Auteurs
Julien BATAC
Vincent MAYMO
Résumé
Le forum mobilise les technologies informatiques pour partager des connaissances et développer des liens. Ces échanges répondent d’une part à un objectif communautaire de création de lien, d’autre part à un objectif stratégique de quête d’information. Ces deux attributs du forum sont recherchés par l’organisation dans une optique de coordination.
Ce problème de coordination se retrouve dans les grandes entreprises bureaucratiques marquées par un cloisonnement de leurs fonctions. Cette absence de coordination pose des problèmes de risque, de qualité et de désavantage concurrentiel pour ces entreprises : c’est le cas de la Banque Postale. Cette dernière rencontre des difficultés inhérentes aux découpages nationaux : les services commerciaux d’un côté ; la direction des back offices de l’autre. Cela pose aujourd’hui des problèmes de qualité, de réactivité et de gestion des risques lorsque les commerciaux ne sont pas coordonnés avec les administratifs qui analysent les dossiers.
Le recours au forum est un moyen judicieux de piloter un rapprochement entre fonctions. Le problème rencontré est alors celui de son appropriation : comment faire participer les acteurs ? Comment les amener à adopter la pratique des forums, à trouver un intérêt à leur utilisation ?
L’objectif premier de cette recherche est d’étudier les conditions de mise en place du forum à la Banque Postale comme étude exploratoire du processus d’adoption des forums. La méthodologie retenue est une recherche-action en deux temps : dans un premier temps, nous mobilisons les travaux conventionnalistes sur l’appropriation des technologies et le cycle de vie des conventions ; c’est l’objet de cette proposition d’article. Dans un second temps, nous accompagnerons l’entreprise concernée dans la mise en place d’un forum. Cette mise en place sera étudiée comme appropriation d’une convention technologique et fera l’objet d’une recherche ultérieure.
Auteurs
Jean-Sebastien Bedo
Nathalie Colombier
Zouhaïer M’Chirgui
Thierry Pénard
Résumé
Dans cet article, nous proposons une analyse de la topologie du réseau Internet (i.e. une analyse de la structure des relations entre les principaux acteurs d’Internet) afin de mieux comprendre l’organisation industrielle d’Internet et les stratégies d’acteurs. Nous montrons en particulier que le réseau des acteurs centraux d’Internet présente une structure petit monde dont l’intérêt est de faciliter la coopération entre ces acteurs (une structure petite monde présentant des propriétés d’efficacité en termes de coordination et de communication). La topologie d’Internet se caractérise toutefois par une certaine instabilité qui reflète la concurrence entre certains acteurs et peut dégrader la confiance dans le réseau. Enfin, nous montrons que le choix de s’interconnecter entre deux opérateurs dépend du degré de symétrie et de leur proximité géographique.
Auteurs
NIZAR BECHEIKH
YAO AMEWOKUNU
OUALID ABIDI
ZHAN SU
Résumé
Les réseaux virtuels consistent en des alliances temporaires entre deux ou plusieurs entreprises indépendantes qui utilisent intensivement les nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC) pour réaliser un projet leur permettant de profiter d’une opportunité d’affaires. Ils ont connu un essor important au cours de ces dernières années. Cette étude exploratoire vise à (re)définir le contrôle dans ce cadre particulier et à proposer un système de contrôle qui tient compte des caractéristiques spécifiques de cette forme émergente d’organisation. Les résultats de cette étude font ressortir clairement la nature complexe et systémique du contrôle des réseaux virtuels. Ils suggèrent notamment que le contrôle d’un réseau virtuel devrait s’appuyer sur une approche intégrée fondée sur un large éventail de déterminants où autocontrôle, contrôle instrumental et contrôle comportemental interagissent et s’influencent mutuellement pour concrétiser une orientation souple du contrôle de la relation. Cette étude ouvre plusieurs pistes pour les recherches futures.
Auteurs
M. BOUTARY
D. HAVETTE
Résumé
Dans un contexte de forte concurrence mondiale, les délocalisations font partie des stratégies adoptées par les entreprises des pays industrialisés. Pour autant, peu de travaux ont évalué ce phénomène dans le contexte particulier des PME.
Comment raisonne un dirigeant de PME face à la délicate question des délocalisations ? La question est complexe. Très ancrées dans des tissus économiques locaux, fréquemment marquées par un mode de gestion de proximité, moins internationalisées que les grandes entreprises mais plus soumises que celles-ci aux contraintes de l’environnement, les PME doivent répondre aux exigences de prix compétitifs de leurs clients ou donneurs d’ordre sans pour autant perdre leurs avantages concurrentiels. La problématique de délocalisation est une mise en tension de ces impératifs parfois contradictoires.
Notre communication a pour objet, dans une première partie, la présentation de la réalité économique des délocalisations et des motivations classiquement identifiées comme en étant à l’origine. Nous approcherons la difficulté de définition du concept et de sa mesure, puis mobiliserons 3 cadres d’analyse autour des coûts de transaction, des stratégies d’internationalisation des PME et du concept de gestion de proximité pour mieux comprendre la difficulté de ce type de démarche.
Dans une deuxième partie, nous expliquerons notre choix méthodologique et présenterons une étude de cas portant sur une PME de 110 personnes, spécialisée dans le découpage et l’emboutissage de métaux, située dans le centre de la France, dont le dirigeant s’est fortement interrogé sur l’opportunité de délocaliser en Europe de l’Est une partie de son activité d’emboutissage, et ce sous la pression d’un de ses donneurs d’ordre. Nous analyserons les différentes étapes du processus qui l’a conduit à refuser la délocalisation.
Nous conclurons enfin sur l’importance de la formulation stratégique et sur la nécessaire prise en compte des spécificités des PME comme préalable à la compréhension de l’intérêt des délocalisations de ces entreprises.
Auteurs
Nicolas BALAS
Florence PALPACUER
Résumé
La présente recherche interroge l’inscription spatiale des réseaux d’innovation. Nombreux sont aujourd’hui les travaux qui font le lien entre la réalisation d’activités innovantes et la colocalisation des acteurs sur un même territoire. Il est possible de déduire de cette littérature, regroupée sous le terme générique de cluster, que l’ancrage territorial des membres d’un réseau d’innovation a un impact sur leur capacité à apprendre et à innover collectivement.
Selon la lecture que nous en proposons, « l’encastrement inter-organisationnel » des entreprises et « l’encastrement social » des individus, permettant la création de connaissances, leur diffusion, ainsi que la minimisation des coûts associés à ces échanges, seraient ainsi facilités par leur « encastrement spatial », à savoir leur proximité géographique. A la lumière de l’étude exploratoire du cas de l’Alliance Crolles 2, relatif au départ de deux firmes du cluster microéletronique de Grenoble, et de la reconfiguration spatiale des réseaux d’innovation au sein de l’industrie des semi-conducteurs, nous mettons en question cette lecture systématiquement “territorialisée” des processus d’innovation. Trois implications principales se dégagent de cette étude, attestant de l’apparition d’une forme alternative d’organisation du processus d’innovation, moins sensible à la proximité spatiale des acteurs.
Tout d’abord, la mise en oeuvre de stratégies de “modularisation” par les firmes, permet de limiter les coûts de transaction liés à la mise en réseau des processus d’innovation. Ensuite, l’émergence et la diffusion de standards techniques, et des institutions associées, favorisent la création de communautés épistémiques entre acteurs distants. Enfin, la réalisation des deux points précédents autorise les firmes, lors des phases les plus amonts et les plus complexes du processus d’innovation, à limiter à une proximité temporaire leurs besoins de coordination “encastrés”. L’ancrage territorial devient alors réversible.
Auteur
Elodie Loubaresse
Résumé
Le pilotage des réseaux locaux d’organisations a récemment fait l’objet de réflexions managériales et académiques nourries, en particulier en France où les réseaux soutenus par des politiques publiques, systèmes productifs locaux ou pôles de compétitivité, intègrent explicitement des structures de pilotage.
Si le pilotage délibéré par un « broker » a fait l’objet d’analyses théoriques consacrées à différents types de réseaux interorganisationnels, l’intérêt pour le pilotage des réseaux à caractère local paraît plus récent. Les formes anciennes de réseaux locaux, districts et clusters industriels, en tant qu’entités émergentes et auto-organisées, se prêtent moins à de telles analyses. Le pilotage y apparaît communautaire, assuré par des acteurs collectifs. Les politiques publiques de réseaux locaux ont remis la problématique du pilotage centralisé, par un acteur broker, au coeur des débats. Elles nous offrent également un nouveau champ d’analyse du pilotage des réseaux. Composés par définition d’acteurs hétérogènes publics et privés de taille variable, partageant toutefois industrie et territoire, la problématique de leur pilotage se pose de manière singulière, tendue entre homogénéité et hétérogénéité des acteurs.
L’hétérogénéité caractérise par ailleurs tant les membres du réseau local que leurs pilotes, individuellement et en termes de contexte d’action.
La littérature souligne le rôle des brokers dans la création et le développement d’un réseau local, mais effleure à peine leur hétérogénéité, encore moins son impact. Nous étudions ici l’influence de leurs caractéristiques individuelles contextuelles sur le pilotage. Cette recherche s’appuie sur l’étude approfondie du pilotage de quatre réseaux locaux d’organisations de l’industrie française de l’emballage.
Auteur
Valérie MOATTI
Abstract
Low cost sourcing… or high cost supplying?
Sourcing from low cost countries is today at the agenda of most manufacturing companies whatever their size or industry: for some of them, it is in place already while others are seriously considering the project for the years to come. However, traditional strategic management theories of international management and multinational companies – mainly based on transaction costs and resource-based theoretical backgrounds- fail at fully explaining such trend. We therefore suggest alternative explanations, specifically related to organizational isomorphism. The first results of our empirical study (including a quantitative survey on a sample of 150 firms and a qualitative part with 20 in-depth interviews) on the impact of sourcing manufactured products from low cost countries –done in partnership with the consulting firm BearingPoint and Supply Chain Magazine in 2006- confirm these
contradictory trends. On the one hand, companies tend to increase offshoring. On the other hand, they recognize that offshoring raises many management issues as well as additional costs across the supply chain. If our world appears to be “flat” thanks to the development of information technologies and systems, as well as the emergence of innovative organizational forms (Friedman 2005), products still need to be handled and carried, thus limiting the impact of virtual distance reduction. We therefore suggest that offshoring decision is often guided by isomorphism and try to formulate a tentative framework to help companies decide what products to offshore.
Auteur
Aline BOISSINOT
Résumé
Sous la pression de la mondialisation et dans un contexte de forte concurrence, les organisations modifient leurs frontières pour multiplier les liens entres elles dans le but d’être plus compétitives. Aujourd’hui, les prestataires participent activement à la vie de l’entreprise. Ils contribuent à la création de valeur et sont de véritables leviers d’amélioration, c’est pourquoi l’organisation du contrôle des prestataires revêt de multiples enjeux. En effet, l’étude menée par le cabinet Ernst et Young en 2005 démontre la forte croissance du nombre de prestataires au sein de l’organisation. L’augmentation se perçoit tant au niveau du nombre de prestataires qu’au niveau des activités qui leurs sont confiées. L’organisation est alors confrontée aux problématiques relatives au management de ses différentes externalisations. Cette communication s’intéresse aux procédures mises en place pour piloter les prestataires d’une organisation. La question qui est soulevée à travers ce travail est la suivante : les organisations peuvent-elles manager chaque prestataire selon les mêmes modalités ?
Pour aborder ce thème des relations nous mobilisons, la théorie des coûts de transaction et particulièrement les recherches s’appuyant sur l’opportunisme des agents économiques pour mieux comprendre les modes de gouvernance des donneurs d’ordre vis-à-vis de leurs prestataires. Aussi les travaux de Wathne et Heide (2000) sur l’opportunisme dans les relations entre organisations occupent une place centrale. Nous nous appuyons sur les stratégies de management identifiées par ces auteurs pour synthétiser les variables à intégrer en vue de construire un outil d’aide à la décision pour le pilotage des prestataires.
Auteurs
Ariel Mendez
Manuela Bardet
Résumé
Les pôles de compétitivité impliquent, dans une logique partenariale, une diversité d’acteurs qui s’engagent dans une démarche visant à créer les compétences scientifiques et techniques nécessaires à l’innovation. Or la coopération ne se décrète pas. Cette communication s’interroge donc sur les facteurs susceptibles de contribuer à l’établissement de coopérations effectives au sein de ces nouveaux dispositifs. Elle pose en particulier la question du rôle et de la place des modes de gouvernance des pôles dans le développement de capacités de coopération. Cette question est notamment cruciale dans le cas des pôles principalement constitués de PME et qui apparaissent a priori déficitaires en ressources de recherchedéveloppement et en capacités de coopération. Notre cadre d’analyse s’inscrit dans la problématique classique de la dialectique intégration/différenciation développée par Lawrence et Lorsch dès 1967. La différenciation est inscrite dans la composition même des pôles.
Cependant, les organisations présentes dans les pôles, notamment les entreprises, ne disposent pas toutes des mêmes ressources cognitives ou relationnelles. L’analyse d’un pôle de PME de la région PACA, le pôle PASS, montre que le rôle d’une gouvernance n’est pas de réduire à tout prix la différence entre les organisations présentes dans le pôle, mais d’assurer l’équilibre intégration/différenciation qui doit permettre l’accumulation des connaissances et le développement économique attendu.
Auteurs
Saïd YAMI
Laurence LEHMANN-ORTEGA
Gérald NARO
Résumé
L’objectif de cette communication est de proposer une analyse a double niveau, que la littérature a rarement combiné : la perspective inter-organisationnelle qu’offre l'analyse de la coopétition et celle des capacités dynamiques qui se situe au niveau de la firme. Il s’agit de repérer les capacités dynamiques qui permettent de stimuler une stratégie coopétitive. A partir du cas de MSI, une entreprise française dans l'industrie de la sous-traitance mécanique, nous mettons en évidence la présence de capacités dynamiques préexistantes et spécifiques, puis nous discutons leur origine.
Auteurs
David SALVETAT
Frédéric LE ROY
Résumé
La capacité à comprendre les informations est le propre d’une démarche d’intelligence économique (IE). L’IE est traditionnellement abordée sous un angle compétitif. La rivalité dicte la façon de pratiquer l’IE. L’intelligence compétitive a pour fonction d’analyser les informations concurrentielles pour mieux agresser les compétiteurs. L’intelligence coopétitive constitue des investigations théoriques relativement récentes. Les rivaux ne sont plus seulement considérés comme des agresseurs mais comme de potentiels collaborateurs. L’IE acquiert une nouvelle mission qui consiste à rechercher des informations concurrentielles afin de trouver des points, des axes de coopération avec les rivaux. De plus, les écrits indiquent que la pratique de l’IE dépend de facteurs de contingence tels que la taille des entreprises. La question qui se pose est alors la suivante : la taille des firmes influence-t-elle les pratiques d’IE à plus de coopération ? Pour y répondre, une étude empirique est menée sur un échantillon de 1500 entreprises des industries de Hautes technologies en Europe. Les résultats montrent que plus l’entreprise est grande, plus elle pratique l’IE et moins elle est coopétitive.
Auteurs
Anne-Sophie FERNANDEZ
Pierre MARQUES
Frédéric LE ROY
Frank ROBERT
Résumé
Dans un environnement hypercompétitif (D’Aveni, 1995) l’avantage concurrentiel n’est pas durable. Les acteurs sont donc confrontés à un choix stratégique majeur : coopérer ou se concurrencer. L’émergence de la coopétition marque l’ouverture d’un vaste champ de recherche qui réunit deux des principaux paradigmes du management stratégique et qui fait référence à une situation de compétition et de coopération simultanée. Définie comme « une relation dyadique et paradoxale qui émerge quand deux entreprises coopèrent dans quelques activités, et sont en même temps en compétition l’une avec l’autre sur d’autres activités » (Bengtsson et Kock, 1999) ou encore comme « un système d’acteurs qui interagissent sur la base d’une congruence partielle des intérêts et des objectifs » (Dagnino et al., 2007) la coopétition soulève encore de nombreuses interrogations théoriques et méthodologiques. En
effet, afin par exemple de juger de l’intensité de la pratique coopétitive par une firme ou même de mesurer son impact sur la performance, il paraît aujourd’hui primordial de parvenir à appréhender le phénomène de manière fiable. L’objet de cette communication est donc de tenter d’identifier comment observer et mesurer un phénomène paradoxal issu de la combinaison de deux réalités contradictoires ? Aussi, à travers une revue de la littérature des travaux portant sur la coopétition mais aussi ceux concernant la coopération et la compétition, il apparaît que l’étude de la coopération et de la compétition ne peuvent être agrégés au sein d’un indicateur commun qui relèverait de la sursimplification. Nous proposons alors des méthodes d’analyses statistiques multivariées afin d’aboutir à une mesure pertinente et réaliste du phénomène coopétitif.
Auteur
Charlotte Krychowski
Résumé
Depuis le milieu des années 1990, les options réelles ont donné lieu à une abondante littérature. Pourtant, l’enthousiasme des académiques pour les options réelles ne rencontre qu’un faible écho dans le monde de l’entreprise.
L’objectif de cet article est donc de faire le point sur ce que nous apprend la littérature concernant les apports et limites des options réelles à la décision d’investissement stratégique.Sur les apports, l’utilité des options réelles à la décision stratégique a-t-elle été démontrée empiriquement ? Quelle est la nature des apports de cette approche à la décision d’investissement stratégique ? Sur les limites, deux questions se posent. La première touche au domaine d’application des options réelles : celles-ci sont-elles utiles pour toutes les décisions d’investissement ? La deuxième concerne la mise en oeuvre de cette approche : une théorie directement dérivée de l’univers des marchés financiers est-elle transposable dans le monde de l’entreprise ?
Notre démarche de recherche est la suivante : dans un premier temps, nous avons constitué un échantillon de 114 articles, en nous limitant aux revues d’excellence, et aux articles centrés sur l’application des options réelles à la décision d’investissement. Par la suite, nous avons analysé en détail ces articles, en identifiant d’une part la thématique analysée par les auteurs et d’autre part le degré de validation empirique de la recherche.Les principaux résultats de l’étude sont la prédominance de la sphère financière, c’est-à-dire d’articles publiés dans les revues de finance, économie et recherche opérationnelle, ainsi que des contributions de nature théorique.
Au final, la littérature ne répond que de façon très partielle à la question de l’utilité des options réelles à la décision d’investissement stratégique. Pour l’instant, elle ne permet pas dedéterminer clairement quels sont les projets d’investissement pour lesquels il est utile de mener une analyse optionnelle. Elle ne donne pas non plus de réponse très satisfaisante auxlimites de la mise en oeuvre de la théorie. Les problèmes concrets posés par la valorisation des options réelles sont ainsi largement occultés. De plus, la littérature concentre son attention sur les aspects quantitatifs de l’analyse, alors que ceux-ci ne représentent qu’une partie du processus de décision stratégique. Elle n’accorde qu’une importance très limitée aux contraintes cognitives et organisationnelles qui surgissent dans les décisions d’investissement réelles. Enfin, en dehors de quelques études de cas, la littérature n’a pas fourni la preuve empirique de l’intérêt des options réelles pour la décision d’investissement.
Ainsi, en dépit du volume de publications déjà important sur le thème des options réelles, cette étude suggère qu’il existe un potentiel de recherche important concernant leur application à la décision d’investissement, en particulier dans le champ du management stratégique.
Auteur
Godé-Sanchez Cécile
Résumé
L’objectif de cet article est d’analyser les pratiques de coordination en environnement volatile en examinant leur nature et leur contenu. Afin d’enrichir les perspectives du gestionnaire en termes de gestion de la coordination, nous cherchons à la fois à opérationnaliser le phénomène de coordination et à développer des approfondissements conceptuels. Nous adoptons une « vision pratique » (practice lens), considérant que les individus énactent leurs pratiques de coordination en situation.
Nous développons une étude de cas extrême concernant la réalisation des missions dites d’appui-feu rapproché accomplies par les forces françaises en Afghanistan. Il s’agit d’identifier les pratiques de coordination mises en oeuvre par les acteurs et d’en analyser la nature. Le corpus des données de terrain a été construit classiquement par triangulation de plusieurs méthodes de recueil des données : des entretiens individuels et un entretien collectif semi-directifs, des observations directes non participatives et la collecte de documents internes.
L’analyse du cas démontre qu’en fonction de leurs spécificités propres et du contexte au sein duquel ils interagissent, les acteurs combinent des mécanismes, des moyens et des outils de coordination. Ce faisant, ils développent des solutions de coordination adaptées à chacune des situations qu’ils rencontrent. Ces combinaisons sont marquées par les expertises dans les situations de travail « prévisibles » et par le relationnel et le communicationnel dans des situations de travail « imprévisibles ». Dans le premier cas, les acteurs développent des pratiques de coordination formelles qui régulent leurs activités. Leurs expertises et compétences s’expriment au sein d’un contexte d’action réglementé et connu de tous : chacun tient son rôle dans le dispositif et respectent les règles nécessaires à la réalisation de son travail. En situations de travail imprévisibles, les pratiques de coordination sont marquées par la capacité des individus à s’adapter aux circonstances changeantes caractérisant les situations de crise et d’urgence. Ils doivent faire preuve de créativité et d’esprit d’innovation dans des moments où la charge de responsabilité, la tension et le stress ont tendance à considérablement s’accroître.
Ceci nous porte à considérer la coordination comme un processus d’intégration des connaissances et des compétences des membres des équipes d’experts. A travers leurs interactions, les individus expriment et mobilisent des savoirs et savoir-faire différents qui leur permettent de s’ajuster aux exigences de chacune des situations de travail auxquelles ils font face. Par conséquent, le rôle du gestionnaire dans le processus amont d’identification et d’acquisition des compétences individuelles apparaît renforcé.
Auteurs
Benoît Cloître
Sophie Gaultier-Gaillard
Pierre Pech
Résumé
La corruption préoccupe de nombreux organismes publics ou privés qui aspirent à lutter contre ses ravages en impliquant l’entreprise. Pourtant, certaines entreprises, tentées d’améliorer leur chiffre d’affaires en accédant à des marchés, à de l'information ou encore à des procédés censés faciliter certaines procédures administratives, ont recours à la corruption.
Ceci est d’autant plus vrai que « l’eldorado » du commerce mondial se situe dans des zones économiques où la législation et le mode de gouvernement, en matière d’économie de certains pays, ne s’encombrent pas toujours des mêmes considérations éthiques que dans la zone OCDE. La corruption constitue donc à la fois une menace et une opportunité pour l’entreprise.
La question essentielle pour l’entreprise est dès lors de savoir s’il est possible de gérer les risques induits par la corruption, plutôt que d’appliquer un principe d'évitement systématique, ou de fermer les yeux sur certaines pratiques. Si l’idée qu’il existe une corruption acceptable est politiquement incorrecte, il convient néanmoins d’appréhender la réalité de la corruption sur le terrain, pour permettre à l’entreprise de trouver des solutions équilibrées, à travers une méthode appropriée de gestion des risques. Cet article prend en compte ce double aspect et démontre que la prise en compte de la corruption concerne à la fois les modes de gouvernance de l’entreprise, son fonctionnement opérationnel, et doit s'insérer dans une stratégie de gestion globale des risques.