Auteurs
David Autissier
Faouzi Bensebaa
Jean Michel Moutot
Résumé
S’appuyant sur l’étude longitudinale du déploiement d’une conduite de changement dans une entreprise industrielle française, de grande taille et leader dans son secteur, cette recherche examine les processus d’adoption des outils de gestion. Les résultats obtenus, au moyen d’une recherche-action, indiquent que les outils de gestion sont adoptés de façon efficace si les acteurs co-construisent cette adoption. Les résultats montrent également qu’il importe que les organisations favorisent cette co-construction par la mise en place de dispositifs appropriés. Les résultats laissent entendre enfin que la méthode d’adoption analysée est susceptible d’être étendue à d’autres organisations.
Abstract
Drawing on the longitudinal study of the deployment of behaviour of change in a large French, industrialized firm which is a leader in its sector, this research examines the processes of adopting management tools. The results obtained, by means of an action research method, indicate that management tools are adopted more effectively if the actors coconstruct the adoption. The results also show that it is important that organizations facilitate this co-construction by the implementation of appropriate devices. Finally, the results show that the method of analyzed adopted may be widened to other organizations.
Auteurs
Franck Aggeri
Julie Labatut
Résumé
L’intérêt pour les approches par les instruments connaît aujourd’hui un renouveau qu’il est difficile d’ignorer. Par ce terme, nous désignons les travaux qui proposent d’étudier l’action organisée et stratégique, non pas à travers sa substance, ses discours ou les intentions des managers, mais à travers les instrumentations, techniques, scientifiques ou gestionnaires qui sont mises en place pour conduire l’action collective et produire de nouvelles capacités.
Etudier l’action organisée à travers son instrumentation ne constitue pas une nouveauté. Ces approches s’inscrivent dans une longue tradition de recherche qui, selon différentes perspectives, a investi cette problématique pour comprendre le foisonnement des instruments et des technologies dans les entreprises à partir de la moitié du XXe siècle et leurs effets sur la dynamique des organisations. Ainsi nous proposons d’analyser les problématiques, les fondements et les apports de ces multiples travaux, au travers d’une approche généalogique nous permettant de replacer ces travaux dans les contextes à la fois théoriques et pratiques dans lesquels ils ont émergé. A partir des années 1960, apparaissent des travaux qui trouvent leur origine au croisement de deux cultures : la modélisation et l’étude des organisations (behaviorisme, approche foucaldienne des organisations). Dans ces premiers travaux, les approches par les instruments visent à expliquer la stabilité des comportements organisationnels. La question de la transformation conjointe des instruments et des
organisations apparaît dans les années 90. Nous analysons ici trois approches contemporaines ayant investi cette problématique : l’étude des vagues de rationalisation et des techniques managériales ; l’instrumentation située ; les routines organisationnelles et la « sociomatérialité ». Nous mettons en perspectives ces différents travaux afin d’en expliquer les convergences et les divergences, et d’en proposer une discussion critique. Nous terminons en proposant un agenda de recherche sur une approche du management stratégique par les instruments autour de deux pistes : la conception d’instruments dans une conception de l’agir stratégique et l’articulation de différentes formes d’instrumentation au sein de dispositifs stratégiques cohérents.
Auteur
Aurélien Rouquet
Résumé
Depuis une vingtaine d’années, les outils de gestion sont au coeur de nombreux travaux en sciences de gestion. Notamment, parmi les approches qui s’intéressent au sujet (Gilbert, 1998 ; De Vaujany, 2005 ; Maugeri, 2006), les outils de gestion sont au centre d’une théorie qui connaît un écho croissant en sciences de gestion : la théorie de "l’intrication outilstructure" (Hatchuel & Molet, 1986). Si elle a renouvelé la vision « instrumentale » grâce à laquelle la littérature appréhendait les outils (Moisdon, 1997), cette théorie a toutefois jusqu’à présent centré son attention sur les seuls outils de gestion de type intra-organisationnels. Ainsi, bien qu’ils aient accompagné l’émergence au cours des dernières années des formes « d’entreprise en réseau » (Paché et Paraponaris, 2006), cette théorie ne s’est pas encore intéressée aux outils de gestion de type inter-organisationnels. C’est l’objet de cette
communication que de se demander s’il est possible ou non de généraliser cette théorie à un tel contexte. Précisément, il s’agit ici de poser cette question en référence à un outil interorganisationnel : le standard logistique EVALOG, conçu par l’association de standardisation automobile Odette (Organisation pour les Données d’Echange Télé-Transmises en Europe).
Pour cela, dans une première partie, la théorie de l’intrication outil-structure est présentée (1.). Puis, dans une deuxième partie, est détaillée et justifiée la méthodologie que nous avons mise en oeuvre pour confronter cette théorie à un cas d’outil de gestion inter-organisationnel : le cas du standard EVALOG (2.). Enfin, est proposé dans une troisième partie d’étendre la théorie de l’intrication outil-structure à ce cas. Dans ce cadre, il est suggéré qu’à la différence des outils intra-organisationnels, ce standard inter-organisationnel possède une double nature : une nature managériale et marchande (3.). En conclusion, la portée théorique de notre proposition est discutée, et il est souligné que celle-ci ne constitue qu’un premier pas vers le développement d’une théorie générale de l’instrumentation inter-organisationnelle de gestion.