La créativité organisationnelle est indispensable à l’épanouissement d’une capacité d’innovation au sein d’entreprises prises dans des environnements turbulents. Les individus, porteurs d’idées créatives peuvent cependant éprouver des difficultés à légitimer ces idées au sein de l’entreprise et dans son environnement. En effet, alors que la créativité consiste à changer un domaine, l’acte de légitimation repose sur des normes et des schémas établis. Nous nous proposons donc d’étudier la légitimation de douze idées créatives nées dans une entreprise de composants électroniques.
Cette recherche vise à identifier les actions stratégiques mises en place par les acteurs créatifs afin d’accroître leur crédibilité et de faire reconnaître leurs idées. Plus particulièrement, nous nous intéressons à trois types d’actions : a) se conformer aux motivations des audiences préexistantes dans l’environnement actuel de l’entreprise b) sélectionner parmi des environnements multiples une audience qui va soutenir les pratiques existantes c) manipuler la structure environnementale en créant de nouvelles audiences et de nouvelles croyances légitimantes (Suchman, 1995). Afin de décrire les actions des acteurs innovants et leur visée stratégique, une étude qualitative est conduite, basée sur 30 entretiens ouverts. Les réseaux sociaux ayant conduit à la légitimation de l’idée créative mettent en évidence l’activation d’un réseau établi ou la création de liens nouveaux, à la fois au sein de l’entreprise et dans son environnement.
L’objectif de cette communication est d'étudier le rôle de la distance géographique entre les individus à l’heure de choisir un co-auteur. Il s’agit notamment de savoir si les chercheurs se trouvant proches géographiquement ont plus tendance à co-écrire entre eux que des chercheurs se trouvant éloignés géographiquement. Mesurer l’impact du développement des nouvelles technologies de l’information sur les pratiques de collaboration scientifique est également un enjeu de cette communication. Afin d’analyser les comportements d’une communauté de chercheurs, l’ensemble des communications co-écrites et présentées au congrès annuel de l’Association Internationale de Management Stratégique de 1997 à 2007 a été étudié. Les résultats montrent que le nombre de communications co-écrites augmente année après année et que la proximité géographique demeure le principal critère de choix des co-auteurs. En effet, même si les auteurs s’éloignent géographiquement au fur et à mesure de leur collaboration, la proximité géographique se trouve, le plus souvent, à l’origine de leur collaboration.
La nanotechnologie a connu récemment une augmentation fulgurante du nombre d’innovations, d’articles scientifiques et de brevets dans la plupart des pays industrialisés. Le Canada n’échappe pas à cette tendance. Malgré son vaste territoire, le Canada est un petit pays au point de vue de sa population. La proximité des États-Unis fait en sorte que la collaboration de recherche se fait donc de part et d’autre de la frontière dans une proportion non négligeable. Du fait de cette situation, plusieurs questions se posent. Existe-t-il un réseau canadien de chercheurs et d’inventeurs de taille suffisante pour maintenir et développer l’innovation au Canada et qui soit dans une certaine mesure autosuffisant? Et si la production d’innovation en nanotechnologie s’accroît au fil du temps au Canada, qu’en est-il de l’organisation de la recherche appliquée dans ce domaine de pointe? Un réseau d’innovation très fragmenté signifierait probablement que les inventeurs canadiens travaillent avec des équipes étrangères plutôt qu’entre équipes canadiennes, et donc œuvrant en silo les uns par rapport aux autres au sein d’un même pays. Il est aussi possible que la conséquence de cette fragmentation soit la création de niches d’expertises très poussées qui ne bénéficient pas des fertilisations croisées entre elles. L’objectif de cet article est donc d’évaluer les caractéristiques des réseaux de collaboration et leur structure afin d’évaluer l’importance de la création de connaissance et d’innovation en nanotechnologie au Canada. Cet article étudie l’évolution des réseaux sociaux de co-invention des inventeurs canadiens de nanotechnologie à l’aide des données de brevets de l’USPTO. Deux grandes catégories d’indicateurs sont utilisées pour évaluer l’évolution des caractéristiques de la collaboration et des propriétés des réseaux pour la période 1989-2004, sous forme de moyenne mobile sur 5 ans.
Nous montrons que les inventeurs canadiens de nanotechnologie ont une tendance à établir des liens de collaboration avec un nombre de plus en plus élevé de partenaires et de collaborer avec ceux-ci de façon plus intensive que par le passé. Cette collaboration répétée avec le même partenaire indique la présence de confiance mutuelle et la création de relations de coopération de recherche plus étroites. Nous montrons que les inventeurs les plus prolifiques ne sont pas les scientifiques dont les articles sont les plus cités, il existe donc une division du travail claire entre la recherche fondamentale et son application. La collaboration avec ces inventeurs prolifiques augmente, en proportion des brevets octroyés, elle diminue toutefois. Ce qui est donc indicatif d’une certaine dispersion de l’innovation à travers le réseau et de l’émergence de nouvelles spécialisations. Cette dispersion de l’innovation est accompagnée d’une certaine fragmentation du réseau canadien d’inventeurs de nanotechnologie. Cette fragmentation accrue du réseau est probablement due à l’avènement de la multiplication des spécialisations en nanotechnologie. Nous voyons donc apparaître des branches spécialistes qui se dissocient tranquillement du noyau central et se regroupent en composantes plus petites. Bien que nous observions une augmentation de la fragmentation, les réseaux deviennent en revanche plus denses et cohésifs. Les inventeurs sont donc interconnectés entre eux et la probabilité des échanges de connaissance améliorée.
Cet article propose une étude du processus d’évolution d’innovations organisationnelles publiques, comme conséquence directe de la recherche stratégique de performance de l’État. Il s’agit de reconstituer le cheminement complexe de l’innovation, depuis la décision de l’État-stratège, jusqu’à son application locale au sein d’un territoire déconcentré. L’articulation entre la décision dans les institutions, et les dynamiques managériales dans les organisations, lie le moyen-terme stratégique au court-terme opérationnel. Outre l’objectif d’équilibre budgétaire et de reddition des comptes, les enjeux des réformes se fondent sur les valeurs d’intérêt général des services publics, sur la qualité du service de l’usager/citoyen, ainsi que sur la mobilisation et l’adhésion de ses ressources humaines.
Cette recherche permet de comprendre, sur un plan théorique, le « pourquoi » et le « comment » des innovations organisationnelles, et de définir, par une expérience pratique, le pilotage territorial d’un projet de réforme. L’étude empirique porte sur la DIRECCTE, futur service déconcentré du Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, issue de la fusion de dix services.
Les travaux reposent sur le paradigme constructiviste, l’étude se veut qualitative, et la démarche, inductive. Les principaux résultats de l’article sont d’ordre managérial, et correspondent au pilotage opérationnel, par la prise en compte stratégique du tableau de bord prospectif, et de la sociologie de l’action publique dans les facteurs de changements organisationnels, avec la mobilisation et l’autonomie du personnel de terrain.
Les services de proximité sont au cœur des préoccupations de développement économique sans que la question des formes et des mécanismes de l’innovation soit traitée. Les concepts théoriques du management de l’innovation ne sont pas adaptés à l’étude de ces services. L’objet de cet article est donc la conception et la discussion d’un cadre théorique adapté à l’étude de l’innovation dans les services de proximité.
Dans un premier temps, ce cadre théorique a été construit autour de trois axes : la caractérisation de l’innovation, la compréhension des acteurs et de leurs relations tout au long du processus de l’innovation, et enfin la question de sa performance. Il nous conduit à définir l’innovation dans les services de proximité comme « toute modification de produit ou de process ayant un impact décisif sur une des dimensions de la performance du service de proximité ».
Dans un second temps, ce cadre théorique a été mobilisé pour étudier le cas particulier de l’innovation dans les services de formation à la conduite et à la sécurité routières. Trois configurations d’innovations ont été repérées au cours de cette recherche : l’adaptation de l’offre de service par des exploitants isolés, des innovations portées par des réseaux structurés d’écoles de conduite, des innovations initiées par des acteurs extérieurs au secteur.
Enfin, cette recherche a permis d’identifier les facteurs de succès et les freins ainsi que les capacités d’innovation des entreprises sur un tel secteur.
Ce travail s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche initié par l’Enise (Ecole nationale d’ingénieurs de Saint-Etienne) et financé par le conseil général de la Loire. Il vise à analyser la capacité d’absorption des PME de la région pour les connaissances technologiques/innovations produites par l’Enise. Ces dernières concernent essentiellement l’usinage et la conception de pièces en métaux. L’intérêt pour l’étude de ce phénomène est double. D’une part, le besoin de repérage des entreprises dotées de capacité d’absorption sur des secteurs d’activités spécifique à l’Enise, est important. D’autre part, très peu de recherches se sont intéressées à l’opérationnalisation du concept de la capacité d’absorption.
Afin de répondre à ces objectifs, et dans le cadre de la première phase du projet mené, nous nous sommes basés sur les travaux de Zahra et George (2000). Dès lors, une distinction est faite entre les quatre dimensions du phénomène étudié : l’acquisition, l’assimilation, la transformation et l’exploitation. Afin de déterminer des indicateurs mesurables pour chacune de ces phases, nous avons mené une démarche d’opérationnalisation à deux niveaux. Dans un premier temps, à partir de la littérature, nous avons dégagé les composants, les indicateurs et les variables qui caractérisent chacune de ces dimensions, Pour ce faire, nous nous sommes basés essentiellement sur les travaux de Zahra et George (2000), Chauvet (2003) et Noblet & Simon (2008). Par la suite, nous avons mené une investigation empirique exploratoire auprès de deux ingénieurs de l’Enise. Cette démarche nous a permis de mieux cerner les caractéristiques de la capacité d’absorption pour le cas spécifique des PME. A partir d’une analyse thématique des informations collectées, nous avons complété la liste des unités de mesure initialement établie.
La discussion des résultats obtenus, à la lumière du cadre théorique mobilisé, a mis en évidence des enseignements ayant une grande valeur ajoutée dans le domaine. Sur le plan théorique, ce travail souligne le caractère dynamique entre les dimensions de la capacité d’absorption. C’est particulièrement le cas de la transformation et de l’exploitation. Dans ce cadre, nous avons proposé une articulation entre quatre grilles théoriques complémentaires : la RBV, l’apprentissage organisationnel, les capacités dynamiques et la théorie du changement. Par ailleurs, ce travail offre également aux managers des unités de mesure, de la capacité d’absorption, spécifiques aux PME. Ces indicateurs sont très révélateurs de la réalité de ces structures par rapport aux grandes entreprises.
La compréhension du fonctionnement interne des réseaux interorganisationnels prend depuis quelques années une place croissante dans la littérature. Pourtant, rares sont les études empiriques, surtout dans le domaine de l’innovation - notamment des réseaux d’innovation. Le vide est encore plus flagrant lorsqu’il s’agit d’étudier les réseaux pilotés par des entreprises de petite taille. Cet article comble partiellement ce vide grâce à une exploration de six réseaux d’innovation où les PME jouent un rôle central. Ces cas seront comparés à un cas « pilote », où le pivot est une grande entreprise. L’objectif est d’identifier les spécificités des modes de coordination mis en place par les PME en situation d’asymétrie de taille au sein des réseaux d’innovation créés pour mettre leur invention sur le marché. L’analyse empirique qualitative met en lumière que la taille du pivot et son degré de dépendance influent de manière considérable sur les modes de coordination mis en oeuvre par le pivot. Les résultats de cette recherche qualitative menée sur sept projets d’innovation montrent que (1) la répartition des résultats et les garanties varient en fonction du degré de dépendance du pivot, (2) la confiance et le degré de formalisme sont corrélés à la taille du pivot PME et (3) les modes de résolution de conflits sont influencés tant par la taille que le degré de dépendance.
La performance des équipes de développement de nouveaux produits (NPD) n’est plus pensée comme étant le résultat de procédés exclusivement internes mais aussi comme la capacité de leurs membres à manager des activités externes visant à identifier et obtenir des ressources appropriées. La littérature rend possible l’identification de quatre types d’activités externes considérées comme critiques pour le développement de nouveaux produits : la coordination avec les acteurs externes, la veille relative aux informations et aux idées, l’obtention de support politique et la protection de l’équipe. En parallèle, la recherche sur le réseau social montre que certaines caractéristiques du réseau externe des membres de l’équipe ont un effet sur la performance organisationnelle. Les variables de réseaux les plus importantes sont les trous structuraux, la force des liens, la capacité à tisser des liens verticaux (posséder des liens avec des individus de niveaux hiérarchiques supérieurs) et horizontaux (posséder des liens avec des individus dans des entités organisationnelles différentes). Pourtant, ces deux courants de recherche restent séparés.
Afin de créer des ponts entre ces deux approches, nous testons l’hypothèse selon laquelle la capacité de l’équipe à manager les activités externes joue un rôle de médiatrice entre les variables de réseau et la performance de développement des nouveaux produits. Ainsi, le réseau est perçu comme ne générant pas de retombées par lui-même, mais participe au succès de certaines activités externes. Un modèle d’équations structurelles (PLS) portant sur 73 projets terminés de développement de nouveaux produits met en exergue deux activités externes impliquant pour chacune d’elle le rôle prédominant des liens forts. Le fait de disposer de liens forts a un impact positif sur la veille, qui favorise à son tour des retombées d’ordre technique pour le projet. La force des liens permet également d’obtenir des appuis politique qui vont ensuite augmenter les capacités managériales de l’équipe. Enfin, les retombées techniques et managériales sont liées au succès du produit sur le marché.
Après avoir précisé le diagnostic des enjeux en matière de politique publique, notamment pour le couplage Pme et pôles de compétitivité, nous proposons une approche qui se base sur une nouvelle grille de lecture de la dynamique de compétition internationale que nous proposons d’appeler : la compétitivité S-R.
Nous utilisons un dispositif méthodologique centré sur l’analyse de la dimension tacite de la connaissance dont nous faisons l’hypothèse qu’elle se situe au cœur de la performance des pôles de compétitivité et peut nous permettre également d’améliorer la construction d’une théorie intégrée de l’interaction innovante.
Nous aboutissons à la conclusion qu’il y a une incompréhension significative dans la définition des outils des politiques publiques, faute d’une grille de lecture qui intègre au moins deux dimensions de la dynamique de compétition par l’innovation et proposons un dispositif de prise en compte de ces deux dimensions avec comme ligne de visée de produire des recommandations à la fois sur la gouvernance des pôles et sur le pilotage de l’innovation.
Depuis le milieu des années 1990, la recherche en entreprise s’est trouvée remise en question dans ses fonctionnements traditionnels par l’avènement d’un régime de compétition par l’innovation, qui concerne aujourd’hui un nombre croissant d’industries. Les attentes vis-à-vis des productions de la recherche se font plus pressantes lorsqu’il s’agit pour les entreprises d’innover de façon répétée et radicale, alors que dans le même temps la recherche connait une rationalisation de ses budgets et de ses processus.
Si toutes les innovations ne nécessitent pas l’incorporation d’un important contenu en connaissances nouvelles, certaines reposent par contre très clairement sur des avancées scientifiques et techniques fortes. C’est le cas des innovations-produits dans les industries basées sur la science telles que la chimie, la pharmacie ou encore l’électronique. La recherche est ainsi une activité de première importance dans la capacité des entreprises de ces secteurs à concevoir des projets innovants et à les mener à bien ; cependant elle n’apparaît pas comme suffisamment efficace par rapport aux attentes des directions d’entreprises.
Cette communication étudie le management de la recherche en entreprise comme un levier potentiel de résolution des problèmes d’efficacité de la recherche, sachant que nous appréhendons le management de la recherche comme la combinaison de trois sous-systèmes : le pilotage, l’organisation des unités et du travail et la gestion des personnels de recherche.
Nous poursuivons deux objectifs : 1) caractériser les modes de management de la recherche et leur dynamique, en lien avec les stratégies d’entreprises en matière d’innovation ; 2) mettre en évidence des modes de management de la recherche en entreprise susceptibles de favoriser la contribution de la recherche aux stratégies d’innovation intensive contemporaines.
Par rapport à ces objectifs, nous avons réalisé une étude de cas approfondie sur une entreprise internationale du secteur de la chimie de spécialités. A partir d’une analyse rétrospective menée sur une période de quarante ans, nous identifions trois phases différentes, caractérisées chacune par des modes de management de la recherche bien différents. Au-delà de cette entreprise particulière, et en nous appuyant sur d’autres études de cas et sur la littérature, nous formalisons trois modèles de management de la recherche : un modèle science push, un modèle market pull, et un troisième modèle plus émergent qualifié de « recherche concourante » plus adapté aux stratégies d’innovation intensive actuelles. Ce dernier modèle est basé sur un principe de couplage concourant, simultané, des explorations des connaissances scientifiques et techniques et des explorations portant sur les opportunités économiques ; les modèles plus traditionnels étant pour leur part construits autour de modes de couplage séquentiels. Cette communication montre comment une telle exploration concourante peut être mise en œuvre au travers de modes de pilotage renouvelés, mais aussi de profondes redéfinitions de l’organisation interne des unités de recherche, ainsi que des pratiques de travail et des compétences des chercheurs.
Cependant, si un tel modèle semble pertinent pour les entreprises des industries basées sur la science dans le contexte actuel, il s’agit d’un modèle organisationnel en émergence, fragile et dont l’applicabilité et la robustesse dépendent de facteurs internes et externes que nous discuterons en conclusion de cette communication.