Auteur
Charlotte Krychowski
Résumé
Depuis le milieu des années 1990, les options réelles ont donné lieu à une abondante littérature. Pourtant, l’enthousiasme des académiques pour les options réelles ne rencontre qu’un faible écho dans le monde de l’entreprise.
L’objectif de cet article est donc de faire le point sur ce que nous apprend la littérature concernant les apports et limites des options réelles à la décision d’investissement stratégique.Sur les apports, l’utilité des options réelles à la décision stratégique a-t-elle été démontrée empiriquement ? Quelle est la nature des apports de cette approche à la décision d’investissement stratégique ? Sur les limites, deux questions se posent. La première touche au domaine d’application des options réelles : celles-ci sont-elles utiles pour toutes les décisions d’investissement ? La deuxième concerne la mise en oeuvre de cette approche : une théorie directement dérivée de l’univers des marchés financiers est-elle transposable dans le monde de l’entreprise ?
Notre démarche de recherche est la suivante : dans un premier temps, nous avons constitué un échantillon de 114 articles, en nous limitant aux revues d’excellence, et aux articles centrés sur l’application des options réelles à la décision d’investissement. Par la suite, nous avons analysé en détail ces articles, en identifiant d’une part la thématique analysée par les auteurs et d’autre part le degré de validation empirique de la recherche.Les principaux résultats de l’étude sont la prédominance de la sphère financière, c’est-à-dire d’articles publiés dans les revues de finance, économie et recherche opérationnelle, ainsi que des contributions de nature théorique.
Au final, la littérature ne répond que de façon très partielle à la question de l’utilité des options réelles à la décision d’investissement stratégique. Pour l’instant, elle ne permet pas dedéterminer clairement quels sont les projets d’investissement pour lesquels il est utile de mener une analyse optionnelle. Elle ne donne pas non plus de réponse très satisfaisante auxlimites de la mise en oeuvre de la théorie. Les problèmes concrets posés par la valorisation des options réelles sont ainsi largement occultés. De plus, la littérature concentre son attention sur les aspects quantitatifs de l’analyse, alors que ceux-ci ne représentent qu’une partie du processus de décision stratégique. Elle n’accorde qu’une importance très limitée aux contraintes cognitives et organisationnelles qui surgissent dans les décisions d’investissement réelles. Enfin, en dehors de quelques études de cas, la littérature n’a pas fourni la preuve empirique de l’intérêt des options réelles pour la décision d’investissement.
Ainsi, en dépit du volume de publications déjà important sur le thème des options réelles, cette étude suggère qu’il existe un potentiel de recherche important concernant leur application à la décision d’investissement, en particulier dans le champ du management stratégique.
Auteur
Godé-Sanchez Cécile
Résumé
L’objectif de cet article est d’analyser les pratiques de coordination en environnement volatile en examinant leur nature et leur contenu. Afin d’enrichir les perspectives du gestionnaire en termes de gestion de la coordination, nous cherchons à la fois à opérationnaliser le phénomène de coordination et à développer des approfondissements conceptuels. Nous adoptons une « vision pratique » (practice lens), considérant que les individus énactent leurs pratiques de coordination en situation.
Nous développons une étude de cas extrême concernant la réalisation des missions dites d’appui-feu rapproché accomplies par les forces françaises en Afghanistan. Il s’agit d’identifier les pratiques de coordination mises en oeuvre par les acteurs et d’en analyser la nature. Le corpus des données de terrain a été construit classiquement par triangulation de plusieurs méthodes de recueil des données : des entretiens individuels et un entretien collectif semi-directifs, des observations directes non participatives et la collecte de documents internes.
L’analyse du cas démontre qu’en fonction de leurs spécificités propres et du contexte au sein duquel ils interagissent, les acteurs combinent des mécanismes, des moyens et des outils de coordination. Ce faisant, ils développent des solutions de coordination adaptées à chacune des situations qu’ils rencontrent. Ces combinaisons sont marquées par les expertises dans les situations de travail « prévisibles » et par le relationnel et le communicationnel dans des situations de travail « imprévisibles ». Dans le premier cas, les acteurs développent des pratiques de coordination formelles qui régulent leurs activités. Leurs expertises et compétences s’expriment au sein d’un contexte d’action réglementé et connu de tous : chacun tient son rôle dans le dispositif et respectent les règles nécessaires à la réalisation de son travail. En situations de travail imprévisibles, les pratiques de coordination sont marquées par la capacité des individus à s’adapter aux circonstances changeantes caractérisant les situations de crise et d’urgence. Ils doivent faire preuve de créativité et d’esprit d’innovation dans des moments où la charge de responsabilité, la tension et le stress ont tendance à considérablement s’accroître.
Ceci nous porte à considérer la coordination comme un processus d’intégration des connaissances et des compétences des membres des équipes d’experts. A travers leurs interactions, les individus expriment et mobilisent des savoirs et savoir-faire différents qui leur permettent de s’ajuster aux exigences de chacune des situations de travail auxquelles ils font face. Par conséquent, le rôle du gestionnaire dans le processus amont d’identification et d’acquisition des compétences individuelles apparaît renforcé.
Auteurs
Benoît Cloître
Sophie Gaultier-Gaillard
Pierre Pech
Résumé
La corruption préoccupe de nombreux organismes publics ou privés qui aspirent à lutter contre ses ravages en impliquant l’entreprise. Pourtant, certaines entreprises, tentées d’améliorer leur chiffre d’affaires en accédant à des marchés, à de l'information ou encore à des procédés censés faciliter certaines procédures administratives, ont recours à la corruption.
Ceci est d’autant plus vrai que « l’eldorado » du commerce mondial se situe dans des zones économiques où la législation et le mode de gouvernement, en matière d’économie de certains pays, ne s’encombrent pas toujours des mêmes considérations éthiques que dans la zone OCDE. La corruption constitue donc à la fois une menace et une opportunité pour l’entreprise.
La question essentielle pour l’entreprise est dès lors de savoir s’il est possible de gérer les risques induits par la corruption, plutôt que d’appliquer un principe d'évitement systématique, ou de fermer les yeux sur certaines pratiques. Si l’idée qu’il existe une corruption acceptable est politiquement incorrecte, il convient néanmoins d’appréhender la réalité de la corruption sur le terrain, pour permettre à l’entreprise de trouver des solutions équilibrées, à travers une méthode appropriée de gestion des risques. Cet article prend en compte ce double aspect et démontre que la prise en compte de la corruption concerne à la fois les modes de gouvernance de l’entreprise, son fonctionnement opérationnel, et doit s'insérer dans une stratégie de gestion globale des risques.