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Seville Martine

Auteur

Séville Martine

Résumé

L’article a pour objectif d’inviter à réintégrer, dans une théorie de l’action des dirigeants, une variable explicative assez largement oubliée jusqu’à présent : leur patrimoine d’habitudes.
Nous souhaitons dépasser la vision généralement négative du rôle des habitudes dans le comportement des acteurs, que reflète notamment l’expression « biais d’habitude », en nous inscrivant dans une approche plus large du concept d’habitudes, inspirée des travaux de Kaufmann (2001) et de Lahire (2001).
Si les actions des dirigeants sont influencées, comme cela est traditionnellement admis, par des motivations calculatoires, disciplinaires et des dimensions cognitives, nous estimons qu’elles le sont également par leurs habitudes de penser, de juger, et de se comporter, qui constituent des programmes ou des plans d’action qu’ils ont intériorisés et incorporés.
La variable « patrimoine des habitudes des dirigeants » a donc une place dans les modèles d’action, en tant que variable explicative à part entière, sous la double condition d’accepter une approche située, au quotidien de l’action des dirigeants, et de reconnaître le rôle, dans leurs actions, de processus extra-rationnels tels que le jugement et l’intuition.
En tant que déterminant de leurs actions, le patrimoine des habitudes des dirigeants pourrait constituer une ressource de l’organisation, tacite et difficilement imitable, contribuant à concilier les objectifs des dirigeants et ceux de l’organisation ainsi que la continuité et le changement.