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Curchod Corentin, Rigaud Emmanuelle, Seraidarian Fabien

Auteurs

Curchod Corentin

Rigaud Emmanuelle

Seraidarian Fabien

Résumé

Cet article propose de contribuer à la réflexion sur les frontières organisationnelles en s’inspirant des cadres d’analyse fondés par les géographes et historiens sur la notion de frontière. Il montre que le champ de la dynamique organisationnelle et stratégique gagnerait à intégrer la distinction usuelle dans les travaux d’histoire et de géographie entre la « borne » et la « zone frontière » pour, au-delà d’un simple constat, apprécier la complexité et maîtriser l’impact de décisions stratégiques sur l’organisation. La notion de « borne » renvoie à des décisions prises par une autorité centrale, consistant à réorganiser le territoire avec un objectif de meilleur contrôle, d’économie et d’efficience. La notion de « zone frontière » caractérise les interactions existantes ou émergentes entre des groupes qui ont des intérêts différents et / ou un rapport de force inégal. Une zone frontière n’est pas décidée : elle existe de fait partout où le « dedans » considère qu’il y a un « dehors » qui n’est pas lui. Ces zones peuvent être conflictuelles ou coopératives, elles peuvent correspondre ou non aux bornes fixées par le pouvoir central. Dans tous les cas, bornes et zones frontières s’influencent mutuellement. Dans l’article, nous adaptons cette dichotomie au monde de l’entreprise. Des études de cas liées aux multiples réorganisations de l’entreprise Parfums Givenchy entre 2000 et 2003 sont menées et analysées à partir du cadre théorique ainsi construit. La dichotomie « bornes » et « zones frontières » permet de mieux comprendre les interactions entre stratégie et structure dans le cadre de changements organisationnels, la coopération ou les conflits entre entités, la stabilité ou l’instabilité des structures et, au final, l’efficacité organisationnelle. La comparaison des cas permet d’identifier des séquences, qui peuvent se résumer à ceci : la fixation de bornes dans et entre les organisations, décidée par une autorité centrale motivée par des objectifs d’efficience, génère l’apparition de nouvelles zones  frontières ou par la persistance des anciennes. Ces zones frontières, zones de contact entre plusieurs groupes révèlent des asymétries de forces entre ces groupes, qui peuvent se traduire par des conflits. Ceux-ci sont résolus en redéfinissant les bornes de manière à rééquilibrer les forces. La dynamique organisationnelle est donc de nature oscillatoire.