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Bureau Sylvain

Dans les formations de gestion, la vision traditionnelle de l’apprentissage est linaire et incrémentale : une fois les notions de base maîtrisées, il faut approfondir ses connaissances et développer une expertise spécialisée. Cette approche est tout à fait justifiée dans nombre de cursus académiques mais elle ne peut l’être au démarrage d’une formation en entrepreneuriat. A ce stade, le plus urgent, l’enjeu premier est avant tout de désapprendre. Les connaissances passées ne sont pas obsolètes mais elles limitent l’espace des possibles, elles enferment dans des modes de raisonnement et d’action bien souvent inappropriées pour entreprendre. Pour désapprendre, c’est-à-dire détruire certaines connaissances, croyances et routines passées pour développer de nouvelles heuristiques et comportements, le dispositif pédagogique se doit d’être non seulement en rupture avec le contenu traditionnellement enseigné mais aussi avec la symbolique habituelle. Nous présentons dans le cadre de ce papier une expérimentation, Improbable, qui vise à produire un tel effet. Son principe peut se résumer par la double exigence suivante : d’une part offrir aux étudiants un rôle totalement décalé au regard de leur formation passée ; et d’autre part, leur permettre de développer des activités qui approximent le travail de l’entrepreneur. Pour répondre à un tel énoncé, nous avons retenu la figure de l’artiste : le temps d’une semaine, les étudiants ont adopté cette posture, à la limite de l’imposture. Il ne s’agissait pas de résoudre des études de cas, d’élaborer des plans de financement ou des études de marché mais de produire des œuvres et de les présenter lors d’une exposition ouverte au public. Pour envisager l’intérêt et les limites de cette approche, nous procéderons en trois temps. Dans la première partie de cette communication nous justifierons l’importance du processus de désapprentissage au moment où les étudiants débutent une formation en entrepreneuriat ; puis, nous montrerons en quoi le recours à l’art est utile pour marquer la rupture dans un parcours scolaire avant de souligner que le travail de l’artiste approxime, sur plusieurs dimensions structurantes, l’activité de l’entrepreneur innovant. Dans une deuxième partie, nous détaillons l’expérimentation pédagogique et la méthodologie. Enfin, nous présentons les principaux résultats de l’expérimentation qui montrent que les étudiants ont non seulement mises en œuvre des pratiques de travail en rupture lors de cette expérimentation mais qu’ils ont également continué à mobiliser de telles pratiques pour développer d’autres projets mis en œuvre dans le cadre de ce programme de formation.