L’approche par les ressources présente un biais positif qui limite sa portée explicative ; elle postule en effet que toute ressource ou compétence génératrice d’avantage concurrentiel est attractive. Or, plusieurs exemples montrent que ce postulat est inexact. Certaines firmes font reposer leur avantage concurrentiel sur des ressources et compétences dissuasives pour leurs concurrents.
Nous proposons donc d’introduire le concept de capacité répulsive, qui désigne des ressources et compétences génératrices d’avantage concurrentiel que les concurrents pourraient maîtriser, mais qu’ils refusent délibérément d’imiter.
La démarche suivie comprend trois étapes : (1) une mise en évidence du biais positif de l’approche par les ressources à partir de l’analyse de la littérature ; (2) la présentation de situations concurrentielles dans lesquelles ce biais limite la portée explicative de la théorie ; (3) l’exploration des capacités répulsives, qui permettent de surmonter cette limite, et leur application à des situations d’innovation stratégique.
Plusieurs modèles centrés sur le management des capacités organisationnelles ont été proposés par les auteurs pour aider les gestionnaires à avoir une réflexion structurée sur la relation entre l'entreprise, et son stock de ressources, compétences et capacités organisationnelles, et l'avantage concurrentiel [Amit et Schoemaker, 1993; Durand, 2006; Grant, 1991; Helfat et Peteraf, 2003; Sanchez, 1997]. Cependant, ces modèles reposent sur une conception limitée des dynamiques qui s’établissent entre les capacités organisationnelles de l’entreprise. Dans ce texte, on se propose d'aborder cette question en partant tout d'abord de l'idée que toute entreprise possède une architecture particulière de capacités organisationnelles hiérarchiquement intégrées en niveaux de 1 à n. D'autre part, puisqu'il existe des interactions systémiques entre ces différentes capacités organisationnelles, et que ces dernières sont arrivées à des phases d'évolution différentes de leur cycle de vie, des problèmes ponctuels ou de longue durée de cohérence interne et/ou externe peuvent se manifester et poser des problèmes dans la mise en oeuvre de la stratégie de l’entreprise.
Les capacités dynamiques.
Un point de vu théorique basé sur la gestion des rentes et les options réelles
La stratégie a été fortement marquée ces dernières années par le développement de la théorie de l’entreprise basée sur les ressources. S’il est admis que les ressources de l’entreprise sont à l’origine des rentes et que les capacités dynamiques déterminent la pérennité de ces rentes, peu d’indications sont offertes dans la littérature sur les critères que doit retenir le manager pour choisir entre des actifs pour obtenir ces diverses rentes.
Ce travail passe en revue les principales contributions au concept de capacités dynamiques et de rentes afin de définir les liens qu’entretiennent ces deux notions afin de guider la prise de décision du manager. Notre proposition est que ce choix peut être analysé comme une décision de création et d’exploitation d’options réelles.