Auteurs
Nathalie CLAVEAU
Martine SEVILLE
Résumé
Afin de limiter les effets induits par la révélation de mauvaises pratiques, il est généralement
proposé aux entreprises de mettre en place un dispositif pour appréhender en interne les cas de
tireurs de sonnettes d’alarme (lanceurs d’alerte ou whistle-blowers). Les auteurs proposent de
décadrer et de dépasser les approches traditionnelles du phénomène des tireurs de sonnette
d’alarme (TSA) et d’étudier la pertinence d’une politique plus ambitieuse pour la gestion des TSA.
Tout en intégrant les préoccupations légales, pratiques, éthiques et économiques qu’impose la
résolution des problèmes posés par les TSA, ils suggèrent que la gestion des tireurs de sonnette
d’alarme soit plus largement articulée à certaines préoccupations de management stratégique de
l’organisation (gestion de la légitimité, des risques, problèmes de contrôle et de gouvernance). En
interrogeant les instrumentations possibles des TSA, ils concluent qu’il n’existe sans doute pas une
mais plusieurs politiques possibles des TSA dans les organisations. Ce faisant, ils identifient un
certain nombre de facteurs de contingence (métier et mission de l’entreprise, importance des
externalités négatives, contexte de contestabilité, ouverture à la dissidence, prégnance des modes de
contrôle traditionnels…) et suggèrent simultanément l’existence de marges de manoeuvres pour les
dirigeants.
Auteur
Marc LASSAGNE
Résumé
La gestion des risques industriels a jusqu’à présent fait l’objet de nombreux travaux, en sciences de gestion et dans d’autres champs disciplinaires, qui pour la plupart d’entre eux ne la considèrent cependant que de manière partielle ou périphérique, sans réellement prendre en compte son impact sur l’ensemble de la politique d’entreprise. L’objet de cet article est justement de resituer la gestion des risques industriels dans une perspective globale, et plus précisément en analysant les liens qu’il est possible de lui trouver avec le management stratégique, par l’examen des motivations qui gouvernent les pratiques de prévention. Après avoir posé un cadre théorique général a priori qui s’appuie sur l’analyse du poids de la réglementation, des motivations économiques, de la pression des parties prenantes et de l’éthique du dirigeant, nous présentons l’état d’avancement d’une étude de cas portant sur la gestion de la sécurité des armateurs français, qui s’appuie sur une série d’une quarantaine d’entretiens faisant notamment appel à l’utilisation de tests projectifs dans le cadre de la méthode dite des scénarios de Reynaud (2001, in Finance-Contrôle-Stratégie, vol. 4, n°2). Nous faisons ici état de nos conclusions provisoires suite aux premières analyses des données au regard des quatre dimensions des motivations des pratiques de prévention des risques que nous avons mises en évidence sur un plan théorique. Au total, les apports de cet article peuvent se résumer dans le traitement d’une question de recherche qui n’a jusqu’à présent fait l’objet que de peu d’attention, dans le choix d’un terrain original et d’actualité, et dans l’emploi de méthodes de recherche encore peu employées pour gérer la sensibilité de ce terrain.