Auteurs
Castro Gonçalves Luciana
Tixier Julie
Résumé
L’objectif de cette recherche exploratoire est d’étudier la structuration de pôles de compétitivité en tant que terreau privilégié de l’analyse de l’action collective émergente (Reynaud, 1993). La construction de relations de coopération entre acteurs de logiques déférentes conditionne en effet la politique d’innovation mise en avant récemment par le gouvernement. C’est pour analyser la co-construction de cette coopération que nous avons choisi d’inscrire notre recherche dans une approche structurationniste (Giddens, 1987). Celle-ci nous permet d’observer la création et la transformation de règles et de ressources entre les interactions des acteurs et la structure émergente. Dans ce cadre, le projet constitue pour nous un angle d’analyse particulier. Nous posons alors la question suivante : comment se structurent les pôles de compétitivité ? De l’analyse du processus de structuration de deux pôles du secteur médical (Medicen et Lyonbiopole) résulte une réflexion sur les motivations et la participation des acteurs au projet, sur la nature de règles et de ressources mobilisées et créées.
Auteurs
Favoreu Christophe
Lechner Christian
Résumé
La reconnaissance généralisée de l’influence positive et significative des clusters sur la compétitivité des économies locales et régionales et sur leur capacité d’innovation a contribué à faire de ce dernier une composante essentielle des politiques de développement régional actuelles. Les clusters sont ainsi devenus au cours de ces dix dernières années un levier d’intervention et d’action privilégiés des instances publiques qu’elles soient régionales, nationales ou supranationales. Cependant le rôle des politiques publiques, et plus généralement, l’ingérence des acteurs publics dans le développement des clusters restent fortement controversés. La capacité dont disposeraient certains acteurs publics à initier et contrôler leur processus de développement est remis en cause par une grande partie de la littérature qui nie l’efficacité de l’intervention publique et souligne les dangers que celle-ci fait peser sur le développement naturel des clusters. A l’inverse, un certain nombre d’auteurs s’appuient sur des exemples concrets et des expériences pratiques pour affirmer que les institutions publiques peuvent jouer un rôle central et déterminant lors des phases de création et d’institutionnalisation d’un cluster. L’idée de l’article est de suggérer des hypothèses et des propositions quant à la place et au rôle des politiques publiques dans la création et le développement de cluster d’entreprises. L’absence de cadre théorique structuré et unifié ainsi que les multiples contradictions révélées par les études empiriques nous poussent à adopter une démarche exploratoire inductive et à nous appuyer sur une méthodologie de recherche qualitative de type étude de cas. Dans un premier temps, une analyse des différentes contributions théoriques et empiriques portant sur ce thème est réalisée. Celle-ci met en avant à la fois les faiblesses de la littérature et du construit théorique existant mais aussi les oppositions fondamentales qui existent sur ce sujet. Dans un deuxième temps, une explication en termes de cycle de vie des réseaux est proposée afin de dépasser ces contradictions sous la forme de propositions et de pistes de recherche futures. Dans un troisième temps, une étude de cas, portant sur le cluster des Systèmes d’Information géographique (SIG) de la région toulousaine, est conduite et nous permet d’approfondir nos propositions quant à la nécessaire adaptation des politiques publiques aux différentes phases de développement du cluster. Notre réflexion théorique couplée à notre étude empirique nous permettent de formuler les propositions suivantes à savoir que (1) L’efficacité, la nature et la légitimité des politiques publiques d’aide aux clusters varient en fonction de leur degré de développement, (2) Certaines phases s’avèrent plus propices et plus légitimes que d’autres à l’intervention publique (phases de développement et de structuration), (3) Les actions de promotion, de marketing interne et externe et de création d’une identité commune s’avèrent pertinentes et efficaces lors des phases de développement et de structuration du cluster, (4) L’existence d’une vision partagée entre les acteurs du cluster et la mise en place d’une stratégie collective sont des éléments déterminants pour la croissance des clusters.
Auteurs
Calmé Isabelle
Chabault Denis
Résumé
Le mouvement de mondialisation de l’économie, les changements rapides de technologies et la diffusion croissante de l’information exercent des pressions sur les systèmes de production et les soumettent à des impératifs d’évolution et d’adaptation. Paradoxalement, ce mouvement de globalisation a eu pour conséquence de susciter un intérêt croissant pour le local. On se retrouve alors dans une phase où les stratégies de développement se définissent au niveau local et sont associées à la capacité des acteurs à valoriser des ressources territorialisées. Les réseaux territorialisés d’organisations renferment aujourd’hui des conceptions très différentes (districts industriels, SLP, technopôles…). Dans cet article, nous focalisons notre attention sur les pôles de compétitivité (PDC), derniers nés de cette conception du développement territorialisé. A partir d’une analyse historico-descriptive, nous abordons la question de l’antériorité des formes de coopération territorialisés d’organisation. Nous opérons une distinction majeure entre les formes organisationnelles spontanées et celles nées de politiques volontaristes. Nous appréhendons également les spécificités des pôles de compétitivité eu égard aux autres formes de coopérations territorialisés. Le PDC s’inscrit dans la continuité de ces formes. Toutefois, un certain nombre de spécificités le caractérise. Nous poursuivons alors notre réflexion par une analyse des approches conceptuelles et théoriques qui ont abordé la notion de cluster. Un corpus théorique abondant s’est développé sur cette notion principalement en économie, en géographie et en sciences régionales. A partir des concepts clés mobilisés par ces différentes analyses, nous proposons un cadre conceptuel des principales formes territorialisées. Cette réflexion nous conduit alors à préciser la place et les enjeux des PDC dans ce paysage conceptuel. Cependant, les questions que soulève aujourd’hui leur développement restent mal résolues dans les recherches économiques et régionales et encore peu explorées en sciences de gestion. Par conséquent, nous proposons à travers une approche relationnelle, quelques pistes de recherches que nous abordons sous l’angle de la pérennisation des pôles de compétitivité.
Auteur
El Herelli Afef
Résumé
L’objet de la présente communication est d’apporter des éclairages théoriques au sujet de réseaux d’entreprises. Notre analyse nous a permis de constater que ces derniers sont anciens. Résultant d’une proximité familiale ou territoriale, les réseaux d’entreprises ont permis ainsi de dessiner le paysage industriel de plusieurs pays : les districts industriels, les keiretsu japonais. Plus récemment, le passage vers l’entreprise en réseau a été justifié par les exigences de compétitivité, d’innovation et de réactivité imposées par un environnement en mutation continue et un développement technologique. Le déterminisme de l’action s’exprimant par une volonté de recentrage et des attentes d’internationalisation explique aussi la formation des réseaux d’entreprises. Ces derniers permettent de maîtriser les coûts et de satisfaire les besoins de complémentarité et d’expansion. La réalisation des objectifs escomptés suite à la formation du réseau est tributaire d’un ensemble de conditions de stabilité liées principalement à la confiance, la proximité, la durée de la relation ainsi que la logique de concurrence/coopération animant les relations entre les acteurs. Ces conditions permettent de bénéficier des avantages de la formation des réseaux et de maîtriser les enjeux. Ces derniers sont liés principalement à la dimension relationnelle et peuvent se concrétiser par une perte de contrôle, par un problème de gouvernance d’une structure réticulaire et par un risque de comportements opportunistes. Les réseaux interentreprises peuvent prendre diverses formes selon l’objectif visé. Nous distinguons deux principales formes : le réseau vertical où chaque noeud se spécialise dans une étape de la chaîne de valeur et le réseau horizontal formé autour d’entreprises concurrentes. Le réseau d’alliances combine à la fois les dimensions verticale et horizontale. La structure, la forme et le mode de gouvernance du réseau dépendent du contexte et du besoin des entreprises membres. Chaque forme représente ainsi une réponse à un besoin particulier et adaptée à une situation bien déterminée et, par conséquent, contingente à un système d’interactions concret.
Auteurs
Mira-Bonnardel Sylvie
Géniaux Isabelle
Résumé
L’été 2005 a vu émerger en France, à grand renfort de communication, les « clusters » et, plus particulièrement les pôles de Compétitivité, sélectionnés et financés par l’Etat. Appelés à renforcer notre compétitivité nationale, les pôles de compétitivité visent à développer la logique de réseautage étendu entre PME et grandes entreprises, laboratoires de recherche, universités et grandes écoles. Bien entendu, nos gouvernants n’ont pas créé en 2005 la forme organisationnelle coopérative réticulaire communément dénommée réseau d’entreprises. Depuis les travaux de Thorelli (1986), de nombreuses publications ont mis en avant la dynamique compétitive des réseaux d’entreprises. Dix huit mois après la mise en place des pôles de compétitivité, nous pouvons nous interroger sur les résultats de ces derniers. Une étude menée en décembre 2006 par KPMG sur 40 pôles de compétitivité répartis sur tout le territoire français a attiré notre attention. Elle montre à l’évidence que « clusters » et pôles de compétitivité sont encore loin des résultats attendus. Pourtant, depuis vingt ans, de nombreuses recherches ont mis en avant le réseau comme espace de création de savoir nouveau (Marity et Smiley, 1983, Ciborra, 1992, Paraponaris, 1993) et creuset de l’innovation (Freel, 2003, Soh, 2003). La question se pose alors de comprendre pourquoi l’innovativité résultant des réseaux d’entreprises ne se révèle pas au sein des « clusters » et pôles de compétitivité. Nous souhaitons apporter un éclairage à cette importante interrogation en présentant les modalités de coopération que nous avons pu observer au sein d’un réseau d’entreprises. Cette analyse nous permettra d’établir les bases afin d’examiner, dans une future étude, ce qui manque encore aux « clusters » pour atteindre une capacité d’innovation supérieure.
Auteurs
Boldrini Jean-Claude
Journé-Michel Hélène
Schieb-Bienfait Nathalie
En collaboration avec Brigitte Charles-Pauvers, Emmanuel Chéné, Caroline Urbain
Résumé
Cette communication aborde la problématique des trajectoires d’innovation dans l’entreprise artisanale en mobilisant les théories évolutionnistes qui sont aux fondements de l’approche par les compétences en management stratégique. La compréhension des dynamiques d’innovation, dans les entreprises artisanales, constitue une question centrale tant du point de vue de la stratégie de ces organisations que de la logique de leur accompagnement à l’innovation. Dans le cadre de travaux de recherche menés au sein d’un club de dirigeants artisanaux, nous proposons une double lecture des trajectoires d’innovation, celle du secteur d’activité et celle de la firme, qui s’appuie sur une étude de cas réalisée dans une entreprise artisanale reconnue pour sa capacité à innover et à s’engager dans des projets collectifs. Pour éclairer la question des interactions entre compétences et innovation, nous avons cherché à mieux comprendre les processus d’agencement et de construction de routines nouvelles d’exploration et à caractériser les processus d’innovation. A l’issue de cette analyse, nous développons une discussion critique quant aux apports et limites d’une lecture évolutionniste.