Auteurs
Pascale Daigle
Linda Rouleau
Résumé
Les organisations artistiques sont construites sur de multiples tensions entre art et management. Néanmoins, leur maintien et leur survie tiennent à la mise en place d’accords entre ces deux systèmes de valeurs. Le plan stratégique d’une organisation artistique est un objet conventionnel qui rend compte des accords entre art et management qu’elle a réussi à établir. Jusqu’à maintenant, les quelques travaux qui se sont intéressés aux plans stratégiques des organisations artistiques ont montré qu’ils avaient tendance à être structurés de manière duale de façon à accorder la même importance aux valeurs artistiques et sociales associées à l’art qu’aux valeurs d’efficacité et de rentabilité mises de l’avant par le management. Ce papier repose sur une analyse de type conventionnaliste de trois plans stratégiques d’organisations artistiques. Cette analyse conventionnaliste, en permettant de mettre en lumière les mondes communs sollicités à travers les justifications invoquées pour communiquer les choix stratégiques, montre que la fabrication de l’accord entre l’art et le management repose essentiellement sur une solution conventionnelle dominante de clarification dans le monde industriel. Cette solution est soutenue par trois types de micropratiques d’écriture : 1) par effet de composition, la dissémination dans le texte de microcompromis entre mondes communs ; 2) la mise de l’avant de certitudes appelant des arrangements locaux principalement de nature industrielle ; 3) l’utilisation de formulations et de termes ambigus permettant des interprétations dans différents mondes. Ces pratiques cherchent tant à séduire, persuader qu’à mystifier les différentes parties prenantes intéressées par les choix stratégiques de l’organisation.
Auteurs
Marine Poux
Jean-Yves Barbier
Vincent Calvez
Résumé
Si la consommation de musique n’a pas fléchi au cours des dix dernières années, des façons radicalement nouvelles de la consommer sont apparues.
La digitalisation et l’Internet ont en effet favorisé la diffusion et l’échange « en ligne » de fichiers musicaux gratuits, que ce soit via les réseaux de Peer-to-Peer ou les sites de 2.0, dont MySpace et YouTube sont les plus connus. Ces avancées technologiques ont provoqué des bouleversements stratégiques de taille dans l’industrie musicale, en modifiant la chaîne de valeur de l’industrie.
Jusqu’à présent dominée par les maisons de disque, l’industrie se trouve transformée dans son fonctionnement ancestral : certains des acteurs jusqu’à présent « dominés » (parmi lesquels les consommateurs, les artistes ou les producteurs de spectacles) acquièrent un pouvoir de négociation plus fort, et de nouveaux acteurs, issus des secteurs des hautes technologies du numérique et de l’informatique, imposent de plus en plus leurs lois. Dans ce changement institutionnel global, les éditeurs phonographiques, quelque peu évincés de la nouvelle chaîne de valeur, semblent peiner à se positionner. Tentant à la fois de sauvegarder leur métier originel par la demande de sanctions légales sur le téléchargement illégal (le récent rapport Olivennes en est l’illustration) et de trouver de nouveaux débouchés à la musique payante (clés USB, téléphonie mobile…), la profession semble à la recherche d’un nouveau modèle économique. Nous tenterons d’en éclairer les déterminants économiques, à travers le prisme de la chaîne de valeur de la filière, les soubassements en termes de management de la création et leur dynamique.
Auteurs
Pascale Lepers-Verwaerde
Résumé
Le contexte général de plus grande précarité de l’emploi et de turbulence de l’environnement pose la question de savoir comment certaines entreprises largement dépendantes de ressources publiques de plus en plus volatiles se comportent dans la poursuite de leurs activités et font face à des réglementations toujours plus nombreuses et contraignantes. Cette communication porte sur la compréhension des motivations qui peuvent pousser ces types d’organisations soumises à des pressions réglementaires toujours plus fortes à entrer en lutte ouverte contre de nouveaux systèmes institutionnels qu’elles dénoncent.
L’objet empirique de la recherche est le cas des entreprises subventionnées de spectacle vivant. L’objectif est de comprendre en quoi la modification de certaines règles peut conduire ces organisations réputées pour leur individualisme à se coaliser, à agir collectivement et à s’ériger en entrepreneur institutionnel. L’analyse du processus devrait permettre d’avancer une explication plus large et rétrospective de la divergence dans la perception des changements institutionnels qu’en ont les différents acteurs, qui conduit progressivement à une somme d’incompréhensions réciproques pour aboutir au conflit, toujours non réellement résolu sur le fond, des intermittents du spectacle.