Les mutations de l’environnement depuis les années 80 sont sources d’incertitudes qui se renforcent d’année en année et trouvent leur justification dans la crise qui touche l’économie mondiale depuis 2008. De nombreux travaux ont étudié les dispositifs de veille stratégique permettant de réduire les incertitudes et de saisir les opportunités dans un contexte turbulent, mais peu ont étudié les pratiques de veille stratégique dans les PME chinoises. L’objet de cette communication est de mieux comprendre comment les entreprises chinoises entendent et mettent en pratique la notion de veille stratégique. Pour cela, une recherche qualitative exploratoire a été conduite dans trois PME en Chine
Dans cette communication, nous étudions l’émergence des routines dans un contexte organisationnel particulier : une cellule de veille concurrentielle dont l’objectif est de créer des connaissances sur l’environnement concurrentiel de son entreprise. Nous nous intéressons aux processus par lesquels les routines organisationnelles sont créées et modifiées par les pratiques quotidiennes. Nous étudions donc comment les activités quotidiennes des membres d’une cellule de veille concurrentielle se transforment progressivement en pratiques, et comment ces pratiques à leur tour subissent un processus de routinisation.
Nous appelons activités ce que les gens « font » (Orlikowski, 2002), i.e. chaque discours (participation à des conversations informelles, à des réunions…) ou action (écriture, préparation de réunion). Quand un individu répète un ensemble particulier d’activités, il développe des habitudes. Dès lors, certains ensembles particuliers d’activités deviennent des micro-pratiques. Ces dernières, ainsi que les activités qui les sous-tendent, sont situées socialement. Les interactions récurrentes entre les membres interdépendants d’une organisation lorsqu’ils mettent en oeuvre leurs micro-pratiques constituent l’aspect performatif de ce qui pourra peut-être être appelé une routine. Cependant, deux conditions supplémentaires sont nécessaires. D’abord, le contexte général des activités et des micro-pratiques doit avoir été au moins en partie extériorisé dans un aspect ostensif. Ensuite, il doit avoir été réifié et/ou formalisé sous forme d’artefacts.
Nous utilisons une méthodologie longitudinale fondée sur un recueil de données par observation participante pour observer la génération des pratiques et des routines organisationnelles. Notre terrain de recherche est une cellule de veille concurrentielle d’une entreprise française de télécommunications, observée au début de son existence et à un moment où le marché des télécommunications entre dans une intensité concurrentielle accrue. La masse conséquente de données recueillies nous a permis de reconstituer l’agenda quotidien de chacun des membres de la cellule de veille observée pendant 12 mois et d’identifier deux périodes distinctes en termes de configuration d’activités. Nous distinguons 36 catégories d’activités regroupées en trois grandes pratiques : les pratiques de veille, de structuration et d’organisation.
L’analyse de la répartition des activités au cours de la première période montre l’importance des pratiques de structuration et d’organisation par rapport aux pratiques de veille stricto-sensu et comment ces pratiques permettent l’intériorisation de trois types de cadres (comportemental, relationnel et cognitif) influençant la mise en oeuvre de ces dernières. La comparaison des activités entre les deux périodes montre que ces cadres permettent à la cellule de veille de se concentrer par la suite sur les activités de veille et la génération de connaissances sur l’environnement concurrentiel. Nous discutons alors comment l’extériorisation et la réification des trois types de cadres ont permis la génération de routines permettant aux membres de la cellule de veille de se consacrer à la veille de manière plus importante.
Les SI sont ainsi censées d’une part améliorer la performance des organisations, notamment en termes de productivité des facteurs de production (SESSI, 2006, 2007), et d’autre part, réduire la complexité perçue comme croissante par les entreprises. La recherche s’est souvent focalisée sur les modalités d’implémentation et d’adoption des SI mais peu sur la phase de conception et « la manière de penser » l’architecture dans une logique systémique. Il nous semble donc important de réfléchir aux paradigmes de conception des SI car l’évolution de ces derniers se réalise dans une logique le plus souvent incrémentale, entraînant alors une « dépendance du sentier » (Nelson et Winter, 1982 ; Dosi, 1982 ; David 1985) pour les innovations et les couches successives d’applications. La conception des SI constitue dès lors un axe de recherche afin d’appréhender leurs transformations successives (Desa et alii, 2007). Cet article a ainsi pour objet de faire un état des lieux des 5 paradigmes explicatifs de la conception d’un système d’information et de mettre en perspective les im-pacts organisationnels : le paradigme technico-productif, le paradigme stratégique et déci-sionnel, le paradigme socio-technique, le paradigme réseau et enfin le paradigme collabora-tif du web 2.0 et « user centric ».