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Gilbert Patrick, Guérin Francis, Pigeyre Frédérique

Auteurs

Francis Guérin

Frédérique Pigeyre

Patrick Gilbert

Résumé

Les sciences de gestion n’ont de cesse d’étudier leurs propres naissance et évolution et la gestion des ressources humaines ne fait pas exception, qu’il s’agisse de scruter ses savoirs ou ses pratiques. Or, la plupart des auteurs étudiant la naissance et l’évolution de la fonction ressources humaines n’hésitent pas à l’inscrire dans une trajectoire alliant professionnalisation progressive et accession à une dimension véritablement « stratégique ». L’histoire de la fonction ressources humaines est généralement décrite comme un processus très progressif amenant la fonction à devenir une véritable « profession » largement séparée, unifiée, établie et objective qui n’a cessé de croître en importance, en sophistication, en légitimité et en statut au sein des organisations. Cette approche, encore dominante aujourd’hui, emprunte largement aux sociologies fonctionnalistes et américaines des professions qui décrivent les professions par leurs traits caractéristiques. Mais une telle approche, si elle spécifie des évolutions réelles et encore actuelles, n’intègre pas les transformations qui affectent la stratégie, la gouvernance et les structures des organisations : montée des firmes en réseau et financiarisation de l’économie. Ces mutations affectent à leur tour la fonction ressources humaines, notamment en la segmentant et en mettant à mal ses prétentions à constituer une fonction stratégique de l’entreprise. Elles contribuent notamment à construire un « espace professionnel » dont les approches classiques de la profession ne saisissent qu’une partie. Et elles donnent à la professionnalisation de la fonction ressources humaines des formes si nouvelles que seul le recours à des sociologies interactionnistes ou compréhensives des professions permettra de décrire et de comprendre des évolutions actuelles qui, si elles ne remettent pas en question les caractéristiques acquises de la fonction (exercice à plein temps par des spécialistes, édiction de règles d’exercice, développement d’une formation et d’écoles spécialisées, organisations professionnelles), affectent profondément sa capacité à répondre à l’idéal d’une profession séparée, unifiée, établie et objective.