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Gomes da silva José roberto, Wetzel Ursula

Auteurs

Wetzel Ursula

Gomes da Silva José Roberto

Résumé

Dans les études organisationnelles, on observe, dans les dernières décennies, un intérêt croissant sur la signification du temps (HASSARD, 1996, 2001, 2002 ; JO HATCH, 2002 ; KELLEMBERG et EPSTEIN 2001). Particulièrement quant aux situations de changement organisationnel, la notion de temps semble être à l'essence de la manière comme les individus construisent la signification des expériences vécues, cherchant à se situer comme sujets (WEICK et QUINN, 1999). Les changements organisationnels étant des situations dans lesquelles les individus ont tendance à séparer leurs perceptions sur la réalité entre le temps « avant » et le temps « après », il est commun les récits qui projettent des images positives ou négatives du passé pour faire face aux défis et aux difficultés du présent et aussi atténuer le manque d’expectatives quant à l'avenir. (SILVA et WETZEL, 2004). Dans ce procédé, le présent et le futur ont tendance à être référencés comme des temps qui s'opposent ou qui se complètent, faisant ressortir de diverses manifestations discursives parfois nostalgiques, parfois d’aversion au passé ou de nostophobie (STRANGELMAN, 1999 ; YBEMA, 2004). Cette étude se propose de jeter un regard plus attentif sur le sens établi par les individus dans les situations de changement organisationnel, prenant comme référence principale les concepts de nostalgie et nostophobie (BROWN et HUMPRHEYS, 2002, GABRIEL 1993, STRANGELMAN, 1999; YLIJOKI, 2005).
La recherche est basée sur un ensemble de données obtenues au moyen de 133 interviewes approfondies, réalisées dans les années 2000 et 2001, avec des personnes ayant participé aux changements dans huit organisations situées dans la région sud-est du Brésil.
Les conclusions suggèrent qu'une articulation entre le passé, le présent et le futur, semble être particulièrement importante pour ceux qui ont vécu la situation de transformation, car elle donne sens et fondement des actions présentes et des attentes sur le temps futur. C'est dans ce groupe que le phénomène de nostalgie peut s'installer. D'un autre côté, l'aversion au passé peut être manifesté par n'importe quel participant, avec une emphase plus forte dans la partie administrative, une fois que sa fonction principale est d'éliminer les pratiques du passé, donnant légitimité aux actions présentes et futures.
L'évaluation et le sens attribués aux situations du passé et du présent dépendent encore du type de changement (radical ou non) et du regard sur le temps futur. D'une forme générale le sentiment de rupture irréparable typique des changements radicaux, font que les individus se servent d'une image du passé comme une référence nostalgique ou à être rejeté, afin de pouvoir surmonter les difficultés et les inconsistances du présent ou pour pouvoir se reprendre à partir d'une insertion dans le nouveau contexte. Dans les situations de changements non radicaux, quand le passé se montre moins irrécupérable, les références à lui deviennent plus fluides et ponctuelles et le présent acquiert un caractère plus transitoire, une fois que les changements réalisés peuvent venir à s'inverser dans le futur. Dans ces derniers cas, la nostalgie et la nostophobie cèdent la place à une analyse plus rationnelle à propos du contexte actuel et la comparaison entre le passé et le présent sert de base à la réflexion, pour que les sujets développent des sentiments d’avoir la maîtrise de leur présent et de leur avenir.
Dans les cas étudiés, plus que des expressions de sentiments, nostalgie et nostophobie fonctionnent comme des ressources langagières parfois conscients, parfois moins délibérés, lesquels aident les individus à construire du sens sur leurs trajectoires et, si possible, à avoir plus d'influence sur leur réalité.