Auteurs
Boualem Aliouat
Abdelatif Taghzouti
Résumé
La création de valeur est un levier d’action significatif des alliances stratégiques. Toutefois, cette notion de valeur, et les mécanismes qui déterminent son origine, font l’objet d’analyses disciplinaires qui s’inscrivent parfois dans la controverse. On oppose souvent à la traditionnelle valeur financière, une création de valeur stratégique qui apporte des perspectives d’évaluation à long terme, ou une valeur substantielle plus ancrée dans une logique d’entreprise apprenante. L’objectif de cette communication est de proposer une réconciliation de ces modèles de valeur appliqués aux alliances stratégiques tout en prolongeant l’analyse par une approche néo-institutionnelle. Notre travail aboutit à la modélisation théorique de quatre comportements types (ou attracteurs de sens) dont nous présentons une interaction dynamique et réconciliatrice compte tenu du fait que ces comportements peuvent alterner, se juxtaposer ou s’opposer : l’acteur spéculateur qui détermine son action dans la recherche de la valeur ajoutée, de l’efficience ou du profit à court terme (valeur financière) ; l’acteur stratégique qui cherche à acquérir, consolider ou perpétuer un avantage concurrentiel à long terme (valeur stratégique) ; l’acteur substantiel qui se distingue par ses intentions d’apprentissage, de quête de compétences nouvelles et de ressources nouvelles mobilisables (valeur substantielle) ; et enfin, l’acteur sociétal qui engage une action de légitimation à travers un réseau social de portée éthique, de développement durable, ou de responsabilisation sociale (valeur institutionnelle).
Auteur
Cheriet Foued
Résumé
Ce travail a pour objet d’analyser les publications francophones des conférences de l’association internationale de management stratégique (AIMS) entre 1996 et 2006 et portant sur les relations inter-entreprises. Une recherche par mots clés et une analyse de contenu ont permis de sélectionner 93 articles traitant de la coopération au sens large. Une seconde étape a consisté à caractériser ces travaux selon leur méthodologie (absence de terrain, travaux empiriques, modélisation), la problématique abordée, la nature du traitement des relations interentreprises, le stade d’intervention de l’accord et le secteur concerné.
Des comparaisons partielles ont été effectuées avec les premiers résultats d’un travail en cours portant sur l’analyse bibliographique de 291 articles Anglo-Saxons traitant des alliances stratégiques. Certaines spécificités de la recherche francophone ont pu être dégagées, notamment en terme d’orientation méthodologique : Prédominance des études de cas. Enfin, nous avons discuté de quelques perspectives de la recherche francophone par rapport à son ancrage théorique et sa spécificité méthodologique.
Auteur
Ladame Sylvie
Résumé
Ce papier s'inscrit dans la problématique de l'évolution et l'émergence des fonctionnements coopératifs interentreprises et précisément entre PME (Petites et Moyennes Entreprises). Dans ce contexte émergent de nouveaux outils TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) pouvant apparaître comme une solution possible pour faciliter les échanges d'information lors de ces coopérations interentreprises. Le regroupement de PME dans des "réseaux locaux" partageant un même territoire est présenté comme un lieu privilégié pour favoriser les échanges et interactions entre les PME. Dans le cadre de "réseaux locaux de PME", d'après nos premières explorations et notre revue de la littérature en Europe, nous avons observé à la fois une instabilité des pratiques de coopérations interentreprises et des limites dans l'utilisation d'outils TIC dans ces pratiques. En juin 2005, nous avons menée une étude auprès de 24 réseaux locaux français ou SPL (Systèmes Productifs Locaux) afin de valider nos premières observations. Dans ce papier, l'objectif est double, dans un premier temps il va s'agir d'identifier et de classer ces différentes pratiques de coopérations interentreprises et dans un deuxième temps d'associer les outils TIC les plus largement utilisés. En conclusion, la mise en évidence des limites de cette étude sera l'occasion de s'interroger sur des pistes de recherches futures afin d'améliorer notre compréhension de l'utilisation des TIC dans les pratiques de coopérations interentreprises.
Auteur
Chevrier Sylvie
Résumé
L’une des conditions de réussite d’un projet de développement est la capacité des acteurs de la coopération à s’accorder sur une action collective par-delà leurs divergences de représentations. Cet article s’intéresse en particulier aux différences de conceptions des manières mêmes de travailler ensemble chez les partenaires de projets de développement franco-vietnamiens. Une recherche empirique fondée sur 40 entretiens auprès de protagonistes de deux projets principaux vise à montrer que certaines tensions vécues par les acteurs prennent sens à la lumière de leurs divergences en matière de culture politique. Cette notion définie dans le cadre théorique renvoie aux conceptions de la vie en société et aux formes légitimes de gouvernement des personnes. Dans les cas qui nous intéressent, ce sont plus précisément les représentations respectives des processus de négociation et d’animation des équipes qui s’avèrent problématiques pour les partenaires. La première partie consacrée aux résultats montre que pour les uns la négociation vise à optimiser l’objet du contrat, tandis que les autres valorisent davantage la relation de partenariat que la négociation noue. En ce qui concerne l’animation d’équipe, non seulement les manières de communiquer qui apparaissent légitimes sont différentes de part et d’autre mais surtout leurs conceptions de la répartition des rôles dans la coopération ne coïncident pas. La délégation dans le cadre d’un mandat général jugée favorable à l’appropriation du projet par les acteurs selon les uns se heurte à une attente d’accompagnement de proximité qui permet, selon les autres un meilleur transfert de savoir-faire. Nous suggérons ensuite quelques pistes pour améliorer les processus d’ajustements des acteurs qui reposent aujourd’hui sur un apprentissage empathique et empirique dont l’issue est aléatoire. Nous nous appuyons pour ce faire sur la théorie des conventions et la sociologie de la traduction qui proposent des modèles de construction d’accords dans des contextes où les univers des partenaires sont différents.
Auteur
Grimand Amaury
Résumé
L’idée selon laquelle la production scientifique, académique et la fiction, notamment la littérature générale, auraient bien plus en commun qu’on ne le suppose habituellement n’est en soi pas particulièrement originale ni nouvelle. En atteste le tournant linguistique qui se fait jour dans les sciences sociales dès la fin des années 1970. Communauté scientifique et communauté littéraire restent malgré tout séparées par des normes sociales et cette croyance qu’il y a une différence fondamentale entre la « fiction » des écrivains et les « faits » révélés par le discours des scientifiques. Qu’est ce que la narration, la métaphore, le détour littéraire ont à nous dire sur la vie des organisations ?
Cet article entend explorer le rôle potentiel de la fiction comme méthode de recherche légitime en sciences de gestion et en théorie des organisations. Nous analysons en premier lieu les relations équivoques entre fiction et sciences sociales, montrant en quoi la frontière entre les deux mérite d’être relativisée (1). Le tournant linguistique en sciences sociales et le courant narratif en stratégie nous servent de point d’appui pour souligner l’omniprésence de la fiction dans la vie organisationnelle. Dans un deuxième temps, nous envisageons la fiction comme susceptible d’enrichir simultanément notre compréhension des phénomènes organisationnels et le champ des méthodes de recherche couramment usitées en gestion (2). L’argumentation développée montre en particulier en quoi la fiction permet une prise en compte plus aiguë des univers sociaux et symboliques dans lesquels se meuvent les acteurs, tout en éclairant la complexité de l’action managériale et les différents niveaux d’interprétation qu’elle engage. Dans un troisième temps, nous soulignons que l’analyse des relations entre fiction et sciences de gestion est un détour utile permettant d’amorcer une réflexion sur le travail et le statut du chercheur (3). Les conventions d’écriture dominant la production académique, et le ton impersonnel qui est leur marque de fabrique, sont en particulier questionnées dans leur capacité à favoriser l’exercice d’une réflexivité de la part du chercheur. La faible résonance des recherches en gestion pour les communautés de praticiens est alors l’opportunité de s’interroger sur le rôle de la fiction comme vecteur possible d’appropriation des connaissances produites en gestion. La conclusion finale met en perspective le rôle de la fiction comme susceptible d’aider à renouveler les critères à l’aune desquels nous éprouvons la pertinence des théories et connaissances élaborées en gestion.
L’argumentation emprunte largement à l’oeuvre du romancier italien Italo Calvino ainsi qu’à ses réflexions sur la littérature développées dans son essai Leçons américaines. Remarquable penseur de la littérature et des rapports entre réel et imaginaire, Calvino offre en effet un regard décalé et d’une grande richesse pour qui veut appréhender les relations équivoques entre fiction et gestion.
Auteur
Roux-Morin Laëtitia
Résumé
Comment expliquer le « grippage » de la dynamique de développement de l’administration électronique en France ?
A partir d’une recherche-intervention mobilisant cinq corpus de matériaux différents, nous avons établi le constat suivant dans la branche famille : l’usage des TIC dans la modernisation des services publics est équivoque (Koenig, 1996). Or la variété des interprétations des dirigeants de services publics est aujourd’hui devenue un facteur de blocage, car elle entrave la cohérence et coordination des actions nécessaires à un usage accru des TIC.
Il convient donc pour « dégripper » la dynamique d’évolution de l’administration électronique, de discuter des différentes représentations des dirigeants pour élaborer collectivement du sens et enacter (Weick, 1979) un modèle d’usage futur des TIC dans les services publics. Dans le cas de la branche famille, cette discussion s’est opérée au sein d’une phase d’avant-projet (Gautier et Lenfle, 2004). La généralisation de cette préconisation d’action doit toutefois être discutée. En effet, si les interactions entre les acteurs sont une condition nécessaire à des modifications graduelles des représentations donc des comportements, ce n’en est pas une condition suffisante.
En conclusion, outre ses implications managériales, l’apport de cette recherche n’est pas d’indiquer d’un point de vue statique que la technologie est « énactée » par l’action des individus car cette idée est déjà présente dans des travaux structurationnistes antérieurs (Orlikowski, 1992). Notre recherche insiste davantage sur la fait que la notion d’enactment permet de mieux décrire le processus de changement (étant entendu comme un processus de variation, sélection et rétention) induit par l’introduction et l’usage des TIC au sein des caisses d’allocations familiales.
Auteurs
Leroux Erick
Pupion Pierre-Charles
Résumé
Cette recherche analyse la relation d’agence entre entreprises « externalisatrices » et prestataires. Prenant pour exemple le lien contractuel unissant les entreprises « externalisatrices en force de vente » aux prestataires de vente, elle cherche à identifier l’effet de la gestion contractuelle sur la performance de la relation d’agence.
La performance de la relation d’agence est définie par référence à l’absence de conflits majeurs et à la flexibilité du prestataire qui s’adapte aux demandes du commanditaire. Après avoir recueilli des données dans le cadre d’un questionnaire rempli par de nombreux prestataire de vente, nous établissons par régressions multiples et logistiques que le poids du commanditaire dans l’élaboration des clauses contractuelles et la nature du contrat (contrat tourné vers des mesures de résultat ou des mesures d’effort) sont autant de facteurs de performance de la relation.
Auteurs
Cheriet Foued
Le Roy Frédéric
Rastoin Jean-Louis
Résumé
Ce travail a pour objectif d’examiner l’instabilité des alliances asymétriques. Il est fondé sur une étude empirique portant sur 226 alliances stratégiques entre firmes multinationales et entreprises locales agroalimentaires en Méditerranée, établies entre 1986 et 2006. Trois résultats principaux ont été obtenus, remettant en cause partiellement la spécificité des alliances asymétriques en terme d’instabilité. D’abord, ces relations sont spécifiques par les formes et les motifs de sortie et non par le taux d’instabilité. Ensuite, l’instabilité est plus fortes pour les relations Nord- Nord que les alliances Nord-Est ou Nord-Sud de la méditerranée. Enfin, la stratégie de la firme multinationale explique dans une large mesure l’instabilité des alliances asymétriques étudiées.
Auteur
Leroy Daniel
Résumé
Le recours croissant à des structures temporaires de type projet est un phénomène largement relevé par la littérature managériale. Il se manifeste par de nombreux indices convergents : multiplication des publications et salons professionnels, foisonnement de l’offre de formation et de consultance, développement des associations professionnelles, diffusion de référentiels, de normes, de modèles dits de « maturité », etc. Des travaux plus académiques récents attestent d’une institutionnalisation du mode projet qui donnerait lieu à l’avènement d’une nouvelle « cité des projets », d’une « économie de projets »….
Cependant, la cartographie du management de projets reste encore très parcellaire et fragmentée, détaillant ici des cas symboliques en profondeur, ailleurs une thématique particulière dans un secteur donné (co-développement, management de l’innovation, management des connaissances), là des méthodes ou outils particuliers. En l’absence de perspective d’ensemble, il devient épineux de vérifier l’hypothèse d’institutionnalisation du mode projet.
Nous proposons de mobiliser les données collectées dans le cadre d’une recherche longitudinale sur les pratiques effectives en management de projets initiée depuis 1997.
Deux échantillons homogènes couvrant les périodes 1997-1998 et 2004-2006 ont été constitués et analysés de manière à tester le pouvoir explicatif du courant néo-institutionnaliste, notamment la dynamique d’isomorphisme (coercitif, mimétique et normatif) et de « légitimation ». Des indicateurs ad hoc ont été élaborés pour tenter d’apprécier si l’institutionnalisation du mode projet conduit à une réduction de la polysémie de la notion de projet, à une plus forte utilisation des outils du management de projet. De même, nous avons cherché à savoir si le mode projet est une réponse possible à l’ambiguïté des buts et à l’incertitude technologique et comment les entreprises adoptant le mode projet internalisent-elles les « pressions normatives ».
Les résultats montrent que l’on peut répondre clairement par l’affirmative aux trois premières questions. Ils montrent cependant une ligne de clivage forte entre deux modèles de conception de projet, celui de l’orthodoxie de la gestion de projets (triangle coût-délai-qualité) adopté principalement par les participants à des projets « externes » et celui du « changement » adopté majoritairement par les participants à des projets « internes ». Les variables les plus explicatives des pratiques de projet ressortent du degré d’institutionnalisation des organisations étudiées et du degré d’institutionnalisation du management de projets lui-même. Certains « prédicteurs d’isomorphisme » tels que la taille, le secteur d’activité, la fonction occupée, l’incertitude technologique et l’ambiguïté des objectifs, le degré de professionnalisation en projet, la dépendance vis-à-vis de l’Etat, etc. sont testés et discutés. Les vecteurs de diffusion de la culture projet le sont également.
Au final, il ressort qu’à la singularité initiale du concept de projet répond la prégnance des processus d’institutionnalisation tout comme le management par projets tente de concevoir et de développer des processus d’intégration à la mesure de la différenciation induite par les différents projets en cours et à venir au sein des organisations.
Auteurs
Montes Juan Carlos
Pronovost Stéphane
Résumé
Cette recherche présente une analyse de la littérature traitant des notions de capital social et de réseau. L’intérêt récent à l’égard de ces notions s’est traduit par un volume grandissant d’articles scientifiques rendant difficile la compréhension et le suivi de ce que Huff (1999) et d’autres appelleraient la « conversation ».
Nous avons identifié et étudié un ensemble de 70 articles publiés dans 12 revues savantes du domaine des sciences de la gestion, ce qui nous a permis de constater dans deux conversations centrales avec 22 articles représentatifs, que la relation entre le capital social et le réseau est prioritairement utilisée comme causale de l’un sur l’autre et en sens inverse. Ils sont contenu et contenant ou se complètent, évoluent ensemble et parfois s’opposent, mais ils ne sont pas des termes équivalents. Ils répondent à différentes questions de recherche et donc prennent des significations diverses. Leur définition comporte de la confusion, compte tenu des diverses utilisations et objets d’étude du capital social - valeur que les individus peuvent en tirer ou une caractéristique du milieu - et des différentes représentations ou sujets de référence du réseau - un outil d’analyse ou une forme de gouvernance. Ils sont utilisés aussi pour expliquer des phénomènes très divers, allants de la migration, l’entrepreneuriat, l’innovation, la stratégie, la recherche d’emploi, la migration, la structure sociale, les avantages concurrentiels, les alliances, le constructivisme ou les connaissances.
Sur le plan méthodologique, nous avons décidé de construire graphiquement des représentations des conversations, ayant considéré les thèmes des articles centraux comme déclencheurs de chaque conversation, pour ensuite associer les autres travaux qui ont contribué à la recherche et fait avancer les connaissances. La mention faite aux autres auteurs qui rentrent dans chaqueconversation implique un lien cognitif, représenté par une flèche, en partant de celui qui influence le travail de l’autre. De cette façon, nous avons vu apparaitre le réseau de concepts reliés autour de sujets précis. Pour faire la synthèse de toutes ces conversations, nous avons utilisé une méthode de catégorisation inductive qui montre bien les diverses façons d’association entre les termes capital social et réseau.
Nous concluons par le choix et l’association de ces deux concepts qu’il est possible au chercheur de prendre une posture et un appareillage qui lui permettent d’analyser et de placer les données dans un cadre explicatif afin de les utiliser de façon complémentaire et équilibrée pour expliquer des phénomènes que leur complexité renferme. Cependant, l’ambigüité existante peut nuire aux conversations, il faut avoir clarté dans le choix par rapport à la conversation dans laquelle le chercheur veut y participer.
Auteurs
Stervinou Sandrine
Legrand Céline
Résumé
Cette étude de cas a pour objectif de mettre en lumière une phase critique du développement d’un réseau, celle de la crise de croissance, résultant de l’adhésion de nombreux nouveaux membres. Cette recherche s’inscrit dans le paradigme émergent des recherches portant sur les réseaux. Plus précisément, cet article s’intéresse à comprendre, suite à l’adhésion de nouveaux membres, les implications de l’émergence d’une vision du réseau différente et concurrente de celle d’origine, d’une part au niveau des types de stratégie de collaboration mis en oeuvre, et d’autre part au niveau de la politique de développement privilégiée. À notre connaissance, cet aspect des réseaux reste peu étudié à ce jour. Dans le cas analysé, à cette étape critique du développement s’affrontent deux conceptions différentes du réseau, la première ‘idéaliste’, présente à l’origine et partagée par les membres fondateurs, et la deuxième ‘pragmatique’ résultant de l’intégration ultérieure de nouveaux membres ayant des motivations différentes à adhérer. La résolution de cette crise, où s’affrontent les visions ‘idéaliste’ et ‘pragmatique’ adoptées par les membres – représente aujourd’hui un défi en ce qui concerne l’avenir du réseau au niveau de son fonctionnement et de son développement. L’analyse de cas montre que la première, qui privilégie les valeurs des fondateurs et se traduit par un partenariat à caractère socio-économique, ne peut être préservée qu’en contrôlant la croissance et la taille du réseau, en limitant le nombre de membres tous soigneusement sélectionnés sur la base de leur adhésion aux valeurs fondatrices de contribution au développement régional et d’entraide entre membres. La deuxième, qui pour sa part reflète les motivations principalement commerciales des membres récents et privilégie un partenariat à caractère économique, est en faveur de la croissance rapide du réseau à travers l’adhésion de nombreux nouveaux partenaires, en s’amendant et se libérant de la vision fondatrice, tout en professionnalisant davantage la gestion du réseau.
Auteurs
Roux Karine
Bornarel Frédéric
Résumé
A partir de l’analyse de trois situations d’impartition de compétences en mécanique spéciale, cette recherche montre que la confiance et le contrôle influent sur la trajectoire empruntée par l’impartition du fait de la nature et la dynamique, et constituent donc un mode de pilotage de la relation de coopération.
D’une part, ce mode de pilotage qui repose sur une combinaison et non sur une alternative entre confiance et contrôle.
D’autre part, initiée par la contractualisation, la confiance interpersonnelle doit être non seulement rapidement enrichie par des investissements et des renégociations régulières (implication et dépendance fortes de partenaires), mais également soutenue par un contrôle informel ou peu formel.
Ainsi, cette dynamique conduira à l’émergence d’innovations, d’amélioration et d’apprentissages au sein de la coopération.
Auteur
Loubaresse Elodie
Résumé
Cette contribution, basée sur l’étude d’un cas unique, vise à mettre en exergue l’intérêt d’une analyse des brokers de réseau à la lumière du concept d’encastrement (Granovetter, 1985). Ce questionnement autour des brokers de réseau est né dans le champ des réseaux locaux d’entreprises, aujourd’hui au coeur de la politique industrielle française comme tendent à le prouver les récentes initiatives des pôles de compétitivité ou des systèmes productifs locaux. Ces phénomènes de réseaux locaux rassemblent entreprises d’un même secteur, partenaires publics, acteurs de la recherche et de la formation autour de projets collaboratifs. Leur développement passe très souvent en France par une structure formelle d’animation et de pilotage du réseau, généralement de forme associative. Le concept de réseau productif local (Powell et Smith-Doerr, 1994) nous semble pertinent pour aborder ces phénomènes en ce qu’il permet d’une part d’intégrer la riche littérature qui s’est développée depuis les années quatre-vingt tant sur les districts industriels (Becattini, 1990) que sur les clusters (Porter, 2000), tout en dépassant les querelles conceptuelles qui peuvent exister entre ces concepts. En étudiant le pilotage d’un type de réseau interorganisationnel particulier, nous inscrivons nos travaux dans ce champ. Nous mobilisons le concept de broker de réseau qui y a été forgé (Snow, Miles et Coleman, 1992 ; Human et Provan, 2000), qui bénéficie d’un éclairage complémentaire dans le cadre des réseaux locaux. Au-delà de la vision du broker de réseau comme « boîte noire », nous abordons ici le concept en profondeur en prenant en compte ses caractéristiques, son contexte et plus spécifiquement son encastrement, sous ses formes structurelle, politique et culturelle (Zukin et DiMaggio, 1990). Nous montrerons l’intérêt d’une approche en termes d’encastrement en nous appuyant sur l’étude approfondie d’un réseau productif local du secteur français de l’emballage, le CEPIEC, Centre d’Expertise et de Promotion des Industries de l’Emballage Conditionnement, et de sa structure broker. Notre étude de cas est basée sur l’analyse de données qualitatives, recueillies par entretiens semi-directifs, complétées dans une optique de triangulation par des données d’observation et des données secondaires, en l’occurrence des documents d’archives du réseau. Nous mettrons ainsi en évidence que l’encastrement du broker à différents niveaux, apparaissant comme contrainte et opportunité pour son action, doit être intégré aux réflexions des brokers et partenaires de ces réseaux.
Auteurs
Grenier Corinne
Pauget Bertrand
Résumé
Les organisations réticulaires se révèlent être éminemment relationnelles. Dès lors, la mise en place d’un pilotage relationnel peut apparaître comme un élément de cohérence et de structuration pour l’organisation. Pourtant, ce pilotage relationnel se heurte à la diversité des acteurs composant ce type d’organisation qui a pour caractéristique d’être réticulaire (variété des relations et des degrés et modes d’implication) et distribuée (maintien de la diversité des pratiques et des identités des acteurs). Nous proposons un pilotage de type normatif par les normes (permettant l’émergence de la structuration de l’organisation) et pour les normes (autorisant leur circulation et leur distribution).
Nos questions de recherche s’articulent autour de la construction du pilotage relationnel normatif et aux dispositifs, procédures et acteurs spécifiques qui permettent de soutenir ce pilotage d’une organisation. Notre approche inductive et qualitative se base sur l’analyse d’un réseau de santé de l’Est de la France étudié durant la période critique de lente structuration initiale. Nous discutions de la possibilité de mobiliser les normes dans une optique intentionnelle et nous proposons des implications managériales.
Auteur
Belalia A. Mounim
Résumé
Le réseau représente une forme d’organisation qui suppose la double représentation par des flux d’informations parallèles à des flux de relations (Pesqueux, 2002). Les réseaux d’entreprises, en particulier, sont caractérisés par l’utilisation de systèmes d’information inter-organisationnels qui expriment le lien entre des processus qui traversent les frontières de l’organisation (Aubert et Dussart, 2002).
Ces systèmes permettent des échanges de données qui correspondent à des contraintes et des opportunités de coopération entre les acteurs (Voisin et al., 2004). Les réseaux d’organisations constituent donc la rencontre de technologies et de modes de travail basés sur des flux de données et de relations qui vont au-delà des frontières classiques de l’entreprise.
Nous proposons dans cette communication d’analyser la dimension organisationnelle et technologique du réseau au travers de l’étude de trois attributs relationnels : la coopération, la confiance et le contrôle. Cette analyse nous conduira à une vision stratégique du réseau inter-organisationnel qui met en avant la codétermination entre les deux dimensions. Une telle vision introduira une lecture différente de l’alignement stratégique en donnant place aux attributs relationnels comme facteurs déterminants dans l’évolution du réseau.
Pour ce faire, nous nous appuyons sur la revue de la littérature et sur une expérience de mise en place d’un réseau interbancaire d’échange de données. Nous étions en effet intervenu parmi les équipes de maîtrise d’oeuvre dans la mise en place d’une solution d’échange de données entre les banques, ce qui s’est étalé sur dix-huit mois de travail. Des entretiens à posteriori, réalisé auprès des acteurs de ce système nous permettent la validation des observations sur le terrain.
Auteurs
Cimon Yan
Hébert Louis
Papadopoulos Andrew
Résumé
Dans quelle mesure les capacités des organisations déterminent-elles leur collaboration? Cette communication propose que l’effet des capacités sur la collaboration peut être relié à l’émergence d’une vision de la firme centrée sur les capacités (p.ex. Eisenhardt et Martin, 2000, Foss, 1996), cette dernière prenant à son tour ses racines dans la vision centrée sur les ressources (Penrose, 1959, Wernerfelt, 1984). Aussi, la théorie suggère que les capacités des organisations peuvent constituer le moteur de leur collaboration en ce que cette dernière entraîne des interactions visant à permettre un accès à d’autres combinaisons de capacités (voir Véry et Arrègle, 1996) donnant potentiellement lieu à un avantage concurrentiel.
Nous partons ici d’une définition ancrée dans les travaux d’Afuah (1998) qui pose la capacité comme l’habileté à réaliser une activité. Les capacités des organisations peuvent résider à l’intérieur de leurs frontières (p.ex. Collis, 1994) ou à l’extérieur de celles-ci (p.ex. Kogut, 2000). Suite à une revue étendue de la littérature, il apparaît que la relation entre capacités et collaboration reste à préciser davantage notamment à l’intérieur des réseaux dont l’organisation fait partie. Nous nous trouvons donc confronté à deux types de capacités : les capacités extrinsèques et les capacités intrinsèques. Les capacités intrinsèques résident à l’intérieur des frontières de l’organisation. Elles proviennent de ses habiletés (p.ex. Hitt, Dacin, Levitas, Arregle, et Borza, 2000) et de son expérience (p.ex. Gulati, 1999) en matière de collaboration. Quant à elles, les capacités extrinsèques résident à l’extérieur des frontières organisationnelles. Elles font référence à l’encastrement structurel et à l’encastrement relationnel (Rowley, Behrens, et Krackhardt, 2000) de l’organisation.
Nous étudions un échantillon de 37 organisations militaires ayant interagi au cours d’une période de 10 ans à partir de bases de données publiques colligées par le Stockholm International Peace
Research Institute. Nous utilisons la méthode d’analyse de réseaux sociaux. Dans un premier temps, nous construisons le réseau afin d’en effectuer une première analyse préliminaire rapide (McGrath, Krackhardt, et Blythe, 2003). Dans un second temps, nous procédons à une analyse nodale du réseau (Fombrun, 1982) à l’aide des techniques d’analyse de données panel. Notre variable dépendante est la collaboration, alors que nos variables indépendantes sont les capacités intrinsèques (expérience, habiletés) et les capacités extrinsèques (encastrement structurel, encastrement relationnel). Nous trouvons que l’encastrement structurel affecte la collaboration de manière significative. Les capacités intrinsèques pour leur part, si elles sont importantes pour les acteurs oeuvrant dans le contexte des organisations militaires, ne sont pas significativement associées à la collaboration.
Auteur
Gardet Elodie
Résumé
Les conflits érodent la confiance, réduisent la satisfaction des collaborateurs, empêchent de mener à bien le projet d’innovation en temps voulu et affaiblissent le niveau d’engagement dans la relation (Cullen, Johnson et Sakano, 1995). Les organisations mettent donc en place des mécanismes permettant de résoudre le plus rapidement possible ces situations de conflit (Mohr et Spekman, 1994 ; Iniesta, 1999 ; Gray, 2001 ; Tuten et Urban, 2001 ; Puthod et Thévenard-Puthod, 2006).
Bien que la littérature sur les relations interorganisationnelles adopte depuis quelques années une approche dynamique pour comprendre le fonctionnement des alliances, les recherches s’effectuent principalement au bénéfice de la question du « pourquoi » et non du « comment ». Les raisons de l’existence des relations interorganisationnelles ont été relativement plus traitées que celles de l’évolution et des principes de management comme les mécanismes de résolution de conflits. Notre article s’inscrit dans le prolongement des travaux de Mohr et Spekman (1994) et Tuten et Urban (2001) qui traitent du lien entre mécanismes de résolution de conflit et degré de satisfaction des partenaires.
Notre contribution vise à analyser le rôle modérateur du « stade d’avancement » du projet d’innovation et des « types de collaborateurs » du réseau d’alliances sur les mécanismes de résolution de conflits. Nous avons réalisé une analyse processuelle et dynamique, sur 12 mois, de sept projets d’innovation. Notre recherche est de nature exploratoire, dans le sens où la littérature n’a jusqu’ici pas développé d’hypothèses précises quant au rapport entre résolution de conflits, « stade d’avancement » du projet et « types de collaborateurs ».
Notre recherche montre notamment que les mécanismes utilisés avec les partenaires techniques et financiers sont plutôt « doux » (résolution conjointe et persuasion) alors qu’avec les collaborateurs industriels et commerciaux ils sont plutôt « durs » (coercition, sanction et arbitrage extérieur). De plus, en stade amont du projet d’innovation, les collaborateurs privilégient les mécanismes plutôt « doux » qui se durcissent avec l’avancement du projet.
Auteur
Navarro Flores Olga
Résumé
Dans les années 1990, lorsque le mot « partenariat » fait irruption dans le secteur de la coopération internationale au Nord, les organisations du Sud sont soudain promues au rang de « partenaires » par les organisations du Nord. Fait inédit jusque là, les organisations du Nord et du Sud se donnent des objectifs communs et des résultats à atteindre, et commencent à travailler dans une perspective de programme à long terme et de résultats attendus. Pour les observateurs les plus critiques, cette nouvelle terminologie n’est qu’un voile derrière lequel les organismes de coopération internationale se laissent instrumentaliser par le néolibéralisme montant. Pour ces auteurs, il est paradoxal de parler de « partenariats » dans le secteur de la coopération internationale, parce que l’adoption d’une rhétorique égalitariste ne change guère les rapports de pouvoir entre les parties, et risque même de les camoufler. Or, d’autres auteurs montrent qu’au-delà d’une dimension rhétorique, il existe bel et bien une nouvelle manière de faire entre les acteurs du Nord et du Sud. Ainsi, nous arguons que le véritable paradoxe réside dans le fait que, dans un contexte de rapports inégaux Nord Sud, et malgré ce contexte, les acteurs de la coopération internationale établissent des relations vraisemblablement partenariales, mais comment le font-ils? Comment les acteurs du Nord et du Sud construisent-ils leurs relations de partenariat dans un contexte de rapports de pouvoir inégaux? Voici la question à laquelle nous répondons dans cette présentation. À partir de l’étude des représentations sociales des acteurs de deux organisations québécoises et cinq organismes partenaires guatemaltèques, nous illustrons comment les partenariats, tels qu’ils sont construits par les acteurs du Nord et du Sud, ne constituent pas une relation égalitaire, mais plutôt un espace de négociation et de partage des pouvoirs entre les acteurs.
Auteur
Géraudel Mickaël
Résumé
Si de plus en plus de recherches traitent du réseau personnel des dirigeants d’entreprises, peu de travaux étudient le rôle de la personnalité de ces dirigeants dans la mobilisation de leurs réseaux personnels. Les quelques contributions s’y intéressant ne considèrent la personnalité du dirigeant que comme un simple antécédent de ce réseau. Or, quinze entretiens exploratoires réalisés avec des dirigeants de PME nous ont permis de mettre en évidence le caractère hérité, et non construit, du réseau personnel. Au travers de notre approche abductive, il est mis en exergue que ce qui compte dans l’obtention des ressources relationnelles, ce n’est pas tant la structure du réseau personnel de l’individu mais plutôt la manière dont ce réseau est exploité. Nous proposons donc en principal résultat de cette contribution, une reconsidération du lien existant entre le réseau personnel du dirigeant de PME et l’accès aux ressources relationnelles, la personnalité du dirigeant de PME ne devant plus être considérée comme un antécédent mais plutôt comme un modérateur de ce lien.
Auteur
Imikirene Kamel
Résumé
Les recherches en entrepreneuriat abordent la création d’entreprises sous différents angles : le niveau micro, avec comme objet d’étude l’entrepreneur en tant qu’individu, considère la création d’entreprises comme produit d’une individualité particulière, et le niveau macro, ou environnemental, où les facteurs sont externes à l’entrepreneur mais déterminants dans cette création. Cependant, cette dichotomie a été largement remise en cause, notamment après le texte fondateur de Mark Granovetter sur l’encastrement social de toute activité économique, qui critique aussi bien la sous-socialisation de l’un que la sur-socialisation de l’autre. Dans cette nouvelle sociologie économique, la création d’entreprise est posée comme un phénomène social prenant en considération le capital social et les réseaux sociaux de cet entrepreneur. Cependant, malgré ce nouveau regard sur l’entrepreneuriat, dominent des approches purement structurales de l’encastrement, évacuant ainsi le fonctionnement interne des réseaux sociaux, tant la nature des ressources échangées que les logiques sous-jacentes de ce fonctionnement n’ont pas été suffisamment pris en considération. C’est donc pour mieux comprendre la construction sociale des entreprises innovantes que nous nous sommes intéressé au rôle des structures d’accueil et d’accompagnement comme dispositif de médiation dans l’accès aux ressources sociales et la nature de ces ressources échangées, et ce à travers des entretiens semi-directifs sur une dizaines d’entreprises et de structures d’aide à la création.
Les premiers résultats, de notre étude qui est toujours en cours, nous indiquent clairement que la création d’une entreprise innovante n’est pas simplement le fait d’un individu isolé mais l’aboutissement d’une construction collective de plusieurs parties, qui implique aussi bien le porteur de projet que des organismes d’aide à la création. Aussi, les ressources sociales, non marchandes, sont des ressources stratégiques pour réussir la création, des ressources auxquelles on n’accède pas seulement avec son réseau personnel mais les structures d’accompagnement prennent un rôle de médiation qui permettent d’y accéder.
La création d’entreprise est donc un phénomène complexe qui dépasse le seul individu pour inclure d’autres entités et d’autres ressources non-mobilisables par son seul réseau personnel.
Auteur
Nicolas Arnaud
Résumé
La transformation des systèmes de production des biens et services a entraîné une croissance sans précédent du nombre d’accords de coopération contractuelle (Montmorillon, B., 1989) tout autant qu’une intensification des modes de concurrence (D'aveni, R.A., 1995). Cette double conséquence tend à faire de l’organisation et de la gestion des relations interorganisationnelles un élément central de la survie des entreprises modernes.
Le cas des entreprises de transport de meubles neufs auquel nous nous intéressons dans nos travaux est de ces deux points de vue particulièrement instructif. Notre travail de terrain nous a conduits à constater que ces entreprises, qui se sont confrontées plus tard que d’autres secteurs à la problématique de la modernisation de leurs organisations, transforment progressivement non seulement leurs propres processus internes de fonctionnement, mais se voient également contraintes de densifier, en collaboration avec leurs clients les plus industrialisés, l’agencement organisationnel (Girin, J., 1995) en charge de la réalisation de la relation interorganisationnelle.
L’objectif de cet article est de montrer en quoi une approche communicationnelle des relations interorganisationnelles peut être pertinente pour comprendre le rôle des acteurs et des outils de gestion dans cette dynamique. Partant des approches traditionnelles développées en sciences de gestion, nous montrons leurs insuffisances à expliquer les phénomènes de coopération interorganisationnelles à un niveau opérationnel car elles ne s’intéressent pas à son coeur : les interactions entre opérateurs en charge de sa réalisation. Nous posons ainsi que l’articulation acteur/outil/coopération ne peut être étudiée en dehors de l’étude des processus communicationnels de ces individus. Ces processus permettent de construire la coopération. Dans cette perspective, nous proposons un cadre conceptuel s’appuyant sur le modèle discursif de l’organisation développée par TAYLOR (1993) et prolongée par COOREN (2000) et la littérature sur les compétences collectives (Chédotel, F., 2004, Krohmer, C., 2005), pour comprendre à la fois les processus de construction, et les productions directement observables de ces phénomènes coopératifs se matérialisant empiriquement par les échanges langagiers. Nous posons que les théoriciens de la communication proposent un outil théorique très intéressant pour l’analyse de ces processus de communication, mais restent discrets sur ce qu’ils produisent en termes de convention, de savoir-faire communs stabilisés. À l’inverse, chez les théoriciens de la compétence collective, on voit ce que peut être cette compétence collective, mais on ne voit pas toujours bien d’où elle vient et comment elle se construit. Ces deux littératures complémentaires doivent nous permettre de comprendre la construction et la manifestation d’une intelligence collective à travers les conversations des individus. Nous montrons alors en quoi la mise en relation d’acteurs et d’outils participe à la construction d’un agencement organisationnel venant soutenir la dynamique coopérative des relations interentreprises. Nous illustrons cette proposition théorique par l’analyse d’une conversation entre deux opérateurs d’un fabricant de meubles et son prestataire logistique. L’approche proposée, parce qu’elle fournit un cadre pertinent de compréhension des processus de construction du fonctionnement inter-organisationnel ainsi qu’une compréhension de ces dynamiques collectives, constitue une voie prometteuse de l’action en entreprise en permettant d’articuler des propositions d’animation et de design de ces collectifs interorganisationnels. La conclusion expose les différents apports du modèle théorique proposé et esquisse la démarche méthodologique adaptée à sa mobilisation.
Auteurs
Renault Michel
Renou Yvan
Résumé
Dans une large mesure la firme partenariale peut être considérée comme une unité multi-fonctionnelle, pluraliste et légitimée produisant une valeur ajoutée et remplissant des fonctions socio-économiques diversifiées pour différents partenaires. Pour appréhender ces différentes dimensions de la firme partenariale nous mobilisons l'approche transactionnelle de l'action issue du pragmatisme américain. Cette approche, en mettant l'accent sur les processus communicationnels inhérents à toute forme d'action collective permet de prendre en compte les dimensions relationnelles de la firme partenariale et les processus de négociation des moyens et des finalités entre acteurs aux intérêts divergents et aux attentes diversifiées. L'approche transactionnelle rend compte de la construction commune d'une réalité partagée et d'un futur commun possible à travers les relations de dépendance, de conflit et d'ordre. Il s'agit alors pour les voix plurielles engagées de négocier la réalité; le modèle partenarial est donc plus un modèle de négociation qu'un modèle de gouvernance.