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Hamza-sfaxi Nafaa, Hussler Caroline, Picard Fabienne

A l’heure où 6 nouveaux pôles de compétitivité viennent d’être labellisés sur le territoire français, la présente contribution s’interroge sur le rôle que joue les structures de gouvernance des pôles de compétitivité dans la dynamique résiliaire mise en œuvre dans les projets d’innovation développés par les membres des pôles. Il s’agit de comprendre comment les missions qui sont assignées aux structures d’animation des pôles se déclinent concrètement. Nous interrogeons les rôles possibles de ces structures par le prisme du concept de broker (ou courtier) de réseau proposé dans la littérature. Nous proposons donc d’analyser la dynamique d’émergence des réseaux relationnels sous-jacents aux projets d’innovation labellisés par les pôles, afin d’étudier qui a joué le ou les rôle(s) de broker(s) de ces réseaux, et plus précisément quel type de rôle est assuré par la structure d’animation des pôles. Notre originalité consiste à offrir une vision enrichie du rôle de broker de réseau, premièrement en étudiant si les comportements de courtage présentés dans la littérature se trouvent validés chez ce broker un peu spécifique -puisque désigné par la puissance publique- que constitue la structure d’animation des pôles, et deuxièmement en analysant si ces rôles sont contingents, la structure d’animation pouvant alors assurer des fonctions différentes selon types de réseaux considérés, càd selon la nature des projets (taille, étape dans le processus d’innovation), le types de partenaires impliqués (nature, localisation, nombre), etc. Cette question de la construction et de la structuration des réseaux collaboratifs soutenant les projets coopératifs d'innovation conduit à interroger la gouvernance des pôles et notamment la capacité des structures d’animation des pôles à catalyser les réseaux collaboratifs, puisque nous pourrons savoir si le pôle est à l’origine de ces relations de coopérations entre acteurs ou n’en est, en définitive que le révélateur, l’outil, qui pour diverses raisons, en permet la concrétisation. Notre étude empirique porte sur la structure d’animation d’un pôle particulier, le pôle Véhicule du Futur (désormais PVF), et analyse de façon détaillée 9 projets labellisés et financés par le pôle et leurs réseaux relationnels sous-jacents. Le caractère exploratoire de cette recherche nous conduit à privilégier une observation qualitative des projets coopératifs d'innovation. Le recueil d'informations est réalisé à partir d'entretiens semi-directifs conduits auprès des porteurs, des responsables scientifiques, des partenaires des projets d’une part et des directeurs de programme du pôle d’autre part. Nos résultats suggèrent que le PVF joue principalement un rôle de facilitateur de réseaux plus que d’architecte ou de coordinateur. Il apparaît également que l’intensité de ses différents rôles ne soit pas clairement dépendante des caractéristiques des réseaux créés. Enfin, nos entretins font émerger un nouveau rôle de courtage, en tant qu’interface entre un réseau collaboratif d’innovation auto-organisé et des financeurs potentiels.