus d'intégration.
Notre recherche longitudinale intègre ces deux dimensions puisque, à travers l'analyse d'un cas de diversification reliée, elle identifie le principal défi associé à l'intégration comme étant la réconciliation des schèmes mentaux qu'entretiennent les acteurs des organisations en présence.
De façon à caractériser la teneur des représentations collectives propres à chacune des organisations en contexte d’intégration, le schème d’analyse retenu fut celui des Économies de la Grandeur proposé par Boltanski et Thévenot, 1991.