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Marais Magalie

Ce papier adopte une perspective contingente de l’engagement responsable en le questionnant sous le double aspect humain et situationnel (environnemental et organisationnel). Plus spécifiquement, il questionne les modalités, les possibilités et la place de l’action humaine dans la construction d’un projet organisationnel responsable vis-à-vis d’un certain nombre de facteurs susceptibles d’encourager ou, au contraire, de bloquer les initiatives dans ce domaine (facteurs psychologiques, politiques, économiques, concurrentiels, organisationnels…). L’accent est plus spécifiquement mis sur les membres de l’équipe dirigeante d’une organisation et sur leurs valeurs. La littérature stratégique se préoccupe, en effet, du rôle et de la place des valeurs des membres de l’équipe dirigeante d’une firme dans l’impulsion, la concrétisation et la persistance d’un projet de RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise). L’étude de ce lien se justifie, principalement, du fait des fondements normatifs ayant présidés à l’émergence et à l’essor de considérations sociétales dans le monde des affaires. L’impact des valeurs managériales sur l’engagement socialement responsable suscite, cependant, des oppositions au sein des travaux existants. Des contradictions sont identifiées : alors que certaines études démontrent une association positive et forte entre les valeurs managériales et l’engagement responsable des organisations, d’autres études peinent, au contraire, à démontrer le caractère significatif de cette relation, du fait de l’existence de considérations utilitaristes prégnantes. Nous proposons, dans cette contribution, de nous interroger sur les facteurs susceptibles d’expliquer les différences constatées dans l’association entre valeurs managériales et comportements responsables des firmes. La dimension contradictoire caractérisant cette relation sera, notamment, capturée de manière contingente en questionnant les facteurs susceptibles d’expliquer les variations constatées relativement au lien entre les deux concepts. Pour ce faire, nous avons choisi de mobiliser le cadre théorique de la « discrétion managériale » proposant de tenir compte de la marge de manœuvre des dirigeants dans la possibilité, pour ces derniers, de voir leurs caractéristiques personnelles se refléter dans les comportements organisationnels. Le projet de RSE sera, alors, appréhendé à travers un positionnement ontologique mixte, défendant une approche volontariste d’engagement de la firme, tout en ne niant pas toute possibilité de déterminisme. La logique de l’engagement socialement responsable oscillant entre considérations axiologiques et utilitarisme sera, également, questionnée.