Depuis quelques années, les stratégies sociétales commencent à s’intégrer dans les PME françaises en raison de diverses pressions exercées par leurs parties prenantes (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2007). Mais qu’en est-il des entrepreneurs ? Ont-ils tendance à s’impliquer dès la création de leur entreprise ? Et surtout leur profil a-t-il une influence sur la stratégie sociétale mise en œuvre dans leur organisation ? Tel est l’objet de cette recherche exploratoire. Pour ce faire, nous avons recours à la grille de lecture des typologies d’entrepreneurs proposée par Daval et al. (2002) qui présente l’avantage de relier les corpus théoriques de l’entrepreneuriat et du management stratégique au travers de la dialectique individu / organisation. Après un retour sur la littérature en matière de stratégies sociétales, nous tentons d’investiguer la réalité au travers d’une étude empirique qualitative menée auprès de dix créateurs d’entreprise d’une région française. Une matrice des stratégies sociétales des créateurs adaptée des travaux de Berger-Douce (2007) sur quelques entrepreneurs du Nord de la France est utilisée pour la présentation de nos résultats. Les premiers résultats montrent que la moitié des créateurs interrogés se préoccupent de RSE et développent une stratégie sociétale mobilisatrice, proactive ou rituelle, faiblement influencée par leur profil (histoire, aptitudes, besoins et motivations). S’agissant de l’autre moitié des créateurs, ils ont opté pour une stratégie sociétale réactive présentant un double engagement faible (environnemental et social), essentiellement en raison d’un manque de moyens disponibles (plus rarement par manque de conviction). Le volet environnemental semble concerner davantage les créateurs que le seul volet social (un seul créateur présente un engagement social élevé). En résumé, les facteurs contextuels semblent davantage influencer le choix d’une stratégie sociétale que les caractéristiques individuelles des créateurs. Cependant, le caractère exploratoire de cette communication ne permet que de souligner des tendances qu’il conviendra de confirmer ou d’infirmer lors de travaux ultérieurs.
