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Blanco Sylvie, Poissonnier Hugues

La R&D inter-organisationnelle s’est développée de manière très importante depuis plusieurs années déjà. Des formes organisationnelles diverses ont vu le jour telles que les projets collaboratifs, les alliances stratégiques, les réseaux, les joint-ventures ou encore les consortiums. A chaque fois, l’objectif est de générer ou de maintenir un avantage compétitif basé sur la technologie en visant trois types de bénéfices : la réduction des coûts et des risques par la mutualisation des ressources ; l’accès à et la production de connaissances scientifiques et technologiques nouvelles ; les gains de légitimité et de réputation au sein de leur environnement. Ces collaborations ne semblent pas toujours porter leur fruit, au point que des doutes animent aujourd’hui les praticiens, les institutionnels, ainsi que les chercheurs face à ce phénomène collaboratif en R&D. En effet, ces approches comportent des dangers qui parfois freinent, voire annihilent l’engagement de certains acteurs. Les comportements opportunistes et les dérives liées à des pratiques de pilotage aléatoire font craindre aux décideurs des gains inférieurs à l’effort fourni, des déséquilibres importants entre partenaires quant aux retours sur investissement ou encore des impacts négatifs en termes de réputation et de compétitivité. Malgré des travaux de recherche importants sur cette thématique, ces activités de R&D au-delà des frontières de l’organisation soulèvent des questions de management encore mal comprises. Face à cette problématique, nous proposons une approche anticipative des dysfonctionnements. Il s’agit de mieux cerner, au stade de la contractualisation entre partenaires, les dangers potentiels des collaborations de R&D vis-à-vis des bénéfices attendus afin de mieux les prendre en considération et de s’en prémunir. Après une revue de littérature portant sur les différents risques, nous examinons en profondeur un cas de projet collaboratif de R&D. Cette approche vise, in fine, à faire émerger l’importance d’anticiper les dysfonctionnements par un suivi de la performance collaborative du projet de R&D plutôt que par l’établissement d’un cahier des charges précis et souvent trop rigide. Des pistes de recherche ainsi que des implications managériales sont présentées dans ce sens.