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Kuyken Kerstin

Cet article apporte une contribution à la compréhension de l’innovation dans les organisations, cela en approfondissant l’analyse du lien entre l’humain et la technologie. En combinant différents courants théoriques, nous proposons un cadre d’analyse de l’innovation qui tient compte du pays dans lequel elle a lieu. En effet, de nombreux travaux sont consacrés à la compréhension de l’innovation dans sa complexité, car la capacité d’innovation est devenue un actif stratégique pour les entreprises. Plusieurs auteurs s’entendent sur le constat que pour mieux saisir sa dynamique complexe, il est important de tenir compte du contexte de l’innovation. Une partie importante de ce contexte est la compréhension des dynamiques sociétales dans lequel se trouvent les organisations. La prise de conscience des dynamiques du pays permet ensuite de saisir des possibilités d’apprentissage et de collaboration entre les entreprises dans différentes sociétés, ce qui est devenu de plus en plus nécessaire pour les firmes qui évoluent dans un monde économique globalement interconnecté. Un autre constat qui a émergé dans la littérature est celui que l’humain dans l’organisation est porteur de connaissances cruciales qui permettent à l’entreprise d’innover. Par conséquent, l’accent sur l’humain dans les entreprises a changé la nature du management dans les organisations et a fait naitre des courants théoriques différents au niveau de l’innovation tel que la théorie acteur-réseau ou bien celle portant sur la gestion des connaissances. La question qui se pose est de savoir si des personnes qui évoluent dans un environnement donné, ou plus précisément dans un pays particulier, développent des connaissances d’une manière différente que dans d’autres. L’existence des différences à ce niveau aurait comme conséquence des logiques d’innovation différentes par nation qu’il serait important à saisir afin d’améliorer les façons d’innover dans un contexte national donné. D’ailleurs, plusieurs travaux qui étaient réalises sur les différences nationales quant à l’innovation arrivaient au constat qu’il existe en effet des manières distinctes d’innover. Cependant, le développement des connaissances particulières ne figure pas parmi les facteurs qui expliquent les différences nationales observées. Nous présentons donc une mise en relation entre la construction des connaissances par les humains et la logique nationale dans laquelle les entreprises innovent. Cette analyse aboutit sur le constat que le cadre structurel national influence la manière d’innover dans une organisation, car il existe un lien fort entre ce cadre et le comportement des acteurs qui construisent des artefacts menant à l’innovation. En effet, la construction sociale de la technologie fait en sorte que chaque pays dispose d’un « style technologique » particulier, un concept de la perspective sociotechnique. Ce dernier peut être mis en relation avec le « capital social », provenant de la théorie acteur-réseau, qui lui aussi est particulier au pays et qui amène a la mutation sociale. Nous concluons donc sur le fait que la construction d’un capital social particulier, cela par l’interaction des acteurs, fait partie intégrante du style technologique et son évolution. Par conséquent, des approches de recherche interactionniste devraient être sélectionnées afin de comprendre la particularité de l’innovation dans un pays. Dans un schéma intégratif nous suggérons des éléments qui devraient être pris en considération dans cette démarche.