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Communications par thème

Thème : Fondements
Action et connaissance en management : une exploration épistémologique des 100 best-sellers de la Harvard Business Review

Auteur

Noël Martin X.

Résumé

Problématisant le management sous un angle épistémologique, cette recherche vise à apporter une réponse à la question suivante : « Qu’est-ce que le savoir en management ? ». Afin d’élaborer un élément de réponse à cette interrogation et après avoir brièvement passé en revue les principales manières d’appréhender la question, la recherche dérive de ces dernières un cadre théorique visant à faire valoir que le savoir en management se situe aux croisements de quatre types de règles d’action et de quatre projets de connaissances. Ainsi, sous l’angle des théories de l’action le management est un savoir marqué par quatre types de règles : instrumentale, axiologique, conventionnelle et déterminante. En outre, sous l’angle des théories de la connaissance, le management est un savoir se rapportant à quatre projets épistémologiques : normatif, critique, idéographique et nomothétique. Du caractère indissociable et mutuellement structurant de l’action et de la connaissance est proposé une option de recherche dont le volet empirique s’intéresse à ce qui peut être considéré comme un des fers de lance du savoir en management, incluant le management stratégique : les 100 articles best-sellers de la Harvard Business Review. Ceux-ci, largement re-commandés sous forme de tirés à part après une première publication dans les pages régulières de la revue, font ici l’objet d’une analyse de contenus dont quelques marques sont présentées. Ce traitement permet en effet d’identifier les règles d’action et projets de connaissance constituants et constitutifs de ce qu’est le savoir en management, dans l’intégralité du texte de ces best-sellers. Mettant en relief une double logique d’hybridation et de médiation au centre de laquelle le projet normatif et la règle instrumentale se conjuguent pour échaffauder une praxéologie, ou « grammaire » de l’action efficace, le volet empirique de la recherche décortique ainsi les manières dominantes de construire le savoir en management, pour en proposer une représentation étayée théoriquement. Qui plus est, cette centralité du domaine praxéologique se prolonge en un embrayeur d’action et de connaissance, dont le management semble avoir fait sa spécialité. Ce construit, ainsi que les logiques qui y président, sont par la suite discutés, témoignant ainsi du caractère relativement implacable d’un embrayeur praxéologique que rien ne paraît désormais pouvoir freiner.

Thème : Fondements
De : Maton Eric
Analyse de deux formes schématiques utilisées dans la formulation de la stratégie : le plan et la carte

Auteur

Maton Eric

Résumé

Cet article se propose d’analyser une notion souvent utilisée mais peu étudiée alors qu’elle constitue une ressource essentielle pour la formulation de la stratégie, à savoir le schéma. Après avoir défini en introduction les propriétés des schémas, dans une première partie nous mettons en évidence des liens entre pensée à l’aide de schémas et pensée stratégique. Dans une deuxième partie, nous nous intéressons à deux types de schémas souvent mobilisés mais à des périodes différentes : le plan et la carte. Notre analyse repose en particulier sur une étude de la Harvard Business Review.

Thème : Fondements
Comment vêtir sa blouse blanche lorsque l’on est gestionnaire ? Mise en place de l’expérimentation en sciences de gestion

Auteurs

Heraud Jean-Mathias

Michel Hélène

Résumé

Cette recherche est un travail d’étape. Elle propose un cadre de réflexion pour la mise en oeuvre des méthodes d’expérimentation en sciences de gestion à travers une étude de la littérature et l’analyse de trois protocoles d’expérimentation. Outre une prise de position autour des trois variables suggérées par la littérature en économie et psychologie (le recours ou non à la rétribution financière, l’utilisation ou non de la tromperie et la contextualisation/ acontextualisation) nous suggérons de prendre en compte sept questionnements pour structurer le cheminement de la réflexion : Définition de la problématique, évaluation de la pertinence de l’expérimentation, définition des variables opérationnelles et perturbatrices, Pré-test, expérimentation (ne pas rétribuer financièrement, Mentir uniquement temporairement, contextualiser en utilisant des marqueurs sociaux forts, faire appel à un expert externe, séquencer les activités en les alternant), débriefing, analyse avec l’aide d’un expert externe et projection vers une nouvelle expérimentation.

Thème : Fondements
Des connaissances actionnables aux théories universelles en sciences de gestion

Auteurs

David Albert

Hatchuel Armand

Résumé

Dans certaines formes classiques de recherche en sciences sociales, les chercheurs essaient de généraliser d’un échantillon représentatif à une population plus large. Ce processus perd de son utilité si l’on étudie une innovation managériale à son tout début. Nous devons alors privilégier une approche qui permette de rendre compte de la connaissance actionnable produite au moment même où des pratiques et des théories de management sont inventées. Cet article vise à proposer un cadre d’analyse permettant de mieux comprendre la contribution de la recherche en management à la production d’une connaissance actionnable et au processus de passage de cette connaissance actionnable à une théorie universelle. Après avoir caractérisé le management comme « pratique » et défini les notions de « modèle de management », « connaissance actionnable » et « théorie universelle », nous opérons une distinction (1) entre les phases de découverte et de validation dans la conception des modèles de management et (2) entre les contributions respectives de l’académie et des organisations à chacune de ces phases. Le croisement de ces deux dimensions génère quatre situations idéal-typiques d’une collaboration entre académie et organisations : dans la première, les chercheurs et les acteurs, sur le terrain, découvrent/inventent un nouveau modèle de management et créent la théorie qui donne au modèle sa valeur universelle ; dans la seconde, les chercheurs découvrent/inventent, au sein de l’académie, un nouveau modèle de management qui pourrait être rendu actionnable dans certains contextes de management ; dans la troisième, les chercheurs créent la théorie qui donne une valeur universelle à un modèle déjà découvert/inventé par des organisations pionnières et dans la quatrième, les chercheurs travaillent à commenter, comparer, tester ou améliorer un modèle de management qui a déjà été découvert/inventé et validé et pour lequel la théorie universelle adéquate a déjà été formulée. Nos conclusions sont doubles : (1) au stade de la découverte, le chercheur doit être capable à la fois de capturer le modèle sous sa forme actionnable et de créer la théorie qui donne au modèle sa valeur universelle ; (2) seule une approche collaborative de la recherche en management, en partenariat avec des organisations pionnières, permet aux chercheurs d’espérer produire conjointement les formes actionnable et universelle de nouveaux modèles de management.

Thème : Fondements
Dynamique des systèmes et modélisation en groupe : Analyse des cadres opératoires

Auteur

Bérard Céline

Résumé

L’objectif principal de cet article est d’analyser les cadres opératoires proposés dans la littérature en dynamique des systèmes, qui permettent de guider la conduite des projets de modélisation en groupe.
La dynamique des systèmes est une technique de modélisation et de simulation, qui favorise une meilleure compréhension des systèmes complexes et qui vise à supporter les processus décisionnels. De nombreux projets de modélisation utilisant la dynamique des systèmes ont été entrepris à ce jour pour résoudre des problématiques managériales et il peut être noté l’intérêt grandissant pour les projets de modélisation réalisés en groupe. En effet, il est de plus en plus suggéré que les différents intervenants, tant les chercheurs spécialisés sur une partie ou l’ensemble du système que les acteurs du système, devraient être directement impliqués dans le processus de modélisation. Cependant, il est particulièrement difficile d’avoir une vision globale de la démarche à suivre pour réaliser un projet de modélisation en groupe, en vue de représenter un système selon l’approche de la dynamique des systèmes. Par ailleurs, la précision et la documentation des projets de modélisation en groupe restent sommaires. De ce fait, les experts en dynamique des systèmes se posent souvent la question de savoir comment procéder pour réaliser un projet de modélisation en groupe.
Afin d’obtenir une vision globale des travaux de recherche d’ordre méthodologique relatifs à la modélisation en groupe par la dynamique des systèmes, cette recherche a conduit d’une part à l’identification des cadres opératoires clés et d’autre part, à leur classification en vue de leur analyse. Une grille d’analyse des cadres a donc été élaborée. Celle-ci s’est basée sur les travaux de Sterman (2000) et d’Andersen et al. (1997), et a permis de proposer une classification en fonction de deux composantes structurelles et de cinq composantes processuelles. En ce qui concerne la méthode de sélection des cadres opératoires pertinents pour cette recherche, une analyse systématique de la littérature a été effectuée. Les cadres sélectionnés ont été étudiés en profondeur, puis classifiés au regard des dimensions structurelle et processuelle.
L’analyse de ces différents cadres révèle que très peu de cadres opératoires adoptent une vision globale des projets de modélisation en groupe utilisant la dynamique des systèmes et qu’ils ne combinent que rarement les aspects à la fois structurels et processuels. Par ailleurs, les aspects structurels souffrent d’un manque de support méthodologique. En ce qui concerne plus spécifiquement les aspects processuels, la modélisation qualitative est davantage traitée dans la littérature que la modélisation quantitative. De plus, trois enjeux principaux sont suggérés par cette recherche, soit la complexité de l’élicitation des connaissances, la complexité de l’obtention de consensus au sein d’un groupe et l’importance cruciale des aspects de facilitation.

Thème : Fondements
Fabriquer des stratèges ordinaires : les dilemmes d’une posture managériale

Auteurs

Besson Patrick

Mahieu Christian

Résumé

Redéfinir l’engagement du management intermédiaire dans le processus stratégique est perçu comme essentiel pour réarticuler le temps de l’organisation et les temps des marchés. Après avoir établi l’importance du management intermédiaire dans le processus stratégique, la recherche se mobilise pour en analyser les pratiques, ou, tout au moins, pour préciser les conditions théoriques et méthodologiques de cette analyse. Mais, elle demeure relativement silencieuse sur la double transformation des activités menées au titre de la stratégie et des managers en stratèges. Comment cette posture stratégique du management intermédiaire se fabrique-t-elle ? Cette problématique soulève deux questions de recherche, traitées par cette communication. La première question concerne la notion de posture. La recherche manipule des notions de compétence, de rôle, de capacité, parfois d’identité, mais pas de posture. On perçoit confusément que cette notion de posture implique des compétences, de la construction identitaire, des jeux de rôles mais on perçoit également qu’il y a quelque chose qui va au-delà. Une sorte de dimension systémique et dynamique de l’action stratégique qui échappe aux catégories élémentaires en usage. Nous la définirons comme une attitude mentale rationalisée à l’égard d’une situation d’action stratégique spécifiée. Dans la seconde partie de cette communication, nous traiterons la question du processus par lequel la posture se construit. Comment un acteur change-t-il de posture, comment amène-t-on le management intermédiaire à prendre la posture stratégique ? Pour répondre à cette question nous nous appuierons sur les pratiques d’entreprises. Le fait que la recherche n’ait que peu exploré la question du processus de transformation n’a, bien entendu, pas empêché les entreprises d’expérimenter des approches originales. En nous appuyant sur ces approches, nous montrerons le rôle transformateur que joue le dialogue stratégique dans le processus de construction des managers intermédiaires en stratège ordinaire.

Thème : Fondements
La fabrique du budget Quelle mise en relation de l’organisation ?

Auteur

Fauré Bertrand

Résumé

L’objet de cet article est d’enrichir la compréhension des processus communicationnels par lesquels les outils de gestion et les systèmes comptables contribuent à la structuration des organisations. Il s’inscrit dans le champ théorique des études en communications organisationnelles selon lesquelles une organisation est un système de relations qui émerge, se reproduit et se transforme à travers la réalisation d’actes de communication. Il s’appuie notamment sur le modèle conversation texte de l’organisation développé par le canadien J. Taylor. A caractère ethnographique, l’étude a porté sur la circulation des multiples documents internes qui alimentent la construction des budgets prévisionnels et réalisés des chantiers dans deux filiales d’une entreprise de BTP ainsi que sur les situations de communication auxquelles l’élaboration de ces documents donne lieu. Soumises à de nombreuses régulations, cette « fabrique de budget » est un travail à part entière, standardisé, divisé et planifié, qui mobilise de nombreux acteurs aux objectifs, aux langages et aux rationalités différentes. Les processus de traduction, confrontation, mise en cohérence du texte budgétaire - un système de documents hybrides, multi supports et pluri adressés - donnent lieu à de multiples communications formelles et informelles, hiérarchiques et fonctionnelles, écrites et orales. L’enjeu est de construire un sens partagé autour de l’information produite. Cependant, ce sens ne se révèle pas automatiquement mais doit être construit/déconstruit/reconstruit à travers de multiples communications formelles et informelles. L’analyse d’interactions de face à face lors des réunions de contrôle budgétaire permet de mettre en évidence certaines propriétés organisantes des communications gestionnaires, la façon dont elles construisent un certain ordre relationnel dans l’organisation. En définissant les objets pertinents à chiffrer, ces communications contribuent à légitimer le cadre organisationnel dans lequel ce chiffrage à du sens. Ressource discursive de plus en plus importante dans les communications au travail, les outils de gestion apparaissent alors comme un vecteur important de diffusion d’un nouveau modèle d’autorité et de responsabilité performativement construit.

Thème : Fondements
La recherche action : oubliée des cadres opératoires dans le domaine de l'entrepreneuriat

Auteur

Jouison Estèle

Résumé

La recherche action est une méthode qualitative visant à résoudre un problème concret d’entreprise au travers de l’action volontaire d’un chercheur dans une organisation ayant accepté son intervention. Mal connue d’un certain nombre de chercheurs, un état de l’art des méthodes de recherche en entrepreneuriat révèle qu’elle n’a quasiment pas été, jusqu’à présent, mobilisée et ce, en dépit de ses nombreuses qualités.
Tout en rappelant les fondements de cette méthode d’investigation scientifique par le biais d’une revue de littérature approfondie, l’objectif de ce papier est de souligner que cette « absence » de la recherche action est plus le fruit d’un « oubli » que d’une réelle non-pertinence de la méthode au regard des enjeux de la recherche en entrepreneuriat.
Des éléments pouvant expliquer la non mobilisation de cette méthode et des arguments en sa faveur sont développés dans le contexte spécifique de la création d’entreprise.
A titre illustratif, le papier s’achève sur la présentation des premières étapes d’une démarche de recherche action déployée auprès de porteurs de projet.

Thème : Fondements
La relation pratiques religieuses-pratiques managériales : une approche historique

Auteur

de Vaujany François-Xavier

Résumé

Aux côtés de l'armée, les premières organisations ont été, pour beaucoup d'entre elles, de nature religieuse, ou en tous cas imprégnées de considérations religieuses. Les premières pratiques d'animation et de finalisation de l'action collective ont plus généralement été marquées par des pratiques religieuses. En centrant le propos sur l'Eglise Catholique et ses enclaves (monastères, abbayes, autorités diocésaines, universités du Moyen Age…), l'auteur propose de s'interroger sur l'articulation entre pratiques religieuses et pratiques managériales, étudiée dans une perspective historique (surtout sur le Moyen Age).
L'analyse porte tout d'abord sur le rôle de l'Eglise et de ses différentes enclaves (tout particulièrement les monastères et les universités) dans l'émergence de l'organisation comme bureaucratie et lieu de pratiques managériales (1.). Le développement et l'affirmation de la règle bénédictine sont ainsi associés à une nouvelle forme d'action collective qui préfigure la bureaucratie à venir. En outre, le développement des universités et l'action isolée de nombreux religieux sont liés à l'élaboration et la diffusion de multiples techniques de gestion.
Plus indirectement, les pratiques religieuses semblent également être un objet opportun pour comprendre les pratiques managériales "par contraste". L'étude historique n'est pas seulement utile afin d'établir une généalogie des pratiques managériales. En intégrant des variables centrales exacerbées dans les organisations religieuses et leur évolution (valeurs, culture, schèmes interprétatifs), elle permet aussi de mieux comprendre l'influence de ces variables sur le partage des connaissances ou la résilience organisationnelle (2.).

Thème : Fondements
Quatre approches pour l’analyse de données textuelles : lexicale, linguistique, cognitive, thématique

Auteurs

Bernard FALLERY

Florence RODHAIN

Résumé

Cette contribution est d’ordre méthodologique.
L'Analyse de Données Textuelles (A.D.T.) regroupe aujourd’hui de nombreuses méthodes, et de nombreux outils, qui visent à découvrir l'information « essentielle » contenue dans un texte. En s’intéressant plus particulièrement à la demande des chercheurs en Management Stratégique, quatre exemples sont présentés, tous issus du même laboratoire de recherche, des différentes approches de l’A.D.T. De quoi parle-t-on? C’est le domaine de l’analyse lexicale. Comment en parle-t-on ? Il s’agit alors d’analyse linguistique. Comment structurer une pensée ? C’est l’ambition de la cartographie cognitive. Et enfin comment interpréter un contenu ? Il s’agit de l’assistance à l’analyse thématique. Pour ces quatre approches (illustrées par les quatre outils Alceste, Tropes, Decision Explorer, NVivo) on discute des problèmes méthodologiques et théoriques posés : discours et représentation, langage et énonciation, structuration et communication, interprétation et abstraction…

Thème : Fondements
Travail et consommation : discours du capitalisme et son influence sur le mode de vie

Auteurs

Vélez Zapata Claudia


Dasuky Samir Ahmed


Résumé


De nos jours on parle de “post” moderne dans un sens historique, c’est-à-dire d’une époque qui viendrait après l’époque moderne. Cet essai a pour but de réfléchir au concept de postmoderne en tant que changement dans la conception que l’individu a de lui-même, de l’Autre, et du monde. Cette transformation se reflète dans l’importance acquise par l’hédonisme, la quête du plaisir, l’affirmation des modes de vie expressifs, le développement d’un type de personnalité narcissique et égoïste (Featherstone, 1991:187), ainsi que la quête permanente du bonheur et de la qualité de vie. Tous des produits du discours du capitalisme, qui établit de nouveaux rapports entre les hommes et le travail. Cela par le biais d’une culture de la consommation où les marchandises dépassent leur rapport valeur-usage et valeur-échange pour accéder à celui de valeur-signe (Baudrillard, 1999). C’est par cette voie que se constituent les « modes de vie » caractérisés par la tendance vers la standardisation des satisfactions, des jouissances.
Le concept de « discours » proposé par la psychanalyse se centre sur la détermination des jouissances individuelles nécessaires à la constitution du lien social. Autrefois le rapport entre les sujets était déterminé par le discours du maître, lequel était traversé d’idéaux. Le discours du capitalisme, quant à lui, représente une variante du discours du maître. Le lien social n’est plus soumis aux idéaux mais aux objets. Autrement dit, dans le discours du capitalisme le rapport s’établit entre le sujet et l’objet consommable et non plus entre le sujet et l’Autre. C’est ainsi que son prédéfinis « les modes de vie contemporains ».
Ce travail n’est pas étranger à cette logique : dans la modernité le sens du travail débordait le sujet, c’est à-dire que l’on travaillait pour le bien-être soit de l’humanité, soit de la société. Aujourd’hui, par contre, le travail a acquis une autre valeur : c’est un objet consommable de plus. On travaille pour soi même (Lipovetsky, 1994). Le capitalisme et l’individualisme postmoderne font du travail une expérience esthétique et non étique. D’où la primauté de la sensibilité et des émotions telles qu’on les observe dans les sports extrêmes. L’Autre est soit un instrument soit un rival. Il faut le rendre envieux ou devenir l’objet de son admiration.
Ici nous utilisons une méthodologie historico-conceptuelle. Historique car nous faisons une analyse comparative et historique de la modernité et de la postmodernité à partir des concepts de capitalisme et de travail. Le but c’est d’appréhender la mutation sociologique et subjective qui découle de l’individualisme contemporain, lequel se manifeste dans la quête du bonheur, de la qualité de vie et du plaisir. Et méthodologie conceptuelle car nous partons de la prémisse de la psychanalyse d’après laquelle le sujet est un effet du discours, et que ce dernier est un instrument grâce auquel les êtres humains créent un lien social. Cette méthodologie permet les déductions pouvant s’établir entre les concepts de la psychanalyse et les présupposés philosophiques que sur le capitalisme, le travail, la consommation et l’individualisme contemporains facilitent la compréhension de leur influence sur les modes de vie.

Thème : Fondements
Vers un nouveau statut de la rationalité dans la théorie des organisations: la décision rationnelle envisagée comme une « praxis » performative.

Auteurs

Cabantous Laure


Gond Jean-Pascal


Résumé


La perspective stratégique et organisationnelle sur la décision s’est élaborée en s’émancipant du modèle économique de la décision rationnelle et en explorant des formes alternatives de rationalité. Cette logique de recherche, bien qu’ayant permis de mettre en évidence différentes facettes de la rationalité, a contribué à maintenir de fortes ambiguïtés sur la notion de décision rationnelle et à sous théoriser le rôle de la rationalité substantive (i.e., la conception économique stricte de la rationalité) dans les organisations. En outre, cette orientation tend à ratifier une séparation, prégnante dans la recherche sur la décision, entre d’un côté une recherche dite « normative » (réalisée par des économistes et des théoriciens de la décision) et de l’autre une recherche dite « descriptive » (réalisée par des psychologues de la décision, des théoriciens des organisations et des chercheurs en stratégie). Cette séparation empêche d’envisager que la décision rationnelle (au sens économique strict), apanage de la recherche normative, puisse exister et faire l’objet d’études empiriques descriptives, comme par exemple l’analyse des conditions sociales à l’existence d’épisodes d’implémentation de la rationalité économique dans les organisations par des consultants spécialisés en théorie économique de la décision, et connus sous le nom de decision analysts. Cette communication invite à repenser le statut de la rationalité dans la théorie des organisations et propose d’envisager la décision rationnelle (le terme est ici pris dans son sens économique strict de rationalité substantive) comme une construction sociale et une pratique performative. Cette communication s’appuie sur le concept de performativité développé par Callon et la perspective strategy-as-practice, pour élaborer un modèle permettant d’appréhender la décision organisationnelle rationnelle comme étant le produit d’une activité complexe impliquant la mobilisation d’une théorie (ici la théorie économique de la décision rationnelle) par des acteurs encastrés dans cette théorie (ex. les decision analysts) et équipés des techniques d’aide à la décision. La théorie comportementale de la décision ayant montré que la grande majorité des décideurs ne se conforment pas spontanément aux axiomes de la théorie économique de la décision, seule cette mobilisation collective de la théorie par des acteurs familiers de cette théorie et utilisant des outils spécialement développés pour « dé-biaiser » les décideurs, est en effet susceptible de rendre « possible » la décision rationnelle. A la suite de Callon, cette communication considère donc que le fait que l’homo oeconomicus n’existe pas à l’état naturel n’implique pas qu’il ne puisse pas exister, et que des épisodes, certes rares, de performation de la théorie économique ne puissent se produire dans les organisations. La communication se conclut par une présentation des recherches empiriques auxquelles ce cadre théorique peut conduire (ex. études des communautés de pratiques d’outils d’aide à la décision rationnelle issues de la théorie économique de la décision, études des marchés des consultants en décision rationnelle). Cette dernière partie démontre la pertinence du cadre d’analyse pour rendre compte de tentatives, probablement rares mais néanmoins régulièrement réitérées, de prises de décisions rationnelles.

Thème : Fondements
Vers une opérationnalisation des conventions. Elaboration d’une grille d’identification pour le pilotage des processus

Auteur

Maymo Vincent

Résumé

Le concept de convention reçoit un écho favorable des sciences de gestion, notamment pour l’analyse de la coordination. Cette dernière trouve une actualité pratique dans les organisations bureaucratiques et dans leurs réorganisations en processus orientés clients : on parle de pilotage des processus. Dés lors, la possibilité de piloter des processus en mobilisant les conventions interroge. Or un pilotage à base de convention rencontre une première difficulté dans l'opérationnalisation du concept : il n’existe pas à ce jour de critères opérationnels d’identification des conventions permettant une analyse fine des processus organisationnels. Ce papier propose la sélection de critères d'identification à partir de l'analyse de définitions de la convention. Ils sont ensuite enrichis par une revue de littérature conventionnaliste. Cette grille de lecture est mise en oeuvre pour l'analyse de la tâche de stockage dans le processus crédit immobilier d'une banque de détail.