La littérature des standards a abondamment traité le cas de la bataille des formats entre le VHS et le Betamax afin d’étudier différents éléments propres aux standards et aux processus de standardisation. En se basant sur cet exemple canonique et sur le cas Blu-ray-HD-Dvd qui constitue à la fois une rupture et une continuité par rapport au cas canonique, nous étudions les processus de standardisation en plaçant notre analyse dans le cadre des études reposant sur l’impact des rendements croissants d’adoption et de la path-dependence. L’objectif de notre étude est à la fois théorique et empirique. D’une part, il s’agit de mettre en avant le rôle fondamental des stratégies déployées par les sponsors et co-sponsors des standards dans les processus de standardisation et d’intégrer ces éléments de stratégie dans les études fondées sur la path-dependence et les rendements croissants d’adoption. Ces dernières traitent le plus souvent comme contingents ou neutres sur le processus de standardisation et sur son déroulement les manœuvres stratégiques des sponsors et co-sponsors. D’autre part, il s’agit grâce à cette étude de développer davantage le cas Blu-ray-HD-Dvd et de mettre en évidence les éléments de récurrence et ceux de nouveauté par rapport au cas VHS-Betamax et plus généralement dans une guerre de standards.
Le paysage audiovisuel français est en pleine mutation. A l’heure où une polémique se développe autour du financement par la publicité des chaînes publiques, il apparaît que le concept de mesure d’audience et ses incidences économiques méritent un certain nombre de clarifications. En effet, la mesure d’audience est un élément essentiel de la structuration stratégique du marché de la publicité. Elle s’articule autour de grands indicateurs dont le GRP (gross rating point ou point de pénétration brute) est la norme reconnue. Nous montrerons à travers une analyse longitudinale des pratiques et outils de média-planning comment le chiffre d’instrument de mesure au départ, devient progressivement un outil de légitimation et de pouvoir de la télévision, et que cette prise de pouvoir est en train d’être remise en cause par de nouvelles évolutions et de nouveaux médias.
Comment des entreprises concurrentes coopèrent-elles pour définir ensemble un standard technologique ? Cette communication traite d’un secteur d’activité peu étudié par les sciences de gestion, le génie civil, qui se prépare pourtant à une révolution managériale à partir de l’usage systématique qu’il entend faire de la maquette numérique pour concevoir et pour réaliser ses projets. Le projet Communic réunit, sous l’égide de l’Agence Nationale de la Recherche, les acteurs français du BTP dont les trois leaders (Bouygues, Eiffage et Vinci) afin de déterminer un standard de maquette numérique. Deux équipes de recherche en gestion accompagnent les industriels. La problématique est d’analyser in situ les stratégies de construction d’un standard. La première partie définit, à partir de la littérature, les fonctions des standards et leurs conditions d’émergence. La seconde propose quatre stratégies de construction d’un standard : endogène, acquisition, co-développement et prescription. La stratégie de prescription implique l’alliance de plusieurs entreprises qui ne détiennent pas les ressources et les compétences de développement de la technologie elle même ; sur la base d’un cahier des charges défini en commun, ce qui est l’objet de leur collaboration, elles vont prescrire les fonctions de l’outil à une entreprise technologique. Cette stratégie, celle de Communic, poursuit un double objectif de constitution d’un répertoire de connaissances partagées sur le futur standard et de création d’un rapport de force vis-à-vis des développeurs de solutions technologiques.