Dans la littérature managériale, les travaux sur l'intégration du développement durable dans l'entreprise permettent de définir les stratégies durables. Plusieurs critères sont proposés : la proactivité face au paramètre environnemental, l'intégration des trois volets du développement durable, et une approche globale et de long terme de tous les impacts liés à l'activité de l'entreprise sur son territoire d'action. Pour comprendre le choix de ce type de stratégie, on peut mettre en avant deux types d’enjeux : des enjeux de compétitivité, et des enjeux relatifs à la responsabilité de l'entreprise (envers la nature, ses parties prenantes ou le développement durable).
Le cas BIOLAIT, premier collecteur indépendant de lait biologique en France, est représentatif d’une stratégie durable orientée autour du développement de la filière laitière biologique. A partir d'une méthodologie qualitative par analyse de cas, on peut mettre en évidence le rôle moteur assumé par cette PME dans le développement durable de cette filière en France. Cette stratégie engagée ne peut pas se comprendre à partir des seuls enjeux de compétitivité. Ce sont les enjeux relatifs à la responsabilité de l'entreprise qui jouent un rôle prépondérant pour expliquer les ambitions économiques, environnementales et sociales de l'entreprise.
La littérature académique consacrée aux entreprises socialement responsables (ESR) privilégie généralement les analyses de contenus à celles de processus, les observations des stratégies des groupes industriels à celles des PME, et les postures synchroniques aux approches diachroniques des reconfigurations organisationnelles. L’objectif de cette recherche est de proposer une représentation d’ensemble du processus de reconfiguration organisationnelle qui est à l’oeuvre dans les entreprises socialement responsables et une typologie des résistances au changement suscitées par cette reconfiguration. La recherche est organisée en deux séquences, respectivement exploratoire et confirmatoire. La méthodologie appliquée est de nature socio-compréhensive et de type hypothético-déductif.
Depuis quelques années, à l’instar des grandes entreprises, les PME s’engagent chemin faisant dans des démarches de Responsabilité Sociale d’Entreprise (RSE) (Quairel et Auberger, 2005). Les obstacles à cette implication sont pourtant nombreux : au-delà de leurs ressources limitées (financières, humaines, en temps), elles doivent gérer l’ensemble des changements organisationnels induits par la RSE. La reprise d’entreprise, quant à elle, constitue une étape de rupture dans la vie des organisations. A ce titre, ce papier de recherche propose de considérer le processus repreneurial (Deschamps, 2000) comme une opportunité de mettre en oeuvre une démarche de RSE en PME.
Une approche qualitative exploratoire (Hlady-Rispal, 2002) auprès de deux PME françaises familiales a été menée afin d’investiguer notre question de recherche.
Les premiers résultats semblent indiquer que le processus repreneurial peut être considéré comme un moment propice pour la mise en oeuvre d’une démarche de RSE en PME. Cependant, l’analyse suggère de préciser les conditions favorables à cette mise en oeuvre en termes de posture du repreneur, de processus organisationnels et de préparation de sa transmission par le cédant.
Les pistes de recherche s’orientent vers un approfondissement de nos propositions par un travail à plus grande échelle (en multipliant les cas de reprise étudiés) et par un élargissement au-delà des PME familiales (permettant de s’affranchir de leurs spécificités en matière de RSE) (Astrachan, 1988).