Les microfondations se réfèrent à l'examen des processus, des structures, des comportements des individus et leurs interactions qui influencent les décisions et les résultats organisationnels (Felin et Foss, 2005 ; Felin et al, 2012). Cette approche, est devenue de plus en plus influente dans la recherche en management stratégique (Ben Selma et al, 2024; Hock-Doepgen et al, 2025; Palmié et al, 2023; Foss et Pederson, 2016). Elle cherche à comprendre comment les actions et les interactions au niveau micro (ex profil de l’individu) conduisent à des résultats au niveau macro (par exemple, organisationnel). Cette approche a été mobilisée dans plusieurs recherches qui offrent des éclairages sur les fondements du management stratégique de l’innovation (Ben Selma et al, 2024, Hock-Doepgen, 2025, Meegan et Allen, 2022 ; Fallon-Byrne et Harney, 2017 ; Palmié et al, 2023) ; de l’internationalisation (Chebbi et al, 2023 ; Santangelo et al, 2024; Ambos et al, 2025), de l’ambidextrie organisationnelle (Martin et al, 2017 ; Tarba et al, 2020 ; Huang et al, 2021), du changement (Laureiro-Martínez et al, 2015), de la capacité d'absorption (Lewin, 2011), RSE (Pacheco, et al, 2018) et plus généralement, les capacités dynamiques (Laviolette, 2019; Teece, 2007, Altintas, 2020 ; Altintas, 2023 ; Hock-Doepgen, et al, 2025) et les décisions stratégiques au sein des organisations. En effet, plusieurs études se sont concentrées sur les caractéristiques individuelles, telles que la motivation (Jansen et al., 2009) et les capacités cognitives des individus dans le développement de capacités de niveau supérieur (Duran et al., 2022 ; Adner & Helfat, 2003). Ainsi, Adner et Helfat (2003) soulignent l'importance de trois caractéristiques managériales : le capital humain (expérience du manager), le capital social (réseau du manager) et la cognition managériale (modèle mental servant de base à la prise de décision). Par ailleurs, plusieurs chercheurs ont mis en avant l'importance de la structure organisationnelle (par exemple, l'agilité) en tant que microfondement de l'innovation sociale (Vézina et al., 2019) et de l'internationalisation (Chebbi et al., 2023 ; Neesen et al., 2019). Concernant la responsabilité sociale des entreprises (RSE), Borah, Dogbe et Marwa (2025 : 912) proposent le concept de capacité dynamique verte, qui « désigne la capacité d'une entreprise à s'adapter et à prospérer dans un environnement commercial en constante évolution, tout en priorisant la durabilité et la responsabilité environnementale ». Dans cette perspective, Borland et al. (2016) ont fait progresser la littérature sur les microfondements des capacités dynamiques en matière de durabilité écologique en proposant deux nouveaux composants des capacités dynamiques en plus de la détection, de la saisie et de la transformation : la reconfiguration et la récolte (Borland et al., 2016). Ainsi, ce n'est que récemment que les chercheurs ont commencé à examiner les antécédents de la RSE (Gond et al., 2017 ; Pacheco et al., 2018), tels que l'engagement des dirigeants et les valeurs individuelles (Muller & Kolk, 2010). Malgré le développement des recherches sur les microfondations en management stratégique, les enseignements restent limités. D’une part, certains chercheurs soulignent que la perspective offerte par cette approche est très centrée sur l’individu (Wang et al, 2021). Ce dernier est considéré comme le niveau fondamental d'analyse (Felin et Foss, 2005) et explore la manière dont son comportement contribue à la conception et à la mise en place des différentes décisions stratégiques dans une organisation. D’autres chercheurs ont également reconnu l’importance des interdépendances entre les individus et les organisations (Palmié et al, 2023). Ils soulignent que le niveau “micro” du paradigme des microfondations “ne doit pas se limiter aux individus, mais peut englober les acteurs collectifs” (Foss & Pedersen, 2016). D’un autre côté, la littérature identifie des défis majeurs reliés à la conceptualisation, ainsi qu’à des questions méthodologiques (le niveau d’analyse, la question de la causalité, la réconciliation entre concepts individuels et collectifs et l’agrégation du niveau micro vers le niveau macro). Enfin, malgré le potentiel démontré par l’approche des microfondations pour faire progresser nos connaissances sur les fondements des décisions stratégiques, les appels actuels alertent sur les risques de fragmentation (Raffaelli et al., 2019). Ce n spécial vise à combler ce gap en reliant les différentes perspectives des microfondations en stratégie. Cela revient à développer de nouvelles connaissances sur les antécédents, les mécanismes, les processus, et les pratiques ayant un impact sur la fabrique de la stratégie. Il est ainsi important de mieux comprendre le développement de la stratégie, sa transposition dans des processus cognitifs qui mobilisent de façon articulée des structures et des individus. Ce numéro spécial a donc pour ambition de :
Ces objectifs soulèvent plusieurs questions de recherche auxquelles ce numéro spécial ambitionne de répondre : Plus particulièrement, cet appel vise à répondre aux questions suivantes :
Les chercheurs intéressés sont invités à soumettre leurs contributions sur les sujets suivants, entre autres :
Mots clés : microfondations – décisions stratégiques – comportement individuel structure – processus - dynamiques organisationnelles, stratégie de croissance.
Les soumissions doivent être soumises via le site de la revue M@n@gement à l’adresse suivante : https://management-aims.com/index.php/mgmt/about/submissions
Les auteurs devront choisir l’intitulé du numéro spécial comme section à laquelle ils soumettent. Il est important par ailleurs de préciser dans la lettre d’accompagnement, si vous souhaitez postuler à la section ‘articles de recherche originaux’ ou ‘business voice’ ou ‘essais’.
Date de soumission au numéro spécial: 30 janvier 2026
Les auteurs envisageant de soumettre un article à ce numéro spécial auront l'opportunité de participer à l'atelier de développement de papiers dédié au numéro spécial. Cet atelier, qui aura lieu en ligne, sera organisé le 22 octobre 2025. Les auteurs qui soumettront leurs articles (article déjà abouti ou abstract long de 2-3 pages) à l’atelier pourront ainsi présenter leurs recherches, recevoir des retours quant à la pertinence de leur article pour le numéro spécial et utiliser ces commentaires pour améliorer leur travail avant sa soumission finale en janvier 2026. La participation à l’atelier n’est pas obligatoire pour la soumission au numéro spécial. Envoi de l’intention de soumission pour l'atelier (article complet ou résumé long de 2 à 3 pages) à l’adresse suivante : ben_selma.majdi@uqam.ca avant le 1er octobre 2025
Majdi Ben Selma - ben_selma.majdi@uqam.ca
>> Programme (pdf) |
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