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Weppe Xavier

Auteur

Xavier Weppe

Résumé

Le management des connaissances est présenté aujourd’hui comme un enjeu majeur du fonctionnement des organisations. Il permettrait un développement des capacités d’innovation de la firme et participerait au développement de son avantage concurrentiel.
Bien que la thématique du management des connaissances ait été fortement explorée ces dernières années, certaines questions restent ouvertes. L’une d’entre elles porte sur la relation entre la création de connaissances et le principe d’organisation (« organizing »). En effet, une très grande majorité des approches actuelles en Knowledge Management s’intéresse principalement aux systèmes de gestion des connaissances et aux communautés de pratique mais ne questionne pas l’impact des principes fondamentaux de l’organisation sur les processus de création, de partage, de mémorisation de la connaissance.
Nous proposons de traiter cette question en analysant les relations entre les pratiques de coordination et la gestion des connaissances. La relation entre la création de connaissances et la coordination intra-organisationnelle reste très largement inexplorée. Par ailleurs, une grande majorité des théories en management de la connaissance ont proposé une vision fonctionnaliste traitant la connaissance comme un déterminant de la performance de la firme.
Cependant, le présupposé que la connaissance peut être traitée comme un actif, semble occulter la nature dynamique, interactive et provisoire de la connaissance. Ainsi, l’occultation de ces nombreuses pratiques d’apprentissage peut-elle expliquer l’échec relatif des pratiques de management des connaissances.
Analyser cette relation pose un double défi au chercheur en gestion (Lanzara & Patriotta, 2001). D’une part, cela implique de déchiffrer comment les processus de création de connaissances conduisent à des nouveaux arrangements organisationnels et d’autre part cela exige de comprendre comment les traits spécifiques du cadre organisationnel peuvent faciliter ou entraver l’apprentissage individuel et collectif. Afin de relever ce défi, une exploration des micro-pratiques (Rouleau, 2005) des acteurs est menée afin d’analyser concrètement comment ces derniers créent et partagent de la connaissance dans leurs
pratiques quotidiennes et comment les solutions de coordinations ainsi crées influencent à leur tour la capacité de la firme à créer de la connaissance. Afin d’ouvrir ces boîtes noires que sont les mécanismes de coordination, nous analysons comment les solutions de coordination sont « fabriquées », « bricolées », « transformées » par les acteurs dans leurs pratiques de création de connaissances. La coordination est ici définie comme un processus socio-matériel de gestion des interactions dont la résultante est la solution de coordination créée par les acteurs.
Empruntant les concepts et la méthodologie de la théorie de l’acteur réseau (Latour, 2005 ; Law, 1999) et de la sociologie de la traduction (Callon, 1986), nous définissons la coordination comme un processus socio-matériel de gestion des interactions composé de quatre phases : la controverse, la problématisation, l’intéressement, l’enrôlement.
Notre propos ne porte pas sur l’identification des meilleurs modes de coordination qui permettraient une optimisation de la création de connaissances, mais plaide pour une compréhension plus fine des pratiques de coordination et de création de connaissances afin de rendre compte de leur complexité. Afin de donner du poids à ces réflexions théoriques, nous avons réalisé cinq études de cas longitudinales d’équipes projets dans un contexte d’innovation. Dans la première partie de l’article, nous retraçons l’évolution de la notion de coordination en science des organisations et nous en proposons une nouvelle conceptualisation. Dans la deuxième, nous analysons les différentes conceptions de la connaissance dans la littérature et plaidons pour une approche socio-matérielle de la
connaissance. Dans la troisième partie, nous présentons nos études de cas ainsi que les conséquences méthodologiques de l’utilisation de la théorie de l’acteur réseau. Enfin, la dernière partie sera consacrée à la discussion des résultats.

Weppe Xavier

Auteur

Xavier Weppe

Résumé

Le management des connaissances est présenté aujourd’hui comme un enjeu majeur du fonctionnement des organisations. Il permettrait un développement des capacités d’innovation de la firme et participerait au développement de son avantage concurrentiel.
Bien que la thématique du management des connaissances ait été fortement explorée ces dernières années, certaines questions restent ouvertes. L’une d’entre elles porte sur la relation entre la création de connaissances et le principe d’organisation (« organizing »). En effet, une très grande majorité des approches actuelles en Knowledge Management s’intéresse principalement aux systèmes de gestion des connaissances et aux communautés de pratique mais ne questionne pas l’impact des principes fondamentaux de l’organisation sur les processus de création, de partage, de mémorisation de la connaissance.
Nous proposons de traiter cette question en analysant les relations entre les pratiques de coordination et la gestion des connaissances. La relation entre la création de connaissances et la coordination intra-organisationnelle reste très largement inexplorée. Par ailleurs, une grande majorité des théories en management de la connaissance ont proposé une vision fonctionnaliste traitant la connaissance comme un déterminant de la performance de la firme.
Cependant, le présupposé que la connaissance peut être traitée comme un actif, semble occulter la nature dynamique, interactive et provisoire de la connaissance. Ainsi, l’occultation de ces nombreuses pratiques d’apprentissage peut-elle expliquer l’échec relatif des pratiques de management des connaissances.
Analyser cette relation pose un double défi au chercheur en gestion (Lanzara & Patriotta, 2001). D’une part, cela implique de déchiffrer comment les processus de création de connaissances conduisent à des nouveaux arrangements organisationnels et d’autre part cela exige de comprendre comment les traits spécifiques du cadre organisationnel peuvent faciliter ou entraver l’apprentissage individuel et collectif. Afin de relever ce défi, une exploration des micro-pratiques (Rouleau, 2005) des acteurs est menée afin d’analyser concrètement comment ces derniers créent et partagent de la connaissance dans leurs
pratiques quotidiennes et comment les solutions de coordinations ainsi crées influencent à leur tour la capacité de la firme à créer de la connaissance. Afin d’ouvrir ces boîtes noires que sont les mécanismes de coordination, nous analysons comment les solutions de coordination sont « fabriquées », « bricolées », « transformées » par les acteurs dans leurs pratiques de création de connaissances. La coordination est ici définie comme un processus socio-matériel de gestion des interactions dont la résultante est la solution de coordination créée par les acteurs.
Empruntant les concepts et la méthodologie de la théorie de l’acteur réseau (Latour, 2005 ; Law, 1999) et de la sociologie de la traduction (Callon, 1986), nous définissons la coordination comme un processus socio-matériel de gestion des interactions composé de quatre phases : la controverse, la problématisation, l’intéressement, l’enrôlement.
Notre propos ne porte pas sur l’identification des meilleurs modes de coordination qui permettraient une optimisation de la création de connaissances, mais plaide pour une compréhension plus fine des pratiques de coordination et de création de connaissances afin de rendre compte de leur complexité. Afin de donner du poids à ces réflexions théoriques, nous avons réalisé cinq études de cas longitudinales d’équipes projets dans un contexte d’innovation. Dans la première partie de l’article, nous retraçons l’évolution de la notion de coordination en science des organisations et nous en proposons une nouvelle conceptualisation. Dans la deuxième, nous analysons les différentes conceptions de la connaissance dans la littérature et plaidons pour une approche socio-matérielle de la
connaissance. Dans la troisième partie, nous présentons nos études de cas ainsi que les conséquences méthodologiques de l’utilisation de la théorie de l’acteur réseau. Enfin, la dernière partie sera consacrée à la discussion des résultats.