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Brion Sébastien, Favre-bonte Véronique, Mothe Caroline

Auteurs

Brion Sébastien

Favre-Bonté Véronique

Mothe Caroline

Résumé

Un consensus semble se dégager dans la littérature sur le fait que la survie des entreprises est de plus en plus conditionnée par leurs aptitudes à explorer de nouvelles pistes technologiques et, simultanément, à exploiter et rentabiliser au mieux les acquis dont elles disposent.
Cette double exigence (ou ambidextrie), déjà ancienne dans le champ du management de l’innovation, a été largement étudiée. Les recherches existantes sur l’ambidextrie (Tushman et O’Reilly, 1996 ; Gibson et Birkinshaw, 2004 ; He et Wong, 2004 ; Jansen et al., 2005) montrent le lien entre celle-ci et la performance des entreprises et insistent sur l’importance de mettre en place des structures séparées et différenciées, intégrées par les équipes de direction (Smith et Tushman, 2005). Toutefois, elles ne montrent pas concrètement comment articuler différenciation et intégration (Lawrence et Lorsch, 1973), n’analysent pas l’ambidextrie au niveau de la séparation des activités de recherche et des activités de développement et présentent les formes ambidextres comme « pures », alors que de nombreuses formes « mixtes » existent.
Cet article propose, à travers une recherche de type exploratoire menée au sein d’un groupe industriel français (SEB) lors de la mise en place d’un changement organisationnel, non seulement de décrire les différentes formes d’ambidextrie qui le compose mais également de contribuer à une meilleure compréhension des difficultés que rencontrent les groupes multi-activités pour maintenir un niveau élevé d’innovations à la fois d’exploitation et d’exploration. La question qui nous anime est donc la suivante : quelles formes d’ambidextrie mettre en place pour combiner les deux types d’innovation et s’inscrire dans un régime d’innovation continue ?
Nos résultats mettent en évidence deux apports majeurs. Premièrement, le groupe SEB combine plusieurs formes d’ambidextrie (contextuelle, structurelle et de réseau) et met peu à peu en place une forme d’ambidextrie hybride. Les différentes formes d’ambidextrie doivent être astucieusement combinées afin de parvenir à réaliser des innovations d’exploitation et d’exploration. Deuxièmement, le type d’ambidextrie structurelle adoptée par le groupe SEB, à savoir des structures séparées et autonomes distinguant d’un côté la Recherche, de l’autre le Développement, s’éloigne de l’ambidextrie structurelle telle qu’elle est définie dans la littérature (Benner et Tushman, 2003 ; Gibson et Birkinshaw, 2004 ; O’Reilly et Tushman, 2004). Nous terminons en proposant des mécanismes d’incitation et de management qui pourraient faciliter l’innovation continue dans des structures « multi-ambidextres ».