Cet article propose une étude du processus d’évolution d’innovations organisationnelles publiques, comme conséquence directe de la recherche stratégique de performance de l’État. Il s’agit de reconstituer le cheminement complexe de l’innovation, depuis la décision de l’État-stratège, jusqu’à son application locale au sein d’un territoire déconcentré. L’articulation entre la décision dans les institutions, et les dynamiques managériales dans les organisations, lie le moyen-terme stratégique au court-terme opérationnel. Outre l’objectif d’équilibre budgétaire et de reddition des comptes, les enjeux des réformes se fondent sur les valeurs d’intérêt général des services publics, sur la qualité du service de l’usager/citoyen, ainsi que sur la mobilisation et l’adhésion de ses ressources humaines.
Cette recherche permet de comprendre, sur un plan théorique, le « pourquoi » et le « comment » des innovations organisationnelles, et de définir, par une expérience pratique, le pilotage territorial d’un projet de réforme. L’étude empirique porte sur la DIRECCTE, futur service déconcentré du Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, issue de la fusion de dix services.
Les travaux reposent sur le paradigme constructiviste, l’étude se veut qualitative, et la démarche, inductive. Les principaux résultats de l’article sont d’ordre managérial, et correspondent au pilotage opérationnel, par la prise en compte stratégique du tableau de bord prospectif, et de la sociologie de l’action publique dans les facteurs de changements organisationnels, avec la mobilisation et l’autonomie du personnel de terrain.
Les services de proximité sont au cœur des préoccupations de développement économique sans que la question des formes et des mécanismes de l’innovation soit traitée. Les concepts théoriques du management de l’innovation ne sont pas adaptés à l’étude de ces services. L’objet de cet article est donc la conception et la discussion d’un cadre théorique adapté à l’étude de l’innovation dans les services de proximité.
Dans un premier temps, ce cadre théorique a été construit autour de trois axes : la caractérisation de l’innovation, la compréhension des acteurs et de leurs relations tout au long du processus de l’innovation, et enfin la question de sa performance. Il nous conduit à définir l’innovation dans les services de proximité comme « toute modification de produit ou de process ayant un impact décisif sur une des dimensions de la performance du service de proximité ».
Dans un second temps, ce cadre théorique a été mobilisé pour étudier le cas particulier de l’innovation dans les services de formation à la conduite et à la sécurité routières. Trois configurations d’innovations ont été repérées au cours de cette recherche : l’adaptation de l’offre de service par des exploitants isolés, des innovations portées par des réseaux structurés d’écoles de conduite, des innovations initiées par des acteurs extérieurs au secteur.
Enfin, cette recherche a permis d’identifier les facteurs de succès et les freins ainsi que les capacités d’innovation des entreprises sur un tel secteur.
Ce travail s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche initié par l’Enise (Ecole nationale d’ingénieurs de Saint-Etienne) et financé par le conseil général de la Loire. Il vise à analyser la capacité d’absorption des PME de la région pour les connaissances technologiques/innovations produites par l’Enise. Ces dernières concernent essentiellement l’usinage et la conception de pièces en métaux. L’intérêt pour l’étude de ce phénomène est double. D’une part, le besoin de repérage des entreprises dotées de capacité d’absorption sur des secteurs d’activités spécifique à l’Enise, est important. D’autre part, très peu de recherches se sont intéressées à l’opérationnalisation du concept de la capacité d’absorption.
Afin de répondre à ces objectifs, et dans le cadre de la première phase du projet mené, nous nous sommes basés sur les travaux de Zahra et George (2000). Dès lors, une distinction est faite entre les quatre dimensions du phénomène étudié : l’acquisition, l’assimilation, la transformation et l’exploitation. Afin de déterminer des indicateurs mesurables pour chacune de ces phases, nous avons mené une démarche d’opérationnalisation à deux niveaux. Dans un premier temps, à partir de la littérature, nous avons dégagé les composants, les indicateurs et les variables qui caractérisent chacune de ces dimensions, Pour ce faire, nous nous sommes basés essentiellement sur les travaux de Zahra et George (2000), Chauvet (2003) et Noblet & Simon (2008). Par la suite, nous avons mené une investigation empirique exploratoire auprès de deux ingénieurs de l’Enise. Cette démarche nous a permis de mieux cerner les caractéristiques de la capacité d’absorption pour le cas spécifique des PME. A partir d’une analyse thématique des informations collectées, nous avons complété la liste des unités de mesure initialement établie.
La discussion des résultats obtenus, à la lumière du cadre théorique mobilisé, a mis en évidence des enseignements ayant une grande valeur ajoutée dans le domaine. Sur le plan théorique, ce travail souligne le caractère dynamique entre les dimensions de la capacité d’absorption. C’est particulièrement le cas de la transformation et de l’exploitation. Dans ce cadre, nous avons proposé une articulation entre quatre grilles théoriques complémentaires : la RBV, l’apprentissage organisationnel, les capacités dynamiques et la théorie du changement. Par ailleurs, ce travail offre également aux managers des unités de mesure, de la capacité d’absorption, spécifiques aux PME. Ces indicateurs sont très révélateurs de la réalité de ces structures par rapport aux grandes entreprises.