Tables rondes > Spécificités et paradoxes du management de la performance dans la sphère publique
Organisation et animation
MAZOUZ Bachir
, Professeur Titulaire
, ENAP, Université du Québec
, Canada
, Québec
, Bachir_mazouz@enap.ca
Participants
FOUCHET Robert
, Professeur des Universités
, IMPGT Aix-en Provence
, France
, Aix-en Provence
KÉRAMIDAS Olivier
, Maître de conférences
, IMPGT Aix-en Provence
, France
, Aix-en Provence
LE DUFF Robert
, Professeur Émérite
, IAE de Caen
, France
, Caen
MARTINET Alain-Charles
, Professeur des Universités
, Lyon 3
, France
, Lyon
NOBRE Thierry
, Professeur des Universités
, EM-Strasbourg
, France
, Strasbourg
ORANGE Gérald
, Professeur des Universités
, IAE Université de Rouen
, France
, Rouen
ROCHET Claude
, Professeur des Universités
, IMPGT Aix-en Provence
, France
, Aix-en Provence
Spécificités_et_paradoxes_du_management_de_la_performance_dans_la_sphère_publique.pdf
Cette Table ronde s’inscrit dans une logique de débats et d’échanges abordant des problématiques
soulevées par les réformes administratives et les transformations qu’elles génèrent au sein des
organisations publiques. Les participants à ces débats visent, dans un premier temps, à nourrir la
recherche universitaire en management des organisations publiques en données empiriques et pistes
de réflexions portant sur des « spécificités inhérentes à la conception bureaucratique, à la culture
institutionnelle et aux traditions de gouvernance qui sont à la base des appareils publics »1. Si nous
voulions développer et enseigner des connaissances utiles au management des organisations
relavant du bien commun, de l’intérêt général et du service public, des paradoxes et des spécificités
sont à souligner, à documenter et à analyser en profondeur à tous les nouveaux de l’action publique :
valeurs, missions, acteurs, systèmes, outils, structures, processus et performance, (Fouchet, 1999;
Bartoli 2005; Rochet, 2005; Mazouz et Tardif, 2008; Proulx 2008).
Pour les besoins de cette Table ronde nous avons limité les apports des participants - tous des
chercheurs confirmés ayant déjà consacré plusieurs travaux de recherche - aux spécificités et
paradoxes entourant le mangement de la performance dans la sphère publique. Ce faisant, nous
suggérons d’examiner en profondeur l’affirmation selon laquelle « le management de la performance
des organisations publiques ne se saurait advenir du simple fait d’une transposition d’outils et de
pratiques conçus et éprouvés dans l’entreprise privée, comme le laissent entendre certaines thèses
néolibérales faisant la promotion des New public management »2.
En effet, la recherche universitaire consacrée à la performance des organisations publiques a été
souvent liée à l’instrumentation managériale et organisationnelle que les mouvements de réforme
administrative voulaient instituer dans la sphère publique afin de remédier aux paradoxes que « posait
un appareil public conçu pour servir la société et l’économie mais qui, au fil du temps, serait devenu
source d’appauvrissement collectif (dette publique), de rigidité structurelles, d’inefficacité fonctionnelle
et de gaspillage de deniers publics »3. Or, sur le plan théorique il est démontré que la performance
des organisations appartenant à l’État ne peut être appréhendée de la même manière que celle de
l’Entreprise (Drucker, 1989 et 1995 ; Simon, 1997 ; Bower, 1983). «… la nature complexe des
missions et des valeurs à la base des configurations structurelles et des modes de fonctionnement et
de gestion des organisations publiques, est dictée par des soubassements idéologiques, juridiques et
sociopolitiques sous-jacents à la finalité publique elle-même… qui continuent à miner les fondements
économiques et l’utilité managériale de tout modèle qui voudrait réduire et expliquer la performance
de la sphère publique en faisant référence à l’efficience et à l’efficacité des systèmes (...) Les
évaluateurs, les méthodes d’évaluation, les indicateurs et les systèmes de mesures doivent intégrer
l’équité comme critère important d’évaluation d’un organisme, d’un ministère, d’une politique ou d’un
programme public (Fouchet, 1998 ; Boyne et Walker, 2005; Kéramidas, 2006). Par conséquent, il est
peu probable de voir émerger une définition de la performance qui soit universelle et applicable en
même temps à l’Entreprise et aux organisations de l’État »4.
Cette Table ronde nous aidera à mieux situer l’évolution des débats et de la recherche universitaire
sur les spécificités et les paradoxes que révèlent les « nouvelles façons » de concevoir et de gérer les
affaires publiques – elles sont dites « nouvelles » car issues de réformes administratives relativement
récentes (i.e. LOLF, en France, la LAP, au Québec, le GPRA, au États-Unis, le Next Step Agencies au
Royaume-Uni, la nouvelle gouvernance publique en Australie...). Ce faisant, nous soulèverons des
interrogations portant sur le concept même de performance publique qui fait encore l’objet de
définition oscillant entre des préceptes de vision, mission, objectifs, valeurs, stratégies, structures,
processus, systèmes, compétences, comportements ou attentes des personnes, des groupes ou des
sociétés (Thomas, 2005) :
- Doit-on apprécier les résultats de l’action publique, et à travers eux ses
performances, en termes d’intrants (inputs), d’extrants (outputs) ou d’effets/impacts
(outcomes) ?
- Comment devrions-nous procéder pour que la performance soit comprise dans sa
définition, son application ou sa comparaison d’une organisation publique à l’autre
?
- Quelles spécificités les architectes de systèmes d’information devraient intégrer
lors de la conception et la mise en place de systèmes de gestion de la performance
publique ?
- Suffit-il d’apprécier les effets d’économie sur l’administration au détriment des
impacts sur les communautés et citoyens que supposent les services publics pour
affirmer que ceux-ci ont été dispensés dans le sens d’un engagement à l’endroit de
la société toute entière ?
- La performance publique se délimite-t-elle par l’analyse des données fournies par
des services (unités administratives), par la synthèse des rapports des ministères
(gouvernement) ou par le rapport des résultats des enquêtes auprès des
bénéficiaires, citoyens, usagers… clientèle ?