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Adrot Anouck, Garreau Lionel

L’improvisation suscite un intérêt croissant dans la littérature managériale. Cependant, le cas particulier de l’improvisation organisationnelle a été relativement peu étudié jusqu’ici. Audelà d’une simple transposition des caractéristiques individuelles au niveau collectif, il manque une opérationnalisation claire du concept qui permette de caractériser l’improvisation et d’en découvrir les mécanismes. Une meilleure compréhension de l’improvisation organisationnelle modifierait les représentations, encore négatives, que se font les praticiens de l’improvisation. Toutefois, dans le domaine hospitalier, caractérisé par une forte institutionnalisation des pratiques, l’improvisation est principalement reconnue comme indispensable en situation critique. Il est donc nécessaire de mieux étudier l’improvisation, car celle-ci s’avère être une ressource cruciale à la résolution de problèmes complexes en situation de pression émotionnelle et temporelle forte. L’objectif de cette étude, en cours de réalisation, est de proposer une compréhension de l’improvisation organisationnelle au travers des interactions interindividuelles. En suivant les principes de la théorie enracinée, nous menons une analyse rétrospective de la réponse à la canicule de 2003 par trois structures hospitalières d’Ile-de-France. Les premières analyses de notre étude mettent en évidence trois types d’interactions : des interactions discursives, sources de développement de nouvelles pratiques, des interactions de traduction qui génèrent un référentiel commun de pratiques, et des interactions basées sur l’expertise qui légitiment certaines pratiques. La mise en évidence de telles interactions nous semble cruciale pour une meilleure compréhension de l’improvisation. Aussi, les éléments émergents de nos premières analyses semblent très proches des éléments théoriques du cadre des capacités dynamiques. Cela nous conduit ainsi à discuter la pertinence de l’approche des capacités dynamiques comme cadre d’analyse des interactions composant l’improvisation organisationnelle en situation de crise.

Bandeira-de-mello Rodrigo, Garreau Lionel

La théorie enracinée a été initialement développée pour proposer une alternative aux méthodes hypothético-déductives, qui formaient le courant majeur de la sociologie des années 1960, en visant à créer de nouvelles connaissances en se fondant sur les pratiques sociales. Face à l’ambition de vouloir créer de nouvelles connaissances au travers de l’utilisation de la théorie enracinée, de nombreux chercheurs mentionnent les difficultés inhérentes à cette méthode dans le développement de théories innovantes (Fendt & Sachs, 2008; Guillemette, 2006; Shalley, Gilson, & Blum, 2000). Cependant, la créativité reste une notion sous évaluée dans la littérature associée à la théorie enracinée. Les commentaires à propos de la créativité sont soit diffus(Charmaz, 2000 ; Glaser & Strauss, 1967 ; Strauss & Corbin, 1990) , soit limités (Dey, 1999 ; Douglas, 2003 ; Fendt & Sachs, 2008 ; Goulding, 2001 ; Locke, 2001 ; Wells, 1995). Ce papier cherche à clarifier dans quelles mesures la créativité joue un rôle dans le développement d’une théorie enracinée, ainsi que comment atteindre un certain niveau de créativité. Nous discutons d’abord les implications des choix épistémologiques dans les différentes versions de la théorie enracinée sur les potentialités de créativité dans le processus de recherche. Nous montrons que la place de la créativité diffère selon les approches utilisées : orthodoxe (Glaser and Strauss, 1967), pragmatique (Corbin & Strauss, 1990, 2008 ; Strauss & Corbin, 1990, 1998)ou constructiviste (Charmaz, 2000, 2006). Nous proposons trois stratégies de recherche permettant d’aider le chercheur dans sa quête de créativité. Nous nous appuyons sur près de dix années de pratique et d’enseignement de la théorie enracinée pour montrer comment les pratiques mentionnées peuvent aboutir à une meilleure créativité du chercheur. Nous ne proposons pas une liste exhaustive des techniques et stratégies mais mettons l’accent sur trois d’entre elles : le travail en groupe, les connaissances en art et la créativité in vivo.