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Corbel Pascal, Raytcheva Stela

Cet article a pour but d’approfondir un phénomène mis en exergue par Lanjouw et Schankerman (2001b) : les entreprises détenant des portefeuilles de brevets importants semblent moins souvent impliquées dans des actions en contrefaçon que les autres. : En croisant une grille d’analyse issue de la gestion des risques et le discours de praticiens sur les rôles du brevet, nous avons pu en analyser les raisons. La détention de brevets diminue à la fois la magnitude des pertes et la probabilité d’occurrence à travers trois fonctions du brevet : la négociation, la dissuasion, le « déminage », ainsi que les compétences associées. Elles modifient aussi les différents facteurs influençant la perception des risques aussi bien au niveau de la cible que de l’attaquant potentiels. Même si elle repose plus sur une étude des discours des professionnels que de faits objectifs, cette étude contribue ainsi à étendre les raisonnements de la gestion des risques à un thème jusque là négligé par ses spécialistes. Elle permet surtout d’approfondir nos connaissances sur certains des rôles du brevet, que la littérature spécialisée récente a sorti de son simple rôle originel d’instrument de lutte contre l’imitation technologique, pour en faire un véritable outil de management stratégique. L’effet de dissuasion fait partie de ceux qui avaient fait l’objet de peu d’études jusqu’ici. Enfin, cette analyse a des implications potentielles en matière de gestion d’un portefeuille de brevets, les entreprises pour lesquelles la réduction de ce risque est un élément important de leur stratégie PI adoptent en effet des comportements spécifiques, en particulier le dépôt de très nombreux brevets, ce que notre analyse contribue à expliquer.