Auteur
Baret Pierre
Résumé
Comment appréhender les mécanismes d’appropriation des enjeux sociétaux par les organisations ? La théorie des parties prenantes semble s’imposer progressivement, aux dépends du shareholder model, comme un modèle central pour appréhender la RSE. Néanmoins, elle se heurte à une série de limites inhérentes aux approches contractualistes. Elle ne fournit pas les outils pour réellement comprendre le processus d’appropriation de la RSE. En conséquence, il lui est difficile d’opérer le distinguo entre discours superficiel et réalité profonde. Dans cet article, nous entendons montrer que les approches cognitives, constituent une alternative intéressante pour dépasser ces limites. Deux d’entre elles nous semblent particulièrement pertinentes pour comprendre l’appropriation des enjeux des démarches sociétales : la théorie des conventions et la théorie de l’apprentissage organisationnelle. Selon nous, elles ne s’opposent pas. Au contraire, nous proposons de les coupler. La vision conventionnaliste permet d’appréhender comment, à l’échelle de l’organisation, l’introduction de valeurs sociétales peut faire évoluer, voire remettre en cause, un système focalisé sur la rentabilité de court terme. L’apprentissage organisationnel permet, lui, de comprendre comment les individus font leurs ces nouveaux principes sociaux et environnementaux qui vont générer une nouvelle convention plus ‘responsable’. Ainsi, on disposera d’un cadre théorique explicatif de la manière dont une entreprise s’approprie, de manière superficielle ou en profondeur, les valeurs sociétales sur lesquelles elle communique.
Auteurs
Boiral Olivier
Henri Jean-François
Résumé
Les études sur l’analyse des effets de la certification ISO 14001 et des principaux déterminants de la performance environnementale reposent généralement sur un modèle traditionnel dont les hypothèses optimistes et la pertinence demeurent discutables. À partir d’une modélisation basée sur des équations structurales réalisée à partir d’une étude auprès de 303 organisations, cet article compare la validité de ce modèle traditionnel par rapport à celle d’un modèle critique reposant sur des hypothèses théoriques moins fonctionnalistes et moins instrumentales. Les résultats montrent que, contrairement au modèle critique, le modèle traditionnel ne permet pas d’expliquer les performances environnementales des organisations étudiées.
Auteur
Palpacuer Florence
Résumé
La communication s’appuie sur l’observation d’un cas de campagne activiste orchestré par des organisations non-gouvernementales (ONG) du secteur de l’habillement et mettant en cause la marque allemande PUMA, au sujet des conditions de travail des salariés chez l’un de ses sous-traitants au Mexique. De nature exploratoire, ce travail pose les bases d’un cadre d’analyse des mutations organisationnelles et stratégiques observables dans les relations entre l’entreprise et ces nouveaux acteurs du dialogue social que constituent les ONG activistes. Il souligne l’émergence d’une articulation étroite entre les formes organisationnelles et les orientations stratégiques respectivement développées par les firmes-réseaux globales et par les ONG, et mobilise le concept de mode de régulation pour situer cette évolution dans une perspective plus large de construction de nouveaux équilibres sociétaux dans une économie globalisée.
Dans un premier temps, une perspective historique est adoptée pour caractériser les formes d’articulation construites entre l’entreprise et les contre-pouvoirs sociétaux traditionnels – Etats et syndicats salariés – dans le contexte fordiste, et pour mettre en évidence les ruptures organisationnelles et stratégiques introduites par la montée en puissance des firmes-réseaux globales. Dans un second temps, le cas de la campagne ciblée sur la marque PUMA est utilisé pour mettre en évidence l’émergence de nouvelles formes d’action et d’organisation d’ONG activistes qui partagent des caractéristiques centrales de la firme-réseau globale : organisation transnationale, fonctionnement réticulaire, mode projet et focalisation sur l’investissement immatériel en tant que source de pouvoir symbolique et financier dans la nouvelle économie mondiale.
Auteurs
Mathieu Annelise
Soparnot Richard
Résumé
Simple effet de mode ? Pure rhétorique ? Jusqu’au milieu des années 90, les débats autour du développement durable et de ses effets sur notre mode de fonctionnement ne semblaient que peu concerner le monde de l’entreprise. A quelques exceptions près, sa politique et ses choix stratégiques semblaient se focaliser davantage sur le respect des principes du modèle actionnarial que sur les conséquences sociales et environnementales de ses activités. Pour beaucoup, ces objectifs orientés prioritairement actionnaires semblaient antithétiques, et pour le moins antagonistes, avec des principes de développement durable.
Quelques années plus tard, si l’on s’en réfère à la multiplicité des déclarations actuelles en faveur de ce dernier, la firme semble en totale métamorphose. Chartes éthiques, publications de rapports annuels sur l’environnement, marketing vert, produits éco conçus, les entreprises européennes, à l’image de leurs homologues anglo-saxonnes, semblent aujourd’hui plus que jamais avoir touché du doigt la nécessité d’un développement durable. Témoignant largement de cette prise de conscience, l’évolution comportementale en faveur de la prise en compte du concept, et de son extension managériale la RSE, dans les activités de la firme n’est plus à démontrer. Mais quels impacts peut avoir l’appropriation d’un tel concept sur cette dernière?
Au travers d’un cheminement théorique articulant les dimensions ontologiques, stratégiques et organisationnelles de cette démarche d’appropriation, cette recherche tente de démontrer l’impact positif de la traduction du développement durable en entreprise sur l’innovation via le concept d’apprentissage. Elle aboutit à proposer un modèle théorique qui, basé sur une lecture multi-niveaux de l’appropriation du DD (éthique, stratégique et organisationnelle), identifie deux configurations ou archétypes d’appropriation du DD. Nous cherchons à concevoir globalement le modèle l’appropriation du DD en incluant à la fois le processus, son contexte et ses résultats au travers de l’articulation des dimensions ontologiques, stratégiques et organisationnelles. Nous concevons ici le processus d’appropriation du DD comme un phénomène intégratif pouvant générer des comportements socialement responsables générateurs d’innovation.
Auteur
Van der Yeught Corinne
Résumé
Face à la croissance du tourisme, de nombreuses destinations sont aujourd’hui confrontées à deux difficultés majeures : elles doivent, d’une part, gérer différentes parties prenantes aux intérêts souvent divergents et, d’autre part, encourager le développement du tourisme sans détruire les ressources, souvent fragiles, qui sont à l’origine de leur attractivité. Le Management Stratégique nous paraît a priori mieux adapté que le Management Public pour résoudre ce type de problème. En croisant les enseignements de la Resource Based View et ceux du développement durable, nous souhaitons (i) construire une grille théorique permettant de comprendre pourquoi de nombreuses destinations touristiques définissent leurs stratégies en référence au développement durable et (ii) proposer un cadre analytique de leur base Ressources afin d’enrichir le diagnostic stratégique de ces destinations.
Selon une approche Resource Based, une destination peut être définie comme une collection de ressources productives et humaines, tangibles et intangibles, à l’origine de services productifs. Centrée sur les déterminants internes de l’avantage concurrentiel, la Resource Based View (RBV) voit dans le système unique des ressources qui caractérise chaque firme, l’origine de sa position concurrentielle et de la rente générée. Bien qu’elle fasse l’objet de certaines critiques, la RBV nous paraît offrir des soubassements théoriques féconds en raison des relations symbiotiques que les destinations touristiques établissent avec leur base Ressources dans le processus de création de valeur. L’identification, la classification et la hiérarchisation des ressources étant les préalables indispensables d’une démarche de Management Stratégique, nous présentons dans cette communication les étapes suivies pour concevoir une typologie des ressources stratégiques répondant à la problématique posée.
Notre étude empirique s’appuie sur deux études de cas : Toulon-Provence-Méditerranée et l’archipel du Frioul. À partir de la littérature et de nos observations sur le terrain, nous avons défini trois critères de classification des ressources : la dimension du tourisme durable concernée, la puissance d’attractivité des ressources, leur caractère hérité ou construit. Pour chaque destination étudiée, nous avons réalisé un inventaire exhaustif des ressources pertinentes au plan touristique, puis les résultats obtenus ont été présentés sous formes de tableaux synthétiques des forces et faiblesses organisées en fonction des catégories de classification retenues.
Cette étude met en évidence deux apports majeurs du développement durable au Management Stratégique des destinations : il confère au noyau stratégique la légitimité nécessaire pour une action collective et il affecte un contenu à la question de la création de valeur. Grâce à la méthode d’analyse proposée, il devient possible d’identifier la position en actifs stratégiques et la dépendance de sentier des destinations ce qui ouvre de nouvelles perspectives de recherche sur les processus dynamiques susceptibles de générer un avantage concurrentiel soutenable.
Auteur
Gabriel Patrick
Résumé
Les organismes économiques jouent un rôle prépondérant dans la pensée et, plus encore, dans l’application du développement durable. A tel point qu’entre le moment où le concept est défini et celui où il est appliqué, le développement durable évolue et s’attache aux représentations sociales des acteurs dominants. En cela, le concept acquiert une dimension stratégique croissante.
L’objet de l’étude est de souligner à travers les procédures de diffusion et d’application du développement durable les dimensions stratégiques acquises peu à peu par le concept. A travers une lecture à la fois temporelle (visant une certaine chronologie) et spatiale (en séparant le niveau macro et micro), nous tentons d’observer comment un concept issu d’institutions internationales civiles dénonçant le développement économique est à la fois récupéré et amplifié par les organismes économiques.
Auteur
Berger-Douce Sandrine
Résumé
Pilier du développement durable, le volet environnemental demeure la préoccupation majeure des PME françaises. Le manque de moyens notamment financiers est l’un des freins récurrents à un engagement plus volontariste des PME en la matière. Cette communication analyse les pratiques de management environnemental des PME françaises rentables afin d’identifier leurs spécificités en termes de ressources, de compétences, de connaissances et de positionnement stratégique.
Une étude quantitative par questionnaire a été menée auprès de 84 PME françaises issues du classement des plus rentables publié par un magazine économique en juillet 2006. Les résultats ouvrent la voie à de futures recherches portant sur la communication environnementale des PME ou encore la nécessité de l’évaluation financière des pratiques environnementales. Des efforts de communication sont à encourager afin de convaincre plus largement les dirigeants de PME de la nature stratégique du management environnemental.
Auteur
Pestre Florent
Résumé
L’objectif de cet article est d’analyser le processus de mise en oeuvre de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) au sein des firmes multinationales. Une étude de cas retrace la mise en oeuvre du programme de lutte contre le sida du Groupe Lafarge en Afrique. L’angle d’attaque retenu dans cette illustration est celui des relations entretenues entre le siège et les filiales et l’article vise ainsi à contribuer aux trois questions suivantes. La gestion des enjeux de RSE au sein d’une firme multinationale nécessite-t-elle l’élaboration de systèmes de pilotage spécifiques ? Quelle est l’influence et l’importance du contexte local sur le comportement des filiales ? Comment les filiales peuvent-elles développer des initiatives locales pertinentes dans un cadre de RSE global ?
Auteurs
Christophe Abrassart
Franck Aggeri
Résumé
Le défi posé par le développement durable aux entreprises crée un contexte de changement rapide qui appelle à la construction de nouvelles capacités dynamiques pour y faire face. En se situant dans le cadre théorique de l’approche par les ressources, et en partant d’un champ empirique encore peu étudié en management, celui du management de l’éco-conception, deux problèmes de construction de capacités dynamiques sont identifiés : l’intégration d’une nouvelle expertise environnementale dans les procédures de conception réglée, et le passage d’une démarche d’éco-conception réglée à une stratégie d’éco-conception innovante. Pour ces situations, des capacités dynamiques ont été explicitées sous forme de routines permettant à l’entreprise de faire évoluer ses ressources pour répondre de façon dynamique à ces nouveaux contextes : d’une part, des règles de codification détaillée des nouvelles expertises environnementales à intégrer (codification visant à soutenir l’action en cours, portant sur des savoirs de compromis et sur des dispositifs combinant savoirs et organisation, et mise en place d’une fonction de coordination), et d’autre part, des routines d’exploration délibérées permettant de soutenir une stratégie d’éco-conception innovante (fractionnement des problématisations de l’éco-conception, « management du cycle de vie », gestion conjointe du développement de nouveaux concepts et de nouvelles connaissances au sein de lignées d’innovation).
Auteurs
Jiménez Amparo
Dávila José Camilo
Résumé
La présente étude est fondée sur l’expérience du succès d’une entreprise dans le secteur d’exploitation des ressources naturelles qui réussit à mettre en oeuvre des pratiques de responsabilité sociale pour faire face à son environnement socio-politique instable et turbulent. Nous explorons les questions suivantes: Quels sont les déterminants de pratiques RSE ? Sont-elles le résultat de conflits et de compromis, la mise en œuvre d’une vision dirigeante progressiste ou la clef d’un positionnement stratégique ? Et quels sont les impacts de ces pratiques sur la performance globale de l’entreprise ? Nous avançons trois éléments empiriques indiquant la pertinence de la gestion des parties prenantes (PP) pour concilier l’économique et le social dans la GSRH. Ils sont : (1) l’acceptation des contradictions entre responsabilité sociétale et impératifs économiques dans la conception de la stratégie; (2) la mise en place d’une structure de gouvernance capable de lier GSRH, culture organisationnelle et contexte institutionnel; et (3) l’engagement des dirigeants dans la définition des pratiques avant-gardistes de GSRH (gestion des compétences en contexte de changement, sécurité d’emploi, justice organisationnelle notamment en matière de rémunération, santé et sécurité au travail, démocratisation en milieu de travail). Finalement, à l’aide du programme d’analyse de données qualitatives Atlas/ti, nous avons développé des propositions qui vont au-delà des approches qui s’inscrivent dans la perspective traditionnelle de la gestion des ressources humaines pour élucider les aspects théoriques et méthodologiques utiles de la RSE (inscrits dans la perspective du management stakeholder) et pour intégrer (créer le “fit”) stratégie organisationnelle et pratiques GRH, afin d’orienter la GRH dans une perspective stratégique et « critique ».
Auteur
Brulé Elodie
Résumé
Dans la théorie néo-institutionnelle d'inspiration sociologique, l'étude de l'entrepreneuriat institutionnel se réalise généralement a posteriori, une fois la nouvelle logique institutionnelle établie. Elle tend ainsi à analyser l'acteur qui réussit à changer la logique institutionnelle en place au regard de l'acteur qui était préalablement enraciné dans cette logique. Ce papier propose un autre angle de vue, en étudiant le succès de l'entrepreneur institutionnel au regard de ses propres ressources, en les comparant à celles détenues par d'autres entrepreneurs institutionnels. Afin d'étudier les liens existants entre ressources entrepreneuriales et impact institutionnel des stratégies de changement engagées, ce papier se décompose en quatre parties. La première partie décrit les trois piliers institutionnels (coercitifs, normatifs et culturo-cognitifs), caractéristiques de chaque logique institutionnelle. Ces derniers servent de référence pour caractériser l'impact des stratégies de changement. La revue de littérature sur l'entrepreneur institutionnel, enrichie de la recherche faite sur les stratégies politiques, fournit, dans une seconde partie, les éléments de définition et d'illustration des trois ressources entrepreneuriales retenues : les ressources informationnelles, financières et technologiques. A la lumière de cette revue de littérature, l'impact institutionnel semble davantage normatif quand les entrepreneurs se caractérisent par leurs ressources technologiques, et davantage coercitif quand ils se caractérisent par leurs ressources financières. Ce constat justifie la conduite d'une étude portant sur des organisations définies par essence par une prédominance de ressources informationnelles. En présentant les organisations françaises militant contre le développement des OGM dans le champ agro-alimentaire français comme des entrepreneurs motivés par un changement de logique, cette étude se démarque des recherches antérieures de deux manières : par l'analyse d'un processus d'institutionnalisation en cours de réalisation, et par la description de plusieurs entrepreneurs orientés vers un même objectif : la demande de moratoire. L'identification des stratégies institutionnelles, des ressources organisationnelles et de l'impact institutionnel est réalisée grâce à une étude longitudinale combinant l'analyse d'articles de journaux et la conduite d'entretiens semi-dirigés.