Auteurs
Azan Wilfrid
Beldi Adel
Résumé
Les récents développements des technologies de l’information tendent à privilégier la « human agency» et donc les utilisateurs eu regard des structures ou des organisations pour expliquer les effets de ces TI. L’activation par l’usage des TI de la part des utilisateurs est un démenti à une vision rigide, contraignante ou simplificatrice de l’instrumentation. Le changement organisationnel résulte alors autant de la technologie elle-même que de l’inertie et des réinventions des utilisateurs comme le montre la théorie de la structuration et le concept de la « human agency ». La « human agency », en centrant son analyse sur l’utilisateur final des TI permet de comprendre les logiques d’usage : appropriation selon l’esprit de la technologie, improvisation, réinvention ou contournement en fonction de trois éléments inter-connectés : l’itération, la capacité de se projeter dans l’avenir (projectivity) et l’évaluation pratique.
Cet article envisage deux organisations, FX1 et RTE2, en plein changement et ayant décidé d’introduire des suites progicielles de type ERP et CRM3 et montre comment s’opère cette activation par l’usage des TI et évoque les limites du cadre théorique de type « human agency ».
Auteur
Cusin Julien
Résumé
Les lancements de nouveaux produits sont en proie à des risques d’échec très importants. Et pourtant, la plupart des travaux en sciences de gestion ont un biais en faveur du succès. Les rares auteurs qui s’intéressent néanmoins à cette question adoptent généralement une position très optimiste, dès lors que les échecs commerciaux sont présentés comme une source essentielle d’apprentissage pour les firmes innovantes, leur permettant d’améliorer le développement de produits ultérieurs (e.g. Maidique et Zirger, 1985 ; Lynn et al., 1996). Cet article souhaite apporter un éclairage quelque peu différent à cette problématique, en contribuant, par là même, à la construction d’un champ de recherche sur les échecs organisationnels, qui est actuellement en plein bouillonnement, depuis que la revue Long Range Planning a sorti un numéro spécial, en juin 2005, entièrement consacré à cette thématique. Nous rappelons tout d’abord que les réifications fréquentes dans les travaux sur l’apprentissage organisationnel ne doivent pas conduire à occulter le fait que les individus restent les seuls sujets d’apprentissage. En partant de ce constat, nous nous proposons ainsi d’identifier, à travers l’étude de cas approfondie d’une entreprise du secteur de la distribution, les individus qui détiennent le maximum d’expertise sur cet objet d’apprentissage que constitue le projet. Nous rappelons ensuite que l’échec commercial dudit projet peut avoir des conséquences importantes pour l’organisation. En effet, l’arrêt du projet peut se traduire par "l’élimination" – à haute charge symbolique – des individus les plus impliqués dans cette aventure, et qui en sont, en quelque sorte, l’incarnation aux yeux des collaborateurs. Face à un tel turnover, impulsé par le sommet stratégique, l’entreprise se trouve alors face à une véritable fuite des savoirs en dehors de ses frontières et ne semble plus réellement en mesure de tirer les leçons de l’échec, ce qui jette un doute manifeste sur les travaux abordant cette question à travers le prisme des trajectoires d’innovation.
Auteur
Ruiz-Gutiérrez Jaime
Résumé
Le présent travail de recherche a eu comme champ d'analyse une variable assez peu étudiée dans les travaux de démographie organisationnelle. Cette variable est celle correspondante à l'âge d'entrée ou d'embauche d'un individu dans une organisation. À partir de cette variable, en faisant appel à l'utilisation d'éléments en provenance de la démographie organisationnelle et de la théorie d'attraction et similitude, un ensemble d'analyses statistiques ont été élaborées, destinées à étudier le rapport avec d'autres variables à caractère démographique inhérentes au fonctionnement organisationnel. Ces analyses permettent de conclure que l'âge d'entrée est en rapport avec la taille de l'organisation, avec l'ancienneté de son personnel, la participation de la femme, son homogénéité de genre et ses processus de changement. Les données présentées suggèrent que, dans la mesure où l'âge d'entrée est moindre et ayant peu de variabilité, avec le temps ceci entraînera la construction d'une organisation de type bureaucratique et traditionnel, alors que si l'âge d'entrée est majeure et plus disperse, cela va contribuer à la construction d'une organisation de taille plus petite, plus diverse, avec une plus grande participation féminine et plus de probabilités de changement.
Auteur
Gilbert Patrick
Résumé
Les réorganisations ponctuent désormais la vie des entreprises de toutes tailles et de tous secteur. Il s’agit d’opérations souvent complexes et risquées. Les écueils sont nombreux et leurs conséquences sur la valeur peuvent être fatales. En cas d’échec, elles fragilisent l’entreprise et déstabilisent son personnel. Même en cas de succès, elles restent délicates. Vivre les réorganisations n’est donc jamais facile, ni pour les dirigeants, ni pour les salariés à la base de l’organisation.
La présente communication voudrait être un apport à la compréhension de ce phénomène. Son point de départ repose sur l’hypothèse que la qualité des apprentissages collectifs réalisés dans le cours même du changement conditionne le bon fonctionnement des organisations transformées. Située au croisement de l’apprentissage et du changement organisationnel, elle postule que ces deux domaines sont fortement reliés. A certaines conditions, le changement est apprentissage car, pour une large part, les compétences se construisent dans la prise d’initiative sur des problèmes ou sur des événements nouveaux (Zarifian, 1995) et l’apprentissage collectif est lui-même un processus de changement organisationnel (Guilhon, 1998). Or, la pratique n’accorde que peu d’attention à ce point ; changement et apprentissage sont habituellement pensés dans des temporalités et dans des lieux distincts et par des acteurs différents. Comment réunir ce qui est dissocié pour assurer un bon fonctionnement des organisations restructurées ?
Dans une première partie, le texte s’attache à approfondir la notion de réorganisation dans la perspective de l’apprentissage organisationnel. D’où il résulte qu’une réorganisation est un processus d’apprentissage collectif dans lequel se confrontent structure formelle et structure des échanges afin de permettre l’émergence progressive de nouveaux fonctionnements. Cet apprentissage peut revêtir différentes formes. A minima, il y a toujours un apprentissage spontané. Sur l’initiative des acteurs, il résulte de circonstances fortuites, d’explorations et d’essais-erreurs. En constatant les limites, les entreprises tentent de l’organiser et privilégient alors des apprentissages formalisés. Ceux-ci peuvent être décalés par rapport aux problèmes à résoudre dans le quotidien d’une réorganisation. Moins habituel et plus contributif, l’apprentissage réflexif s'intéresse à la manière dont la connaissance est produite dans l'action et se fonde sur la gestion de la mise en commun, la capitalisation des expériences.
Dans une deuxième partie, deux études de cas sont proposées pour illustrer à la fois les apprentissages spontanés et les tentatives d’apprentissages délibérés. La première a été réalisée à l’occasion de l’évaluation d’une expérimentation du nouveau service en station dans le métro parisien. La seconde porte sur une première tranche de fusions dans le réseau du Crédit Agricole.
Les principaux enseignements tirés de l’analyse de ces deux situations sont présentés dans une dernière partie. Il apparaît que les agents d’une organisation restructurée n’inventent pas spontanément des solutions qui lui seraient adaptées. D’autre part, la confrontation des acteurs à des situations nouvelles souligne l’existence de core rigidities (Leonard-Barton, 1992 ; Durand, 2000) et l’importance du « désapprendre » (Hedberg, 1981), de la remise en question des routines défensives, préalable indispensable à la mise en place de nouveaux cadres d’interprétation.
Le texte met ainsi en évidence l’insuffisance des apprentissages spontanés lors des réorganisations et la nécessité d’apprentissages-désapprentissages organisés sur un mode réflexif.
Auteur
Merindol Valérie
Résumé
L’apprentissage organisationnel constitue un enjeu stratégique pour toutes les organisations. Il s’agit de reconnaître, d’identifier les erreurs, de les corriger, de mettre en oeuvre de nouvelles actions et d’en évaluer les résultats (Argyris & Schön, 1978). Il est aujourd’hui courant de considérer que l’émergence et le développement des communautés de savoir sont déterminants pour favoriser l’apprentissage organisationnel (Amin & Cohendet, 2004). L’analyse des communautés de savoir tend à mettre en perspective une analyse de l’apprentissage fondée sur la nature des interactions sociales et la qualité des liens forts entre les individus.
L’objectif de cet article vise à appréhender la variété des formes d’interactions sociales qui viennent soutenir l’apprentissage organisationnel. En particulier il s’agit de s’interroger sur le rôle des communautés de savoir et de la hiérarchie dans les processus d’apprentissage organisationnel et leur complémentarité pour permettre à l’organisation de s’adapter et de renforcer ses compétences. Une première partie définit un cadre théorique pour analyser les différentes formes d’interactions sociales supportant les processus d’apprentissage organisationnel. Elle met en évidence que les communautés de savoir constituent des formes d’interactions sociales essentielles pour favoriser l’apprentissage. Toutefois, cette contribution met en évidence que l’apprentissage organisationnel suppose aussi des modes d’interactions sociales fondées sur les relations hiérarchiques. C’est bien davantage la nature des interactions entre communautés de savoir et hiérarchie qui est déterminante pour que l’organisation renforce sa capacité d’adaptation. La combinaison de ces structures sociales dépend en grande partie de la culture de l’organisation et de l’existence de routines et de normes compatibles entre le fonctionnement des structures hiérarchiques et des communautés de savoir.
Une deuxième partie porte sur une étude de cas sur les processus d’apprentissage organisationnel au sein de l’US Army. Il s’agit d’apprécier dans un cas particulier l’intérêt d’une approche des processus d’apprentissage organisationnel à partir d’une analyse des différentes formes d’interactions sociales au sein de l’organisation. Cette étude de cas permet de souligner les formes de complémentarité entre les structures hiérarchiques et les communautés de savoir ainsi que la variété des interactions qu’il est possible de mettre en oeuvre au sein des organisations.
Auteur
Notais Amélie
Résumé
Depuis les années quatre-vingt-dix, les chercheurs et les praticiens s’intéressent de plus en plus aux démarches visant la valorisation, la pérennisation, le transfert ou encore la création de connaissance organisationnelle. Parallèlement, les mouvements des hommes dans l’entreprise, et notamment la mobilité interne, ont pris une nouvelle dimension. Alors qu’auparavant, elle s’opérait bien souvent lors de période de crise et s’opposait à l’outplacement ; aujourd’hui, elle est aussi utilisée comme un outil de progression et de valorisation des connaissances individuelles au service de l’organisation. Nous tenterons au travers des discours de dix-huit gestionnaires des ressources humaines de comprendre comment les mouvements des salariés dans l’entreprise peuvent enrichir la connaissance organisationnelle tout en luttant contre la dépréciation liée aux mouvements naturels comme les départs en retraite. Les mouvements des hommes s’apprécieront au regard des conséquences sur la connaissance organisationnelle qu’ils occasionnent. Ils seront ainsi décrits comme de puissants moyens d’encourager le transfert de connaissance intra-organisationnel et seront avancés comme des phénomènes favorisant la transmission de connaissance de l’homme à l’homme et l’explicitation des connaissances détenues individuellement.
Auteur
Deslee Carine
Résumé
Face à une concurrence internationale exacerbée, l’innovation constitue l’une des clés du développement des entreprises. Notre recherche s’intéresse au cas de la SNCF (Société Nationale des Chemin de Fer) qui, avec ses quelque 160 000 cheminots en 2006, constitue en soi une institution. La SNCF, structure bureaucratique par excellence, est a priori peu favorable à l’innovation (Weber, 1971 ; Mintzberg, 1982 ; Alter, 1995). La SNCF recouvre des réalités différentes qu’il s’agisse du fret, du matériel, de l’infrastructure ou des voyages en France et en Europe. Notre questionnement prend en compte les défis que doit relever la SNCF et comment elle s’y prend. Nous nous interrogeons sur la transformation dans le temps de cette routine organisationnelle Innovation Participative depuis 1986. Comment un système de suggestions relativement limité en 1938 et pendant de nombreuses années est-il devenu un des leviers du plan stratégique de l’entreprise, appelé projet industriel ? Nous nous intéressons à la routine Innovation Participative qui depuis 1990 a beaucoup évolué à la SNCF alors qu’une routine organisationnelle dans la littérature est le plus souvent considérée comme stable (Nelson et Winter, 1982 ; Cohen et al., 1996). La direction de la SNCF fait de l’innovation participative un outil de sa politique des ressources humaines, repris dans le projet stratégique de l’entreprise. Elle l’utilise depuis 2005 comme vecteur de communication à la fois externe et interne avec ‘des idées d’avance’. La nature même de la routine Innovation Participative fait que l’évolution de cette routine n’est pas homogène dans les différentes branches et qu’elle varie également selon les établissements.
Nous nous appuyons sur la méthodologie préconisée par Barley et Tolbert (1997) pour mieux appréhender depuis 1990 les différentes étapes du processus d’institutionnalisation de la SNCF au travers de la notion de script. Nous analysons dans une posture épistémologique interprétativiste, aussi appelé constructiviste modéré la routine Innovation Participative, au sens de Feldman (2000), en nous appuyant sur l’éclairage des scripts de la SNCF, entreprise publique confrontée à l’ouverture de son marché et à la concurrence. Nous montrons comment cette routine a évolué et comment sa finalité s’est transformée au fil de l’évolution des scripts de la SNCF à laquelle elle contribue également.
Cette recherche met en évidence les interactions entre la routine innovation participative développée par la SNCF et la SNCF envisagée au travers de ses scripts au sens de Barley et Tolbert (1997). Au regard de l’impulsion stratégique donnée par la SNCF avec son projet industriel, nous mettons en évidence comment la routine organisationnelle Innovation Participative s’est transformée dans le temps et ce à un niveau macroscopique et abordons en quoi l’approche par l’institutionnalisation de l’innovation participative constitue un apport à la compréhension des mécanismes de transformation de cette routine.
Auteurs
Galtier Valentine
Bourgeon Laurent
Résumé
Que ce soit dans le contexte organisationnel de l’entreprise ou en pédagogie, les groupes de travail suscitent un intérêt certain et croissant. Ils constitueraient des lieux de ressourcement, d’échanges, d’aides, de créativité, de changement et d’apprentissage. Cet article s’inscrit dans cette préoccupation actuelle pour le travail en groupe et tente d’apporter un éclairage sur les conditions de l’apprentissage collectif en oeuvre dans les groupes en mettant en évidence les processus sociaux à l’oeuvre dans cette dynamique collective d’apprentissage. Cet article de recherche tente de répondre aux questions suivantes : quels sont les processus sociaux en oeuvre dans l’apprentissage collectif au sein des groupes de travail ? Quel est le rôle de ces processus sociaux dans les dynamiques d’apprentissage ? Des travaux fondateurs et des travaux plus récents sur l’apprentissage comme ceux de Easterby-Smith (2000, 2003) ainsi que des travaux sur les groupes (i.e. Stewart et Barrick, 2000) permettent de dégager un certain nombre de variables susceptibles d’influencer l’apprentissage de groupe. A partir de ces apports divers, nous construisons un modèle conceptuel et le mettons à l’épreuve des faits au travers d’une méthodologie quantitative et expérimentale autorisant des variables de contrôle. Le modèle testé et les résultats obtenus mettent en évidence le rôle de certaines variables clefs dans l’apprentissage de groupe, ce qui nous l’espérons, pourra contribuer à l’amélioration des pratiques de travail en groupe. Les résultats répondent à une interrogation majeure dans le champ de l’apprentissage collectif. Si l’apprentissage collectif est souvent considéré comme le fruit d’interactions individuelles et de processus sociaux (par exemples : Nicolini et Meznar, 1995, Tyre et Von Hippel, 1997), à date, aucune recherche ne précise ce que sont ces processus sociaux (communication, conflit,… ?), n’identifie ceux qui ont une influence majeure et dans quel sens ils influencent l’apprentissage collectif. Les résultats obtenus par cette recherche offrent une première réponse à ces questions.
Auteur
Gueguen Gaël
Résumé
Depuis quelques années, les pelotons cyclistes professionnels ont vu l’apparition de nombreux outils constituant un système d’information développé. Des voix d’importance dans le monde cycliste soulignent le danger de l’utilisation de ces outils. Face à un problème classique en management (les effets de l’introduction d’un système d’information au sein d’une organisation), nous avons analysé les résultats de toutes les étapes de douze Tours de France afin de pouvoir comparer les écarts des coureurs aux arrivées avant et après l’introduction de ces systèmes d’information développés. Nos résultats montrent qu’à l'inverse de l’avis répandu, l’utilisation des systèmes d’information ne conduit pas à un resserrement des écarts. Au contraire, la dispersion est significativement plus forte. Ceci nous entraîne à penser que l’utilisation des systèmes d’information permet un accroissement de l’aire de rationalité des coureurs ; ceux-ci privilégiant une gestion plus efficiente de leurs efforts tout en se réappropriant ces outils informationnels.
Auteurs
Parmentier Guy
Mangematin Vincent
Résumé
Cet article analyse comment les entreprises de jeux vidéo combinent simultanément l’exploitation des idées et des jeux existants et l’exploration de nouveaux univers ludiques via la création éditoriale et l’innovation technologique. A la suite de March (1991) qui distingue les activités d’exploration des activités d’exploitation, les recherches sur l’organisation de ces deux types d’activités ont été réalisées avec des données issues d'études empiriques sur de grandes entreprises multinationales. Les études insistent sur la manière dont les entreprises séparent ces deux activités entre entreprises (ambidextrie de réseau), entre unités (ambidextrie structurelle) ou entre projet (ambidextrie contextuelle). Le secteur des jeux vidéos, constitué de petites et grandes organisations et incluant des situations d'innovations complexes, constitue un terrain privilégié pour observer et comprendre les tensions qui se nouent entre les activités d’exploitation et d’exploration. Nous avons eu recours à la méthode des cas comparatifs et sélectionnés 10 studios de jeux vidéo, de moins de 100 personnes, réalisant un ou plusieurs projets de jeux en même temps. Il apparaît que les studios ont plutôt développé une ambidextrie contextuelle. Ils gèrent les tensions entre activités d’exploitation et d’exploration, soit complètement en interne grâce à une organisation du travail en mode projet qui favorise à la fois la focalisation, l'adaptation et la créativité ou partiellement en externe grâce à l'externalisation d'une partie de l'innovation éditoriale et le raccordement direct à la créativité des joueurs. En conclusion, l'étude montre que la création éditoriale est plus modulaire que la création technologique. Les petites organisations arrivent plus facilement dans le processus de conception à isoler la partie artistique de la partie technologique. En conséquence, il est plus facile d'externaliser l'innovation éditoriale et de la répartir dans le réseau que l'innovation technologique afin de gérer la tension entre les activités d'exploration et d'exploitation.
Auteurs
Piré-Lechalard Pierre
Van Hoorebeke Delphine
Morana Joëlle
Résumé
Pour s’assurer d’une constante innovation, les entreprises doivent évoluer et apprendre continuellement par un apprentissage démontré comme facilité par la diversité. Néanmoins, les recherches sur l’apprentissage par la diversité restent centrées sur les organisations globales et internationales. En cela, l’article tend à montrer qu’une PME peut agir de la même façon dès sa création afin de s’assurer flexibilité et performance. L’étude de terrain expose, ainsi, une analyse faite auprès de 10 PME dites innovantes. L’objectif recherché est d’analyser leur performance et innovation établies, en fonction de la diversité stratégique d’apprentissage, cumulative, soit une accumulation des connaissances en interne et non-cumulative, une recherche des savoirs à l’externe. Les résultats obtenus montrent deux éléments intéressants. Tout d’abord, la PME « s’agrandit », c’est-à-dire que la diversité par la R&D ne s’arrête pas aux frontières patrimoniales de l’entreprise mais inclut les acteurs en amont (fournisseurs) et en aval (clients). Ce premier point montrerait une plus grande adaptabilité à une innovation étendue, à une ‘fertilisation’ croisée. Dans ce sens, non seulement les salariés semblent être essentiels à la recherche de l’innovation, mais également les clients, prospects et fournisseurs de la PME. De façon globale, l’analyse de cas confirme une pratique selon une diversité stratégique dans le cadre d’une recherche d’innovation. Les PME innovantes considèrent, en effet, tant la diversité interne qu’externe. En interne, seule la diversité socioculturelle est perçue comme ‘sans objet’ par plusieurs entreprises. La PME innovante fait appel aux acteurs internes et en relation directe (fournisseur, prospect ; client, employés) dans le cadre de son innovation. Nonobstant, elle ne fera pas nécessairement appel à des centres spécialisés dans la veille technologique. Dans le cadre d’une exploration, ces premières données sont prometteuses. Elles permettent de mettre en exergue un certain nombre de diversités utilisées par les PME pour innover et continuer à exister.
Auteurs
Belbaly Nassim
Bourdon Isabelle
Résumé
Dans cet article, nous examinons l’influence de la qualité des systèmes de gestion des connaissances (SGC) sur l’avantage compétitif des organisations au travers ses effets sur la prise de décision et les capacités d’apprentissage organisationnel. Les résultats concluent à la force du modèle de recherche qui lie la variable indépendante (la qualité du SGC) aux variables dépendantes (processus de prise de décision, capacité d’apprentissage de l’organisation et avantage compétitif). Le modèle explique respectivement 45% de la prise de décision, 41% de la capacité d’apprentissage organisationnel et 78% de la variance de l’avantage compétitif. Nous concluons que la qualité du SGC joue un rôle important dans la constitution d’un avantage compétitif durable. A la lumière de ces résultats, nous discutons les implications théoriques et pratiques de notre recherche.
Auteurs
Szostak Tapon Bérangère
Boughzala Yasmine
Résumé
Cet article est un travail exploratoire. Il propose d’explorer la question générale « en quoi la joint-venture crée un contexte légitime à la créativité organisationnelle ? » sous la forme de questions de recherche. Son objectif est d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche autour de la conjonction des thèmes de la créativité organisationnelle et de la joint-venture, conjonction non réalisée jusqu’à présent. La créativité organisationnelle est définie ici comme « les processus par lesquels une organisation modifie sa constitution avec pour finalité à la fois d’agir sur le comportement des individus par rapport aux ressources mises à disposition par l’organisation et de pérenniser son action dans le temps » (Durand, 2006).
Ainsi, dans une première partie, nous définissons ce que nous entendons par contexte légitime. Dans ce sens, nous adoptons la définition de légitimité proposée par Suchman (1995, p. 574) : « perception généralisée ou hypothèse que les actions d’une entité sont désirables, adaptées ou appropriées au sein d’un système socialement construit par des normes, des valeurs, des croyances et des définitions ». Nous qualifions alors de « contexte légitime » l’environnement intra-organisationnel, où les légitimités de la conséquence, de procédures et de la structure sont acquises et maintenues. Nous caractérisons ensuite quelques points de la joint-venture pour spécifier en quoi cette alliance stratégique crée un contexte légitime à la créativité. Nous retenons la définition de Dussauge (1996) : « Une alliance stratégique est une association entre plusieurs entreprises (concurrentes ou potentiellement concurrentes), qui choisissent de mener à bien un projet, un programme ou une activité spécifique en mettant en commun des compétences et ressources ». En revanche, nous nous focalisons sur les alliances dites complémentaires.
La deuxième partie consiste à élaborer trois propositions de questions de recherche enrichies d’un exemple de joint-venture présenté en filigrane pour matérialiser les questions proposées. La première question est : comment la joint-venture complémentaire favorise-t-elle l’exploration créative ? La deuxième est : en quoi la joint-venture complémentaire favorise-t-elle la coopération entre entités au cours du processus créatif d’échanges de savoir-faire ? Enfin, la troisième question est : en quoi la joint-venture complémentaire spécifie-t-elle les objets de créativité ?
Une troisième partie soulève quelques implications méthodologiques, comme une nécessaire première étude de cas pour approfondir le rapprochement théorique entre « joint-venture » et « créativité organisationnelle ».
Auteur
Perrin Alexandre
Résumé
Cet article vise à rendre compte de l’activité des responsables en charge de la gestion des connaissances. Véritable patchwork de pratiques hétérogènes, cette dernière est apparue dans les entreprises par le biais des technologies de l’information et de la communication (TIC) comme les bases des données, les intranets ou les outils collaboratifs. La place accordée à ces outils est importante dans l’agenda des gestionnaires des connaissances mais celle-ci tend à décroître au profit d’une approche plus sociale de la gestion des connaissances impliquant l’animation de communautés de pratique et l’accompagnement au changement. C’est pourquoi nous discutons de l’évolution du rôle de ces gestionnaires des connaissances, de leur légitimité et de leur pérennité dans la structure organisationnelle.
Auteurs
Lamarque Eric
Maymo Vincent
Résumé
La coordination est avec l’avantage compétitif et le contrôle un des trois vecteurs de la stratégie d’entreprise. Elle est, dans certains cas, considérée à l’origine même de l’avantage concurrentiel d’une organisation. Elle permet une réduction des délais, une meilleure efficacité, une meilleure qualité sans augmentation automatique des coûts. L’objectif de la recherche est donc de repérer les mécanismes et les régularités permettant d’assurer une meilleure coordination dans les organisations. L’approche conventionnelle constitue un de ces mécanismes. Elle est mobilisée dans le cas d’un processus de production particulier, le crédit immobilier, au sein d’établissements financiers de grande taille avec des structures très décentralisées. Deux études de cas ont été menées afin d’identifier, dans une logique abductive, l’existence de conventions dans ce processus en mobilisant une grille de lecture théorique. Différentes conventions ont été identifiées au cours de cette recherche. Seuls les résultats de l’une d’entre elles, la convention de délai, sont présentés. Cette dernière apparaît déterminante dans une perspective d’efficacité. De façon à illustrer le travail d’opérationnalisation que nous avons mené, les critères d’identification conventionnels seront mobilisés pour détailler cette convention. Enfin nous confirmons l’idée que, parfois, la convention constitue le seul mécanisme de coordination à l’oeuvre. Dans ce cas, un dysfonctionnement conventionnel entraîne une inefficacité générale du processus.
Auteur
Cusin Julien
Résumé
Les lancements de nouveaux produits sont en proie à des risques d’échec très importants. Et pourtant, on constate que la plupart des travaux en sciences de gestion ont un biais en faveur du succès. Ce constat justifie pleinement l’intérêt d’une recherche empirique – fondée sur l’étude approfondie du cas d’une entreprise du secteur de la distribution – dans laquelle nous essayons de voir si un échec commercial peut faire office de stimulus et déclencher un processus d’apprentissage organisationnel. Après avoir brièvement montré les limites théoriques et empiriques de certains travaux sur les trajectoires d’innovation (e.g. Maidique et Zirger, 1985 ; Lynn et al., 1996), nous décidons d’intégrer la question des échecs commerciaux dans le modèle béhavioriste d’apprentissage par l’expérience, qui est envisagé, par les théoriciens comportementalistes (cf. J.G. March et al.), comme un mécanisme potentiellement défectueux (superstitious learning, competency trap, inertie organisationnelle, etc.). Cela nous conduit finalement à opter pour une approche plus réaliste – et peut-être moins "angélique" (par rapport aux travaux en matière d’innovation de produit, mais aussi et surtout par rapport au discours managérial ambiant) – de cette problématique, actuellement en plein essor, depuis que la revue Long Range Planning a sorti un numéro spécial (en juin 2005), entièrement consacré à cette thématique. En adoptant une démarche abductive, nous nous donnons ainsi pour objectif de construire, pas à pas, une représentation simplifiée du cycle d’apprentissage par l’échec commercial, en décrivant chacune des variables et des relations de causalité de notre modèle. Les données du terrain servent à nourrir cette matrice, en fournissant tous les éléments de contextualisation et de narration nécessaires à la compréhension du cas. En définitive, ce travail permet, tout à la fois, de discuter et de prolonger – en l’enrichissant – le modèle béhavioriste d’apprentissage expérientiel, et offre également quelques premiers éléments de théorisation et de conceptualisation sur la question de l’apprentissage par l’échec commercial.
Auteur
Missonier Stéphanie
Résumé
Cette communication a pour objet de présenter les résultats d’une recherche sur les stratégies conduites par les acteurs au cours de l’implantation une Technologie de l’Information et de la Communication (l’ENT –Espace Numérique de Travail) dans des établissements scolaires d’une région française. Plus précisément, nous nous focalisons sur un des facteurs clés de succès des stratégies d’implantation des TIC dans les organisations : l’implication des acteurs.
Dans le monde de l’éducation, il semble que la réussite ou l’échec de l’implantation des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) reste largement une énigme, à la fois pour les concepteurs et les décideurs. Que ce soit en sciences de gestion ou de l’éducation, les nombreuses publications font état des difficultés d’implanter des nouvelles technologies dans les organisations. Afin d’apporter des éléments de compréhension sur la difficulté de conduire des projets technologiques dans les établissements scolaires, nous décrivons le déroulement de l’implantation d’un ENT en nous focalisant sur les stratégies mises en oeuvre par les décideurs et les concepteurs.
Après avoir élaboré une grille de lecture basée sur les théories relatives à l’implication des utilisateurs d’une part, et sur la théorie de la traduction de Akrich, Callon et Latour (1988) d’autre part, il nous a été possible de décrire le déroulement de ce processus en révélant les implications et négociation des acteurs, depuis le lancement des projets jusqu’au début de sa généralisation. Cette étude apporte de nouveaux éléments de compréhension sur la conduite stratégique de ces projets en préconisant la coordination de trois axes : le renforcement du réseau, la fiabilité et l’évolutivité de la technologie, et l’accompagnement des utilisateurs.
Auteurs
Deltour François
Sargis Roussel Caroline
Résumé
Les projets visant à réorganiser plus ou moins profondément une entreprise requièrent – de la part de l’équipe-projet - une fine connaissance des modes de fonctionnement de l’organisation. Cela implique d’intenses échanges autour des dispositifs de travail des différents services et personnes concernés, ainsi qu’une large réflexion sur leur possible transformation. Ces projets peuvent alors être une occasion d’intégration de connaissances, entendue comme processus d’interactions sociales individuelles aboutissant à l’articulation des connaissances existantes et à la création de nouvelles connaissances organisationnelles partagées. Cette intégration suit plusieurs étapes qui amènent les connaissances individuelles à être collectées au niveau de l’équipe-projet, synthétisées, transformées et validées à un niveau organisationnel pour ensuite être à nouveau réappropriées par les individus dans l’organisation. Ce processus, souvent long et complexe, est fortement dépendant des acteurs qui le portent et, à ce titre, peut être potentiellement affecté par le capital social existant au niveau du projet. L’influence du capital social sur l’intégration des connaissances constitue alors le principal questionnement de cette recherche.
A la suite d’une étude de cas exploratoire au sein d’une PME de service menant un projet de changement de son système d'information, il apparaît que les différentes dimensions du capital social (structurelle, relationnelle et cognitive) influencent le processus d’intégration des connaissances. Trois étapes d’intégration des connaissances sont empiriquement identifiées (intégration intra-projet, intégration intra-domaines, intégration-appropriation) même s’il n’est pas clairement constaté d’effet différencié des dimensions du capital social sur celles-ci. D’une manière générale, des perspectives intéressantes sont tracées sur la compréhension de l’intégration des connaissances dans le contexte de projets.
Auteurs
Lacolley Jean-Louis
Loilier Thomas
Tellier Albéric
Résumé
Le nombre croissant de recherches, colloques et numéros spéciaux de revues sur le thème de la communauté des logiciels libres est révélateur de l’importance que prend cette dernière au sein des Sciences de Gestion. Notre article se focalise sur le processus de prise de décision au sein d’une équipe-projet de cette communauté.
L’intuition de départ, fondée sur notre connaissance de ce terrain et sur l’analyse de différents écrits sur la communauté, est que dans ces organisations les trois conditions nécessaires à l’application du modèle du garbage can de Cohen et al. (1972) sont susceptibles d’être remplies.
Aussi, l’objet de cet article est, sur la base des décisions prises par une équipe-projet de développeurs « libres » dans un projet identifié a priori, de mieux comprendre ce processus de décision en utilisant certains éléments d’un modèle déjà existant : celui relatif au fonctionnement des organisations de type garbage can.
Le dispositif méthodologique repose sur l’analyse des mails échangés entre les développeurs d’un logiciel libre. Cette méthode permet d’étudier dans le détail les échanges dans leur forme d’origine, sur une durée longue et sans intervention du chercheur. Même si les échanges portent sur des développements terminés (les versions du logiciel ont bien été diffusées), il est ainsi possible d’avoir accès aux informations échangées au fur et à mesure du déroulement des actions, dans les conditions du « temps réel ».
Le projet étudié est le développement d’un logiciel de comptabilité développé par 29 membres. En employant comme matériau d’analyse les 2256 mails échangés par les développeurs entre le 25 mars 2004 et le 13 mai 2005, il est possible d’identifier douze situations de gestion dans lesquelles des problèmes, des solutions, des participants et des occasions de choix sont repérés.
Les situations de gestion sélectionnées sont ensuite analysées de manière systématique grâce à la grille des caractéristiques du fonctionnement de type garbage can établie par Huault et Romelaer (1996). Ces caractéristiques présentent en effet l’avantage d’avoir été observées au moins une fois dans des organisations de type garbage can dans des recherches cliniques. Le contenu des différents mails a été traité par une procédure de triple codage afin de valider ou non la présence de ces caractéristiques.
Ce traitement des données permet de repérer les dimensions les plus fréquentes sur la période analysée et d’en tirer des enseignements sur la prise de décision au sein de ce type d’équipe virtuelle. En particulier, seulement deux situations très proches du mode garbage can sont repérées.
Finalement, cette recherche permet de valider le fait qu’une équipe-projet de la communauté des logiciels libres peut s’apparenter à une anarchie organisée, organisation type utilisant comme processus de prise de décision le garbage can model. Cependant, il ressort que ce mode de fonctionnement n’est utilisé que rarement. Dès lors, dans la dernière partie de l’article, nous proposons des pistes de réflexions théoriques pour caractériser les autres modes de décision utilisés.
Auteur
Prévot Frédéric
Résumé
Le transfert de connaissances est devenu un concept central dans le domaine de la recherche en management stratégique. En effet, dans le prolongement de la théorie Resource-Based, de nombreux auteurs tendent à faire du transfert de connaissances au sein de la firme l’élément fondamental d’explication de l’existence même de la firme. Par ailleurs, nombreuses sont les recherches portant sur les relations inter-organisationnelles qui se réfèrent au transfert de connaissances comme problématique centrale. Le concept de transfert de connaissances est donc tout particulièrement important pour le management stratégique, mais il regroupe sous une même notion des thèmes qui peuvent apparaître disparates.
Nous proposons une revue de littérature organisée suivant différents niveaux d’analyse du transfert de connaissance. Des niveaux qui se définissent dans un cadre intra-organisationnel : entre individus, entre unités d’une même organisation, entre filiale et maison mère d’une multinationale, ou entre organisations ayant fusionné. Et des niveaux qui se définissent dans un cadre inter-organisationnel : diffusion de connaissances dans une population d’entreprises, transfert dans les alliances, transfert dans les joint-ventures, ou transfert dans le cadre de réseaux.
Auteurs
Hassairi Ahmed Foued
Louati Rim
Résumé
Il est un fait que la technologie EDI s’impose souvent aux entreprises sans qu’aucune stratégie n’ait été définie au préalable. Pourtant le management stratégique des TI a toujours été considéré comme une condition sine qua non pour réussir un investissement en TI. Cet article propose un modèle d’évaluation des ressources allouées à l’EDI en prenant en considération le management stratégique, en termes de planification et d’alignement stratégique, permettant d’atteindre une performance organisationnelle. L’utilisation des méthodes des équations structurelles a permis d’identifier une structure optimale du modèle conceptuel, et des relations entre les variables des deux niveaux d’analyse. Ces relations prouvent que la relation entre l’investissement dans l’EDI et son succès en termes de performance financière et stratégique passe par des pratiques telles que une planification de qualité et un alignement stratégique.
Auteurs
Nach Hamid
Lejeune Albert
Résumé
Des recherches récentes démontrent que les scientifiques établissent souvent leur réputation et leur identité professionnelle sur la base des technologies qu’ils utilisent et coconstruisent avec diverses parties prenantes. Qu’en est-il des professionnels des technologies de l’information et de communication (TIC) en entreprise alors que le discours prégnant les situe en support direct aux maîtres d’ouvrage stratégiques de l’urbanisation des systèmes d’information ? L’objectif de la présente communication est de mieux comprendre comment les TIC redéfinissent les identités de ces professionnels en TIC. Trois cas sont réalisés avec l’objectif de dégager les schèmes cognitifs de trois consultants en TIC à partir des technologies qu’ils utilisent et de leur implication dans la construction de leur identité. L’analyse des cartes cognitives produites dévoile des conclusions intéressantes au sujet de la coconstruction des TIC et du soi de ces professionnels. Il en ressort, en effet, que les systèmes d’information, qu’ils construisent et utilisent, jouent un rôle de premier plan dans la construction, l’amélioration, la présentation et la diffusion de leur identité professionnelle au détriment peut-être de leur implication dans un projet d’entreprise.
Auteur
Serge Amabile
Résumé
Dans un contexte de ruptures environnementales, l’une des possibilités pour les entreprises, afin de pérenniser voire étendre leurs parts de marché, est l’innovation. Cette relation “innovation-extension des parts de marché” des firmes semble communément acceptée. Pourtant, l’émergence, au cours de la dernière décennie, des technologies de l’Internet a largement contribué à la faire évoluer. En particulier, ces technologies participent au rééquilibrage des conditions de compétitivité des PME vis à vis des grandes organisations. Cet article propose donc de caractériser comment les usages d’Internet dans les PME soutiennent les processus d’innovation et d’extension des parts de marchés. Ce travail repose sur une enquête réalisée en 2004.
Auteurs
Leroy Frédéric
Paris Thomas
Résumé
Cette recherche étudie les processus d’analyse des pratiques existantes et les phénomènes de réapprentissage à l’occasion d’une réorganisation. Elle repose sur une étude en profondeur de la réorganisation du Relais Bernard Loiseau, un restaurant gastronomique prestigieux. En 2003, Bernard Loiseau meurt. L’entreprise est menacée dans sa survie. La décision de continuer l’oeuvre de Bernard Loiseau nécessite de réorganiser l’entreprise tout en restant fidèle aux principes culinaires de Bernard Loiseau. La préservation du style Loiseau implique d’analyser systématiquement les pratiques existantes, dans la salle de restaurant et surtout en cuisine, afin de les préserver. L’enjeu est de formaliser les pratiques existantes pour substituer au chef disparu une organisation qui maintienne la qualité de l’établissement. Nous étudions donc ici comment l’équipe en cuisine a retravaillé les pratiques existantes en tentant de les formaliser pour mieux faire perdurer le style Loiseau. Ce travail d’analyse des pratiques et des connaissances est compris comme un processus d’apprentissage. En ce sens, l’apprentissage prend la forme d’un ré-apprentissage à l’occasion d’un travail de ré-organisation. Il permet de réfléchir les pratiques, de mieux les comprendre pour les préserver ou les institutionnaliser mais aussi de les infléchir et de les faire évoluer. L’apprentissage visant à la conservation et à l’exploitation est donc aussi à la source d’une exploration et d’une innovation.
Cette recherche souligne la difficulté à analyser les pratiques dans la cuisine d’un grand restaurant en raison du caractère tacite des savoirs, de l’importance des sensations ainsi que de données contingentes difficiles à codifier. Elle met aussi en évidence comment la mise au jour des pratiques peut se traduire par une mise à jour, un renouvellement, c’est-à-dire par des innovations et une transformation des pratiques culinaires existantes. A cette occasion, nous montrons que les innovations réalisées en cuisine ont rencontré des résistances, en particulier dans la salle de restaurant. Ce conflit donne l’occasion d’expliquer pourquoi certains corpus de pratiques ou de routines peuvent plus facilement évoluer que d’autres. Cela nous permet finalement d’étudier les liens entre les phénomènes d’apprentissage et l’identité organisationnelle. Nous montrons comment les processus d’apprentissage et d’innovation sont conditionnés par l’identité organisationnelle et qu’ils peuvent devenir problématiques lorsque cette identité est menacée comme cela a été le cas à la suite du décès de Bernard Loiseau.
Auteurs
Berthon Boris
Charreire Petit Sandra
Huault Isabelle
Résumé
Cette recherche interroge le lien conceptuel entre réseaux sociaux et apprentissage organisationnel à l'aune d'une perspective duale de la connaissance (objet versus flux). Elle prend appui sur une étude de cas qualitative et longitudinale de refonte du système d'information d'un grand groupe français.
Quel rôle jouent les réseaux sociaux dans le transfert de connaissance? Comment les micro-pratiques inscrites dans le réseau impactent la création et re-création de la connaissance et finalement l'apprentissage organisationnel ? Quelle influence peuvent avoir les acteurs du réseau sur le transfert de connaissance et l'apprentissage organisationnel ? Quels effets l’apprentissage et le transfert de connaissance ont-ils en retour sur les caractéristiques du réseau social? Par ces questions, nous cherchons à ouvrir “la boîte noire” mêlant réseaux sociaux et processus d'apprentissage, à la lumière des travaux contemporains traitant de la connaissance organisationnelle comme un flux plutôt qu'un objet.
Nous défendons ici l'idée que les perspectives mécaniste et organique des liens réseau-apprentissage, repérables dans la littérature, sont complémentaires et mutuellement structurantes. L’étude empirique met en évidence l’attention qu’il convient de porter à la dimension sociale du réseau pour comprendre les dynamiques d’apprentissage qui s’y jouent et pour saisir la dynamique de co-construction mutuelle réseau – apprentissages réalisés dans et par le réseau. Cette conception récursive des liens « réseau social et apprentissage » est appuyée par trois types de résultats empiriques relatifs 1) au réseau comme, à la fois, conduit et construit, 2) au rôle de la pratique, voire de la micro pratique et 3) à la dialectique entre le pilotage du projet et l’émergence des apprentissages qui s’y déroulent.
Auteur
Godé-Sanchez Cécile
Résumé
Dans la littérature en science de l’organisation, il est d’usage de considérer que l’implémentation et la diffusion des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) permettent de réduire le coût de la coordination et d’en faciliter considérablement la réalisation. Pour autant, la vision des TIC comme supports des mécanismes de coordination repose sur un cadre d’analyse statique, négligeant les dispositifs dynamiques susceptibles de modifier les relations entre les technologies et ces mécanismes. En transformant les conditions d’exploitation des informations et des connaissances dans l’organisation, la diffusion des TIC peut directement affecter l’efficacité relative des mécanismes de coordination en place, voire générer l’émergence de nouvelles formes de coordination. Dans ce cadre, les TIC ne représentent plus seulement des moyens de coordonner les activités, mais également des leviers importants du changement organisationnel.
L’objet de cet article est double. Il s’attache d’une part à analyser les processus par lesquels les technologies font évoluer les mécanismes de coordination en support desquels elles ont été introduites au départ. Il s’interroge d’autre part sur les effets organisationnels de ces évolutions.
L’article mobilise l’approche structurationniste de la technologie (De Sanctis & Poole, 1994 ; Groleau, 2000), et en particulier les travaux proposés par Orlikowski (1992, 2000). Cette littérature se fonde sur la théorie de la structuration (Giddens, 1984) pour appréhender les effets de l’usage des TIC en milieu organisationnel. En privilégiant le concept de « récursivité », elle met en exergue la réciprocité des relations de causalité entre la technologie et l’organisation, permettant ainsi d’aborder la question du changement technologique dans toute sa complexité. L’examen des usages différenciés des TIC et des processus d’appropriation qui les sous-tendent est approfondi par Orlikowski (2000) lorsqu’elle distingue l’appropriation de l’énaction. Il s’agit de reconnaître les multiples éléments qui modèlent les usages et qui influencent le changement en milieu organisationnel. L’ensemble permet de construire une grille d’analyse pour examiner l’évolution des mécanismes de coordination à partir de l’usage des TIC et ses effets sur les structures du système organisationnel.
L’analyse des cas des Armées américaines en Afghanistan (2001) et en Irak (2003) offre un contenu empirique à nos propositions théoriques afin de clarifier et de mettre à l’épreuve notre grille d’analyse. Concernant la méthodologie utilisée, nous avons opté pour une recherche exploratoire, visant à proposer des résultats théoriques et empiriques sur un sujet novateur et complexe. Les méthodes de recueil et d’exploitation des données utilisées sont celles de l’analyse documentaire et de la conduite d’entretiens d’acteurs clés.
L’analyse démontre que l’examen des différentes formes d’énaction dans les organisations de Défense permet non seulement d’identifier les processus d’évolution des mécanismes de coordination mais également d’appréhender la nature et l’ampleur du changement organisationnel qu’ils génèrent. Nous mettons plus particulièrement en exergue l’importance grandissante de la standardisation par le savoir par rapport aux autres formes de coordination. Ce mécanisme se révèle très efficace pour coordonner des activités géographiquement dispersées et mobilisant des acteurs aux compétences et aux références culturelles différentes. Il introduit cependant des évolutions importantes des structures de signification et de légitimation dans les Armées. La gestion de tels changements évoque certainement l’un des défis majeurs que doit relever le Pentagone aujourd’hui.
Auteur
Marie Claude Allard
Résumé
Cet article présente les résultats d’une recherche exploratoire qui a eu pour but de valider un référentiel de connaissances associées aux capacités organisationnelles pour la mise en oeuvre d’une stratégie d’administration électronique. L’administration électronique renvoie aux projets du gouvernement enligne (eGouvernement) qui touchent les processus administratifs. Notre objectif était de déterminer si la présence ou l’absence des capacités organisationnelles peut expliquer les succès et les défis de la mise en oeuvre de la stratégie.
Pour ce faire, nous avons mené une première application du référentiel sur le terrain. Nous avons réalisé une étude de cas à la Commission des normes du travail (CNT) du Québec. La CNT voit à la mise en place et à l’application des normes du travail. En 1999, celle-ci a entrepris de déployer une nouvelle stratégie de livraison des services qui capitalise sur les technologies de l’information et de la communication. Il s’ensuit une transformation majeure de l’organisation qui implique des changements dans les structures organisationnelles, les processus d’affaires et les systèmes qui supportent sa mission.
Dans un premier temps, nous avons reconstruit les évènements qui ont mené à la mise en oeuvre de la stratégie de eGouvernement d’après les témoignages d’individus qui ont participé au projet ainsi que sur l’analyse de documents. Les données ont ensuite été interprétées selon une perspective de capacités organisationnelles, à savoir : l’articulation de la capacité, son évolution au cours du projet ainsi que son rôle dans la mise en oeuvre de la stratégie de gouvernement en ligne.
Les principaux résultats confirment que la présence de capacités dans les domaines de la gouvernance des affaires et des ressources informationnelles (GOI), de la gestion des affaires (GM), de la gestion des ressources informationnelles (RI) et de la gestion de projet (GP) a facilité l’implémentation de la stratégie de eGouvernement à la CNT. Nous avons pu observer, dans ce projet, que l’intégration des affaires et des technologies de l’information a été un élément clé dans la réussite du déploiement de la nouvelle stratégie d’affaires. Cette intégration des métiers et des TI a reposé sur : la capacité du domaine d’affaires de spécifier l’architecture informationnelle, la capacité de l’informatique à proposer des applications technologiques alignées sur les objectifs d’affaires, la mise en oeuvre de mécanismes de gestion de projet qui ont favorisé l’intégration des compétences des gens d’affaires et des gens de TI, et la présence de mécanismes de gouvernance pour l’évaluation des compétences et capacités du domaine d’affaires et du domaine TI. À partir de ces observations, nous suggérons d’intégrer des modifications au cadre de référence du référentiel des capacités organisationnelles de l’administration électronique.