Le développement des approches ressources et compétences d’une part et l’émergence d’une perspective basée sur la connaissance d’autre part, participe au développement de la vision stratégique de l’entreprise. En effet, ce n’est pas tant la possession des ressources /compétences qui est susceptible de conduire à un avantage concurrentiel, mais l’utilisation qui en est faite et leur accessibilité. En vue d’acquérir et d’intégrer rapidement des ressources et des compétences déjà existantes sur le marché, les entreprises peuvent recourir à des opérations de fusions & acquisitions. Ces dernières sont considérées comme un moyen d’action rapide permettant aux sociétés engagées de mettre en commun leurs potentiels et de s’approprier les compétences nécessaires à leur compétitivité.
Cette communication propose un modèle conceptuel qui explicite les facteurs de succès du transfert inter-organisationnel de compétences stratégiques dans un processus d’intégration post fusion-acquisition. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les recherches scientifiques relatives au transfert de compétences et nous mobilisons des concepts issus de la littérature sur l’approche Resource-Based View (RBV). A partir de ce cadre théorique nous identifions deux ensembles de facteurs à prendre en considération. Il s’agit de l’identification des compétences stratégiques à transférer, et des capacités des deux sociétés à intégrer ces compétences. Nous discutons cette capacité d’absorption à partir des facteurs comportementaux, structurels & managériaux. Le modèle ainsi élaboré tente de participer àl’apparition d’un corps cumulatif sur le thème du transfert de compétences dans un contexte de fusion-acquisition.
La capacité d'absorption est définie comme étant l’aptitude d’une entreprise à acquérir de nouvelles connaissances, à les assimiler puis à les transformer et enfin à les exploiter à des fins commerciales. Elle conduit à une plus grande innovation de l’entreprise et détermine son avantage concurrentiel. Notre recherche aborde ce concept sous l’angle d’analyse de l’individu, un aspect peu exploité dans la littérature. Nous proposons ainsi une conceptualisation et une opérationnalisation de cette capacité. Des déterminants tels que les sources de connaissances propres à l’individu (niveau d’étude, expérience professionnelle,..) et les sources de connaissances externes (contacts avec les clients, contacts avec les collègues) ont été ainsi identifiés. Nous utilisons la technique de l’Analyse des Correspondances Multiples afin d’étudier le cas des centres de R&D automobile du groupe ArcelorMittal.
La recherche sur les organisations se répartit entre des analyses au niveau micro et des analyses au niveau macro. Il en va de même de la recherche en management international sur les transferts de connaissance. Cependant, ni les analyses au niveau micro ni celles au niveau macro ne parviennent à traduire toute la complexité du processus de transfert intraorganisationnel. Ce phénomène nécessite un cadre d’analyse intégrateur tenant compte des variables micro et macro simultanément. Compte tenu de ces contraintes, la perspective de la pratique apparaît la plus opportune pour étudier le processus de transfert intraorganisationnel. La perspective de la pratique se distingue parce qu’elle accorde autant d’importance à l’extra qu’à l’intra-organisationnel. En nous appuyant sur ce cadre théorique, nous proposons un cadre modèle intégrateur du processus de transfert intraorganisationnel basé sur les trois concepts suivants: les praxis, les pratiques et les praticiens