AIMS

Index des auteurs > Surply Joëlle

Surply Joëlle

Auteur

Surply Joëlle

Résumé

La coopération interentreprises « nord-sud » s’inscrit dans une logique de création de valeur par enrichissement de savoirs et de compétences, appuyé sur l’asymétrie entre partenaires. L’asymétrie fonde la coopération « nord-sud ». Elle se comprend à la fois comme un écart et comme un lien. L’écart est qualitatif, lorsqu’il s’entend de compétences de natures différentes, entendues comme ce que chaque entreprise sait faire. Il s’agit, le plus souvent, de savoirs et de compétences technologiques et managériales « nord » articulées ou combinées à la connaissance du marché et de l’environnement « sud ». L’écart est quantitatif, alors qu’il se révèle au niveau de la dimension des firmes, de leur réputation internationale, de la richesse et de la variété de leur portefeuille de savoirs et de compétences. L’écart est insuffisant pour justifier la coopération s’il n’est pas complété par le lien, qui s’opère au niveau de la complémentarité de compétences et dans la réalisation d’un objectif commun.
L’objectif de cette recherche est la compréhension des manières de concevoir et d’agencer les dispositifs organisationnels, relationnels et contractuels qui aboutissent, dans la coopération, au transfert et à la construction des savoirs et des compétences nécessaires à la réalisation des activités communes, en créant davantage de valeur que d’autres arrangements, hiérarchie ou marché. La démarche, qualitative, vise un objectif de compréhension qui consiste à « reconstituer par empathie, les motifs et le vécu des sujets agissants ». Quatre études de cas appréhendent, pour partie par les récits des acteurs, responsables d’entreprises ou d’institutions, la réalité des acteurs par les discours qu’ils délivrent.
Au cours de l’exploration hybride, deux situations de coopération se dessinent. L’une d’entre elles correspond plutôt à un mode de gouvernance des transferts de compétences « par autorité », analysé selon « le prisme de la méthode ». Il accorde la primauté à l’exploitation et à la reproduction de savoirs et de procédures existants dans des situations maîtrisées. L’autre situation est étudiée selon « le prisme de la complexité ». Les récits des acteurs « nord » et « sud » évoquent la perception de complexité marquée par les enchevêtrements de savoirs et de relations, l’impossibilité d’identifier des signes, porteurs de sens, permettant compréhension et action. Toutefois, la complexité est également voulue et construite par les partenaires. Elle se définit à lafois comme manque irréductible de connaissance et comme variété, potentialité d’innovation. La compétence recherchée chez le partenaire est alors celle qui permet de dénouer les fils de la complexité pour conduire les opérations de coopération, ou, à l’inverse, de les tisser pour construire de nouvelles situations et/ou inventer de nouvelles solutions qui contribuent à créer de la valeur, et partant, un avantage concurrentiel à la coopération. Le mode de gouvernance par « compétences associées » traduit le transfert et la construction de compétences dans les interactions et les interdépendances, renforcées par le rôle de chaque partenaire dans l’apprivoisement de la complexité.