La littérature a souligné la nécessité de réaliser l'innovation organisationnelle pour soutenir l'innovation technologique. Toutefois, quelles pratiques organisationnelles devraient être choisies, et sont-elles compatibles? Est-il favorable à l'innovation technologique de mettre en œuvre de «pratiques commerciales», «gestion de connaissances", "organisation du travail" et "relations extérieures", en même temps? Quelles sont les combinaisons d’innovation organisationnelle qui sont plus efficaces? Aucune réponse n'a été donnée à ces questions. Le but de cet article est justement d'étudier les complémentarités entre les différentes pratiques organisationnelles.
Les données issues de l'Enquête Communautaire sur l'Innovation (CIS 2006) réalisée en 2008 au Luxembourg sont utilisées. Basés sur de solides recherches économétriques, les résultats montrent l'impact de la gestion d'actifs complémentaires en faveur de l’innovation technologique Teece (1986) ou Stieglitz et Heine (2007). Mettre en œuvre de nouveaux systèmes d’"organisation du travail" a un impact important et positif sur les performances d'innovation. La réalisation conjointe d’«organisation du travail" et de "relations extérieures", augmente la capacité d’innovation de l’entreprise. Les « pratiques commerciales » ont un rôle bénéfique sur la capacité d'innovation de l’entreprise que si elles sont utilisées simultanément avec d'autres pratiques organisationnelles telles que la "gestion de connaissances" et les "relations extérieures". Les résultats soulignent également le fait que ces combinaisons ne sont pas les mêmes selon que l'entreprise est dans la première étape du processus d'innovation (innover ou non), ou dans une dernière étape (succès commercial de l’innovation introduite). Les gestionnaires doivent donc être conscients des divers effets et l'adoption de ces pratiques organisationnelles sur l'innovation technologique.
De récentes recherches ont mis l’accent sur l’importance pour les nouvelles entreprises internationales de l’existence de ressources et de compétences spécifiques. La présente recherche, qui s’inscrit dans ce courant, montre en particulier l’importance du capital humain acquis par les entrepreneurs sur base de leur expérience internationale passée. Mais nous montrons en même temps que ces organisations sont soutenues par une intention délibérée d’internationalisation dès l’origine. Notre recherche empirique est basée sur l’analyse d’un échantillon de 466 nouvelles entreprises de hautes technologies anglaises et allemandes. Nous montrons que ce capital humain est un actif qui facilite la pénétration rapide des marchés étrangers, et plus encore quand l’entreprise nouvelle est accompagnée d’une intention stratégique délibérée d’internationalisation. Des conclusions similaires peuvent être étendues au niveau des ressources que l’entrepreneur consacre à la start-up : plus ces ressources sont importantes, plus le processus d’internationalisation tend à se faire à grande échelle ; et là aussi, l’influence de ces ressources est augmenté par l’intention stratégique d’internationalisation. Dans le cadre des études empiriques sur les born-globals (entreprises qui démarrent sur un marché globalisé), cette recherche fournit une des premières études empiriques reliant l’influence des conditions initiales de création aux probabilités de croissance internationale rapide.
L’approche par les ressources, ou « Resource-Based View » (RBV) conçoit l’entreprise comme une collection de ressources idiosyncrasiques dont le but est d'accumuler des actifs et des compétences pour conquérir et/ou protéger un positionnement valorisable sur un marché. Cet article se focalise essentiellement sur la dimension hétérogène des ressources de l’entreprise, et sur les contraintes d’accumulation. En effet, l'hétérogénéité des ressources de la firme la conduit à contrôler et mettre en œuvre de plus grandes quantités de ressources que celles nécessaires pour réaliser les stratégies prédéfinies, se trouvant ainsi confrontée à des effets de seuil. Nous montrons, par une étude empirique centrée sur la coopération technologique avec des laboratoires publics, que la firme peut parer ces effets de seuil en accédant par la coopération technologique à des ressources complémentaires. Nous mettons ainsi en évidence trois mécanismes de combinaison, d’acquisition et de génération de ressources.