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Belmondo Cécile

Auteur

Cécile Belmondo

Résumé

La littérature sur la « pratique de la stratégie » (Whittington, 2003, 2006) s’intéresse explicitement aux « pratiques » (practices) des « praticiens » (practitioners) de la stratégie. Parmi ces derniers, elle évoque les élites managériales, les consultants en management et en stratégie, les middle managers plus rarement, mais quasiment pas les services fonctionnels spécialisés dans l’élaboration du diagnostic externe que sont les cellules de veille concurrentielles. L’objectif de cette communication est de pallier ce manque, en proposant une taxonomie des pratiques liées à la génération de connaissances sur l’environnement concurrentiel d’une entreprise, ces pratiques faisant partie de la praxis « diagnostic externe ».
Pour cela, nous effectuons une recherche inductive fondée sur l’analyse de six mois des comportements des membres d’une cellule de veille concurrentielle. Les données ont été recueillies au cours d’une observation participante. Nous avons ensuite reconstitué l’agenda des membres de la cellule de veille et catégorisé les pratiques de ces derniers à partir des activités dans lesquelles ils se sont engagés au cours de la période d’observation. Le codage émergent des activités permet ainsi de construire une taxonomie de neuf pratiques liées au diagnostic stratégique externe, composée de 34 types d’activités.
Dans un premier temps de l’analyse, nous caractérisons ces 34 types d’activités. Nous distinguons notamment des pratiques dites « spécialisées » qui contribuent directement ou indirectement à la fabrique du diagnostic externe, et des pratiques « de coordination » qui n’y contribuent pas. La deuxième partie de l’analyse se penche sur la répartition des activités entre les individus observés et leur lien avec la constitution des pratiques de la cellule de veille concurrentielle. Nous discutons la distinction effectuée entre pratiques spécialisées et pratiques de coordination, et montrons le caractère limitatif de cette dernière. Nous justifions ainsi l’adoption de la définition large de la notion de pratiques stratégiques (Johnson et al., 2003).
A partir de l’analyse du caractère individuel ou collectif des activités entreprises au sein de la cellule de veille concurrentielle, et du caractère formalisé ou non de ces pratiques, nous discutons le rôle nécessaire de l’existence d’un coeur d’activités communes pour la coordination du groupe et la création d’une base partagée de connaissances, qui facilitent et/ou contraignent par la suite la mise en oeuvre de pratiques stratégiques. Nous montrons ainsi le caractère itératif de la construction de ces dernières.