AIMS

Séminaires 'Manager les pratiques épistémiques dans les organisations' - Programme 1er semestre 2020 - du 22 Janvier 2020 au 27 Mai 2020 - ESCP PARIS

Programme
Mercredi 22 janvier 2020, entre 14h et 16h, campus Montparnasse (salle 4048) :
Hugo Mercier (Institut Jean Nicod), « Pas nés de la dernière pluie. Pourquoi les humains sont moins crédules qu'on ne le pense ». Répondant : Hervé Laroche (ESCP).
Mercredi 5 février 2020, entre 16h et 18h, campus Montparnasse (salle 4048) :
Hervé Dumez (CRG, Ecole polytechnique), « Sur les rapports entre connaissance et action ».
Mercredi 4 mars 2020, entre 16h et 18h, campus République (salle 4110) :        
François Claveau (Université de Sherbrooke), « Épistémologie de l'urgence humanitaire : comparaison des approches classiques et numériques durant la crise népalaise de 2015 ». Répondant : Erwan Lamy (ESCP).
Mercredi 11 mars 2020, entre 16h et 18h, campus Montparnasse (salle 4048) :               
Marion Genaivre (agence de philosophie Thaé), « Processus de décision éclairé : un retour d'expérience en philosophie pratique. »
Mercredi 25 mars 2020, entre 16h et 18h, campus Montparnasse (salle 4048) :               
Adélaïde de Lastic (PHIL & YOU et Institut Jean Nicod), « Une approche philosophique de la qualité. « Sous les pavées des process, la plage du tacite » ».         
Mercredi 22 avril 2020, entre 16h et 18h, campus République (salle 4110) :       
Gloria Origgi, « Les outils d'une confiance raisonnée ». Répondant : Christian Walter (FMSH, chaire Éthique & finance).
Mercredi 6 mai 2020, entre 16h et 18h, campus République (salle 4110) :          
Alban Bouvier (Institut Jean Nicod), sur la théorie de l'argumentation (titre de l'intervention à préciser).
Mercredi 20 mai 2020, entre 16h et 18, campus République (salle 4110) :          
Elise Berlinski (ESCP), sur l’intelligence artificielle (titre de l'intervention à préciser).
Mercredi 27 mai 2020, entre 16h et 18h, campus République (salle 4110) :        
Jean-Michel Dalle (Agoranov), sur les PME innovantes (titre de l'intervention à préciser). Répondant Romain Buquet (ESCP).
Ce séminaire est ouvert à tous : étudiants, chercheurs, professionnels ou simples curieux ! En raison des mesures de sécurité en vigueur toute personne extérieure à l'ESCP doit s’inscrire au moins 48h à l’avance auprès d'Erwan Lamy (elamy@escpeurope.eu).
Argument
Comment justifie-t-on collectivement qu’une information est fiable, suffisamment proche et solidaire du vrai, que l’on n’a pas à faire à du « bullshit » ou des fake-news ?
Les fake-news, le « bullshit » ou la post-vérité ne menacent en effet pas seulement les démocraties. Les organisations sont également concernées. Chaque jour, entrepreneurs, dirigeants et managers doivent prendre leurs décisions en s’appuyant sur des informations fiables. Que cette fiabilité se dégrade, et c’est tout le processus de prise de décision qui est fragilisé, et donc l’organisation elle-même. Il importe donc de s’assurer de la fiabilité des informations que l’on emploie, en interne comme en externe.
Il existe sur cette question une littérature considérable, et un très grand nombre d’heuristiques visant à maximiser cette fiabilité. Mais le plus souvent, cette littérature et ces heuristiques s’arrêtent aux aspects procéduraux ou techniques du problème. Or la fiabilité, cela ne dépend pas seulement d’un bon système d’information, ou d’une bonne procédure qualité. Elle dépend des manières dont l’organisation, dans son ensemble, justifie cette information.
L’objectif de ce séminaire est de mieux comprendre les diverses formes de cette justification, son importance pour les organisations (aussi bien en leur sein qu’entre elles), et comment cet effort collectif vers le vrai ou le fiable peut être optimisé. Il est ensuite de sensibiliser les dirigeants et les managers comme les chercheurs en sciences de gestion aux différents aspects de cette thématique, et d’en montrer tant l’intérêt théorique que pratique. Il est enfin et surtout de produire des instruments utiles à chacun.
Les philosophes de la connaissance (les « épistémologues ») parlent de justification « épistémique » à propos de cette sorte de justification, et la distinguent des justifications pratiques ou éthiques ou de la notion de légitimité sociale. Une assertion peut être incorrectement justifiée du point de vue de sa vérité, tout en étant socialement légitime et justifiée sur le plan de son utilité ou de sa moralité. La justification qui nous occupe, c’est la manière dont les individus, au sein d’une organisation, apportent la preuve qu’une affirmation est vraie. Notre inspiration vient de Knowledge in a Social World, d’Alvin Goldman, non pas de De la Justification de Luc Boltanski et Laurent Thévenot.
Mais il s’agit moins de prouver que l’on est exactement dans le vrai, que de montrer que l’on ne s’en éloigne pas trop, que l’effort collectif vers une information « suffisamment » vraie est correctement organisé. Cela peut aller de la démarche la plus élémentaire (consulter un état des stocks pour vérifier la présence d’un produit, par exemple), à la plus complexe (par exemple structurer une centrale nucléaire pour éviter les erreurs). Ce sont ces pratiques qui seront discutées dans ce séminaire.
Ces objectifs ne seront pas servis en en restant à un dialogue académique. Le point de vue concret des dirigeants et des managers doit être au cœur des réflexions. C’est pourquoi ce séminaire fera se rencontrer des praticiens et des chercheurs, issus tant des sciences de gestion que de l’épistémologie. Pas pour que les seconds apportent des réponses théoriques toutes faites aux problèmes de justification de la fiabilité que pourraient rencontrer les premiers, mais pour penser ensemble des solutions.

Erwan Lamy - elamy@escpeurope.eu
>> Programme (docx) Picto_doc