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Masclef Olivier

L'objectif de l'article est d'étudier la présence et l'influence de l'altruisme dans la construction de l'alliance Renault-Nissan entre janvier 1998 (premier contact) et mars 1999 (signature de l'accord). L'altruisme qualifie une attitude concrète qui privilégie autrui. Il manifeste un dépassement du soi et de l'égoïsme calculateur et explique pourquoi une personne entreprend des actions au bénéfice d'autres sans attente de retour ou de récompense de la part des bénéficiaires de ces actions. Nous présenterons une revue de la littérature sur l'altruisme, les pratiques managériales dites "altruistes" et le don (notamment le don sans attente de retour ou de récompense - contrairement au don "maussien") en économie et en gestion et nous proposerons le don et les "pratiques managériales altruistes" (Kanungo & Conger, 1993) comme les manifestations concrètes et scientifiquement observables de l'altruisme : la présence de ces pratiques signale la présence d'un altruisme à l'œuvre. L'article présentera ensuite la chronologie résumée du cas Renault-Nissan entre janvier 1998 et mars 1999 et la méthodologie employée : méthodologie narrative basée sur le traitement de onze interviews de top-dirigeants menées chez Renault et Nissan, le traitement se faisant par codage de type "Miles & Huberman". Notre recherche montrera la présence très forte des dons et de diverses pratiques managériales altruistes de la part de Renault et montrera que ces pratiques se font sans réciprocité de la part de Nissan ce qui confirme bien la nature altruiste des actions observées. Enfin, nous nous interrogerons sur l'origine de l'altruisme de Renault et nous relèverons quatre caractéristiques internes (1/ des valeurs "corporate", 2/ l'expérience passée, 3/ la compassion et 4/ la personnalité du dirigeant) qui peuvent expliquer le comportement des Français sous forme de traits ou d'attributs endogènes. L'article montrera enfin que l'altruisme de Renault a été déterminant dans la réussite des négociations et le dénouement final du 10 mars 1999, notamment face à la concurrence de Daimler.