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Etchevers - corbett Isabelle, Mounoud Éléonore

Cette communication inscrit les enjeux de la gestion des connaissances dans un contexte stratégique particulier, celui de l’industrie cimentière présenté à partir des travaux de Dumez et Jeunemaître (2000). A travers le cas de Cimentinc, une multinationale du ciment, nous verrons comment l’organisation de la fonction de support technique contribue à répondre aux enjeux stratégiques de cette industrie et si la gestion des connaissances renforce ou menace cette contribution. Cette recherche est issue d’une immersion sur le terrain pendant près de trois ans. La première partie présente en s’appuyant sur les travaux de Dumez et Jeunemaître (2000) les enjeux stratégiques de l’industrie cimentière. Après avoir explicité notre démarche de recherche, nous nous concentrerons sur la présentation et l’analyse du cas Cimentinc, groupe multinational. La troisième partie présentera la gestion de l’expertise technique. Enfin, dans la dernière partie, nous verrons quelle place occupe le dispositif de gestion des connaissances en laissant la parole aux acteurs de la fonction de support technique : les experts des régions et du siège technique. Le monde du ciment se révèle un terrain particulièrement favorable pour étudier les enjeux multiples et contradictoires de la gestion des connaissances. C’est autour des enjeux de productivité que se rencontrent l’industrie cimentière et la gestion des connaissances : l’impératif de l’une de produire plus de ciment, mieux, et à moindre coût rencontre la proposition de capitaliser l’expérience, de « ne pas réinventer la roue » et de réutiliser les connaissances accumulées. Pour le siège, le dispositif de gestion des connaissances participe de la fonction d’assistance technique, mais cette vision n’est partagée ni par la fonction de support technique régional, ni par les usines. Le contexte stratégique et organisationnel ancre le dispositif de gestion des connaissances dans une logique de codification, à l’opposé d’une logique de personnalisation, pourtant plus proche de la logique d’action du support technique et des usines. Détaché de la pratique, l’appel du siège à partager les connaissances résonne dans le vide. L’élaboration du dispositif de codification des connaissances pare cependant le centre de légitimité aux yeux des analystes financiers et des autres multinationales. L’injonction de partager les connaissances reste de l’ordre du discours, l’adoption des pratiques de gestion des connaissances reste globalement d’ordre symbolique et rituel. Le discours KM de Cimentinc relève du « mythe gestionnaire » (Grimand, 2006), il ne permet pas de penser les conditions d’appropriation du dispositif de gestion des connaissances.