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Cusin Julien

Auteur

Julien Cusin

Résumé

A l’aide d’une recherche empirique de trois ans, cet article souligne la difficulté, pour un chercheur en sciences de gestion, d’étudier des « sujets sensibles » (Renzetti et al., 1993). Le thème choisi pour illustrer notre propos est celui de l’échec en entreprise, abordé ici sous l’angle de la résilience, qui exprime la capacité des individus à rebondir après un choc traumatisant (Cyrulnik, 1999). Cet exemple semble a priori pertinent, dès lors que l’on insiste généralement sur les vertus thérapeutiques de l’échec, notamment en matière d’innovation de produit (Lynn et al., 1996). Les déconvenues seraient même, nous dit on, de meilleures sources d’apprentissage que les succès, qui favorisent la complaisance (Miller, 1993). Au regard de la fréquence élevée des échecs dans l’univers organisationnel et du nombre important de travaux consacrés aux succès des entreprises, on peut alors s’étonner de la quasiabsence d’études de cas sur le thème de l’apprentissage par l’échec, à l’exception notable de Baumard et Starbuck (2005), dont les résultats conduisent d’ailleurs à nuancer le mythe de la résilience. Dans cet article, nous montrons que le peu d’études empiriques sur les échecs est dû à la difficulté d’étudier un sujet aussi tabou et douloureux, dans un contexte environnemental où domine le « culte de l’excellence » et qui incite les entreprises à passer sous silence leurs déboires. Ce constat d’un accès difficile au terrain – en raison des réactions défensives provoquées par l’échec – contribue finalement à revisiter les travaux d’Eisenhardt (1989) sur l’échantillonnage théorique, en adoptant une lecture plus pragmatique de la question du choix des études de cas. Nos réflexions, inspirées de « l’opportunisme méthodique » de Girin (1989) et de notre propre travail empirique nous conduisent ainsi à proposer un ensemble de recommandations concrètes aux chercheurs souhaitant s’attaquer à des sujets passionnants, mais très sensibles.


Cusin Julien

Auteur

Julien Cusin

Résumé

A l’aide d’une recherche empirique de trois ans, cet article souligne la difficulté, pour un chercheur en sciences de gestion, d’étudier des « sujets sensibles » (Renzetti et al., 1993). Le thème choisi pour illustrer notre propos est celui de l’échec en entreprise, abordé ici sous l’angle de la résilience, qui exprime la capacité des individus à rebondir après un choc traumatisant (Cyrulnik, 1999). Cet exemple semble a priori pertinent, dès lors que l’on insiste généralement sur les vertus thérapeutiques de l’échec, notamment en matière d’innovation de produit (Lynn et al., 1996). Les déconvenues seraient même, nous dit on, de meilleures sources d’apprentissage que les succès, qui favorisent la complaisance (Miller, 1993). Au regard de la fréquence élevée des échecs dans l’univers organisationnel et du nombre important de travaux consacrés aux succès des entreprises, on peut alors s’étonner de la quasiabsence d’études de cas sur le thème de l’apprentissage par l’échec, à l’exception notable de Baumard et Starbuck (2005), dont les résultats conduisent d’ailleurs à nuancer le mythe de la résilience. Dans cet article, nous montrons que le peu d’études empiriques sur les échecs est dû à la difficulté d’étudier un sujet aussi tabou et douloureux, dans un contexte environnemental où domine le « culte de l’excellence » et qui incite les entreprises à passer sous silence leurs déboires. Ce constat d’un accès difficile au terrain – en raison des réactions défensives provoquées par l’échec – contribue finalement à revisiter les travaux d’Eisenhardt (1989) sur l’échantillonnage théorique, en adoptant une lecture plus pragmatique de la question du choix des études de cas. Nos réflexions, inspirées de « l’opportunisme méthodique » de Girin (1989) et de notre propre travail empirique nous conduisent ainsi à proposer un ensemble de recommandations concrètes aux chercheurs souhaitant s’attaquer à des sujets passionnants, mais très sensibles.