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Batteau Pierre, Olivero Julie

Si les entreprises intègrent depuis longtemps les problématiques de risque financier ou social, elles expriment des difficultés à évaluer les risques environnementaux générés par leurs activités, appelés « risques « industrialo-environnementaux » ou RIE par commodité. Pourtant, depuis quelques années, la conscience collective des enjeux environnementaux s’est largement développée, que ce soit dans les milieux politiques et institutionnels, au sein de la sphère productive ou au niveau de la société civile. Pour répondre à ces exigences sociétales, l’entreprise doit s’interroger de façon permanente sur ses impacts locaux, directs et indirects sur l’environnement sous peine de subir des conséquences néfastes et irréversibles pour la pérennité de ses activités (boycott des produits, impacts financiers, déficit d’image, perte de marchés…). De nombreux travaux empiriques, aussi bien en sociologie, psychologie qu’en anthropologie, ont été menés sur la perception du risque et le comportement de l’individu face au risque. Les résultats mettent en évidence des phénomènes de divergence entre les évaluations objectives des experts en matière de risque et les appréciations subjectives du public, et leurs conséquences en termes de régulation et de gestion des risques. Experts et population sont donc interrogés sur divers types de risques (OGM, nucléaire, nanotechnologies, téléphonie mobile…) dont ils ne sont pas la source. Ils se positionnent donc en tant qu’évaluateurs voire « juges » des risques. Mais comment l‘industriel perçoit-il les risques qu’il fait subir à son environnement? Comment se forme la perception des RIE d’une organisation privée telle que l’entreprise ? Quelles sont les variables l’influençant (variables d’organisation interne et stratégiques)? On peut imaginer que devant faire face à des pressions externes croissantes, l’entreprise se doit de prendre conscience de son rapport à l’environnement, et des impacts de son activité sur le site de production et même au-delà. Basé sur approche pluridisciplinaire du risque et sur une étude territorialisée du bassin industriel des Bouches-du-Rhône, cet article vise à étudier la formation de la perception des RIE des managers dans un contexte organisationnel. On identifie les variables pertinentes susceptibles d’influencer la façon dont les responsables d’entreprises apprécient les risques qu’ils génèrent à leur milieu et les intègrent dans leur politique de gestion. Sans négliger les déterminants économiques, la réglementation et, dans une moindre mesure, les valeurs de l’établissement et la pression médiatique ont un rôle significatif dans la perception organisationnelle des RIE. Parallèlement, cette perception des RIE se trouve affaiblie par la crise économique, la complexité de la réglementation et le problème de quantification associé à ces risques. On constate en effet une maitrise des risques et des nuisances environnementales « classiques » (air, eau, sol, déchets), mais cette maitrise semble s’atténuer avec l’apparition de nouvelles études sur la biodiversité. En se positionnant comme « entropologue » , on tentera de mieux comprendre l’entreprise et son interaction avec l’environnement à travers ceux qui la servent (leur parole et leur perception) via une analyse de contenu thématique. Mots clés : Perception du risque, risque industrialo-environnemental, environnement, entreprise, analyse de contenu thématique.