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Berthinier-poncet Anne

La recherche en stratégie s’est intéressée assez tardivement aux phénomènes d’agglomération territoriale et leurs impacts sur la performance d’innovation des entreprises, privilégiant alors l’analyse des déterminants structurels des clusters. Un certain nombre de travaux mettent aujourd’hui en avant l’influence de la gouvernance dans la création et l’intégration de réseaux d’innovation au sein de clusters caractérisés par une hétérogénéité d’acteurs. Le développement récent des pôles de compétitivité en France, dans la lignée des technopôles eux-mêmes issus d’une politique industrielle volontariste, a renouvelé l’intérêt des chercheurs sur ces dispositifs de soutien de l’innovation. Pour autant, peu de recherches empiriques se sont intéressées aux pratiques spécifiques mises en œuvre par les structures de gouvernance de ces clusters « à la française » - technopôles et pôles de compétitivité – pour soutenir une dynamique de coopération et d’innovation. L’objectif de cette communication vise à identifier et détailler les pratiques mobilisées par la gouvernance de ces clusters afin de créer un environnement institutionnel propice au développement de l’innovation dans la mesure où il facilite le partage d’information, réduit les incertitudes et participe à la construction d’une confiance inter-organisationnelle. Nous inscrivant dans la lignée des théories néo-institutionnelles, nous mobilisons le cadre d’analyse développé par Lawrence et Suddaby (2006) sur le travail de création institutionnelle dans les organisations et l’adaptons à l’étude de méta-organisations telles que les clusters. Le travail de création institutionnelle s’appuie sur trois principaux leviers : politique, normatif et cognitif. Cette communication se focalise sur le levier politique et ses pratiques puisque ce premier levier renvoie à la dimension volontariste de la création des clusters. L’analyse est menée de façon comparative sur deux types de clusters : un technopôle et deux pôles de compétitivité de la région Rhône-Alpes. Nous nous appuyons sur une méthodologie qualitative par étude de cas multiples. Les premiers résultats montrent que chacun des clusters mobilise ce levier politique, à des degrés d’intensité différente, afin de favoriser la cohésion et la cohérence entre les nombreuses parties prenantes. L’hypothèse qui ressort de l’analyse comparée de trois clusters de nature différente est qu’une structure de gouvernance resserrée, dans laquelle les individus moteurs font preuve d’un grand engagement et disposent de ressources personnelles et organisationnelles fortes, favorise l’innovation des entreprises.