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Lavagnon a. Ika

Auteur

Ika Lavagnon A

Résumé

Les études sur le succès des projets, bien qu’elles passionnent plus d’un, n’ont abouti à un consensus ni sur la définition du succès, ni sur la façon de le mesurer. Le succès des projets est aussi une affaire de perception et de divergence de perspectives. En outre, une certaine dichotomie semble exister entre succès de la gestion de projet (GP) (project management success) et succès des projets (project success). Deux des objectifs de la GP se prêtent facilement à la mesure : délai, coût; alors que les objectifs du projet tels que la satisfaction des parties prenantes sont plutôt difficiles sinon impossibles à mesurer. Les aspects hard du succès des projets sont tangibles, objectifs, mesurables et en osmose avec la réalisation du projet alors que les aspects soft sont subjectifs, subtils et plus difficiles à mesurer. En raison d’une telle ambiguïté, le succès des projets pose des difficultés de taille aux chercheurs. Certains auteurs considèrent que la recherche sur le succès des projets ne repose pas sur des fondements théoriques et conceptuels solides. D’autres l’accusent même de souvent proposer une théorie universelle applicable à tous les projets. Faut-il alors adopter une approche universelle ou plutôt contingente de la recherche sur le succès des projets ? Certes le triangle vertueux délai, coût, qualité semble être le paradigme dominant en GP pour aborder le succès des projets. Mais son étroitesse ne fait plus l’objet d’aucun doute. Réduire le succès des projets au succès de la GP, c’est faire l’apologie du quantitatif et de l’universel dans les études sur le succès des projets. Or, trouver une formule pour une mesure sans équivoque du succès, relève de l’utopie. Il est, en effet, loin d’être évident que les critères et les facteurs de succès transcendent les projets et les différentes parties prenantes dans le temps et dans l’espace, compte tenu de l’unicité des projets et de la spécificité de leur contexte de gestion. Le succès de la GP est également une vision mécaniste du succès des projets où l’on recherche la « seule et meilleure façon » (one best way de Taylor) de faire les choses. Adopter une approche universelle ne doit pas nécessairement signifier qu’il existe une seule et meilleure façon de gérer et de réussir les projets. Adopter une approche contingente ne doit pas nécessairement signifier qu’il existe une parfaite différence entre les projets et leur succès. Les deux approches ne sont ni antinomiques ni paradoxales : elles sont plutôt complémentaires comme le sont les aspects hard et les aspects soft du tout projet. En somme, pour plus de pertinence et d’impact de la recherche sur le succès des projets tant en théorie qu’en pratique, il faut une approche universelle contingente si l’on ose cette variété d’oxymore. C’est donc à une recherche sur le succès des projets plus contingente où l’universel et le spécifique se côtoient, s’affrontent et se complètent et où l’accent sur l’un ou l’autre dépend du contexte et du type de projet, que nous faisons appel.