AIMS

Communications par thème

Thème : Méthodologie et Epistémologie
Retrouver l'Esprit de la vallée du Constructivisme en remontant à ses sources épistémiques

Cette communication s’inscrit dans la tradition des débats d’ordre épistémo-méthodologique qui s’est instaurée au sein de l’AIMS il y a une quinzaine d’années.
Depuis que la réflexion épistémologique s’est développée dans la recherche en management, les références au constructivisme se sont multipliées. Cette diffusion croissante du constructivisme s'est effectuée de manière quelque peu brouillonne. Ainsi, le terme constructivisme est souvent accompagné de qualificatifs tels que modéré, tempéré, radical, téléologique, auxquels différents auteurs attribuent des significations parfois très différentes. Les considérations d’ordre méthodologique prennent souvent le pas sur les considérations d’ordre épistémologique.
Au milieu d’un tel foisonnement, comment des discussions concernant l’émergence d’un nouveau paradigme en science du management fondé sur un paradigme épistémologique constructiviste peuvent-elles se développer de manière constructive ?
Le projet de cette communication est de fournir au lecteur des repères destinés à l'aider à se frayer un chemin au milieu du tohu-bohu constructiviste, élaborés en revenant aux fondamentaux, c'est-à-dire aux textes fondateurs et aux hypothèses fondatrices sur lesquelles les principaux paradigmes épistémologiques constructivistes reposent. La comparaison minutieuse de ces hypothèses et de leurs implications méthodologiques et épistémiques fait ressortir l’un d’entre eux comme étant plus ouvert que les autres.

Thème : Méthodologie et Epistémologie
Parcours du praticien et transfert des pratiques : proposition d’une grille de lecture dynamique

Cet article propose d’offrir une grille de lecture du transfert des pratiques organisationnelles. Il suggère de lire l’évolution d’une pratique au regard de deux axes poreux : l’axe individuel/collectif et l’axe figé/dynamique. Ces axes font chacun apparaître certaines dynamiques entre l’habitude, le bricolage, le partage des pratiques ou encore la co-construction qui s’enchaînent et se mêlent au cours de la vie professionnelle du praticien.
Pour illustrer cette grille de lecture et lui donner vie, nous avons choisi parmi les 25 salariés suivis durant 18 mois de nous attacher plus particulièrement à l’un d’entre eux : Eric. A partir de ses récits d’expérience, une lecture dynamique et contextualisée de l’évolution de la pratique est proposée. A l’aune du discours de cet expert apparaissent les rugosités et les difficultés de certains passages de frontières entre ces axes. Le partage de ses pratiques éclaire les modes de franchissement et les obstacles du cheminement entre les pôles extrêmes de ces axes.

Thème : Méthodologie et Epistémologie
Explorer le champ des possibles : une posture méthodologique

Le terrain des mutations dans l’approvisionnement dans la restauration collective se caractérise par des phénomènes multi-acteurs, multi-niveaux et évolutifs. Dans le contexte général d’une recherche-accompagnement collective et pluridisciplinaire, le souhait de rendre compte et d’accompagner les initiatives et les mutations confronte à de vraies difficultés méthodologiques. Leur dépassement est envisagé en engageant un rapport au terrain compris comme l’expression d’une épistémologie des possibles : il s’agit d’explorer les possibles que les initiatives passées ont permis de concrétiser et les possibles que les mutations rendent envisageables.

Thème : Méthodologie et Epistémologie
L’immersion des chercheurs dans les organisations : proposition d’un outil d’anticipation et de pilotage de leurs trajectoires

En vue de générer des connaissances valables, l’immersion des chercheurs sur le terrain constitue aujourd’hui une voie reconnue en sciences de gestion, qui, si elle reste encore minoritaire, n’en est pas moins particulièrement pertinente pour observer et théoriser certains aspects difficilement accessibles des organisations. S’immerger est néanmoins problématique pour un chercheur, qui doit surmonter de nombreux obstacles tels que les aléas de la vie organisationnelle, les réticences mais aussi les attentes des acteurs qui réagissent à sa présence au sein de l’organisation. Ainsi, la réussite d’une immersion passe par une capacité du chercheur à gérer sur la durée une ou plusieurs trajectoires dans l’organisation retenue. Or les travaux consacrés à la méthodologie d’immersion ont jusqu’ici principalement porté sur la réflexivité du chercheur immergé par rapport au hic et nunc de la situation dans laquelle il est engagé. L’article se propose de compléter ces travaux en avançant dans une autre perspective : la capitalisation de l’expérience méthodologique accumulée en matière d’immersion en entreprise, pour dégager et caractériser des trajectoires types permettant au chercheur d’anticiper le déroulement de sa recherche. S’appuyant sur deux cas de recherche par immersion (l’une portant sur la gestion de la relation de service et de la fraude à la RATP ; l’autre sur l’élaboration de standards logistiques au sein de GALIA), l’article dégage par comparaison des dimensions d’analyse des situations d’immersion et propose un outil d’analyse afin d’aider le chercheur à mieux anticiper et piloter ses trajectoires. Les deux dimensions considérées dans le construit sont la reconnaissance par les acteurs : (1) de son statut de chercheur ; (2) de son caractère opérationnel. Les résultats de l’article se veulent exploratoires et demandent à être approfondis et complétés par l’examen d’autres recherches par immersion, de façon à développer et capitaliser un corpus de connaissances disponibles pour les chercheurs souhaitant recourir à une méthodologie d’immersion.

Thème : Méthodologie et Epistémologie
La théorie enracinée en pratique : vers un dépassement de la tension entre scientificité et créativité dans les recherches basées sur la théorie enracinée ?

De nombreuses recherches ont mis en évidence les difficultés de la conduite d’une recherche utilisant la méthodologie de la théorie enracinée. D’une méthode prometteuse sur le plan de l’innovation et de la rigueur scientifique, elle peut apparaître comme un cauchemar pour le chercheur qui la pratique (Goulding, 2001). Nous montrons qu’au-delà des aspects techniques de la théorie enracinée, qui peuvent se montrer très contraignants, une des difficultés majeures de la théorie enracinée tient en la tension constante entre créativité et scientificité. Nous proposons de dépasser cette tension en mobilisant le cadre proposé par Alvesson, Hardy, & Harley (2008) dans leur étude de la réflexivité. Ce recadrage permet de montrer que créativité et scientificité peuvent se compléter, voire se renforcer dans le cadre de la théorie enracinée.

Thème : Méthodologie et Epistémologie
La théorie littéraire du plagiat par anticipation : vers une conception plus riche de la temporalité en gestion ?

A l’instar des autres disciplines scientifiques, les sciences de gestion s’appuient de manière implicite sur une conception linéaire et chronologique de la temporalité. Bien qu’elle ait été critiquée, une telle vision du temps imprègne encore largement les méthodologies scientifiques déployées en gestion comme notre compréhension de la vie des organisations. La faute sans doute aux difficultés pour les chercheurs de rendre compte des logiques temporelles non-linéaires qui peuvent être à l’oeuvre en gestion, et qui par nature sont plus complexes à caractériser. C’est dans cette perspective que s’inscrit cette communication. En effet, notre objectif ici est d’aider à la constitution d’outils permettant de mieux appréhender ces logiques temporelles complexes. Pour cela, nous proposons concrètement d’importer en gestion une théorie forgée en littérature par Pierre Bayard (2009) : celle du « plagiat par anticipation », qui exprime le fait qu’un écrivain serait capable de plagier un écrivain à venir.
Dans cette optique, notre propos s’articule en trois temps. Dans une première partie, nous présentons la théorie du plagiat par anticipation telle qu’elle a été formulée par Pierre Bayard. Reprenant le fil de son essai, nous voyons ainsi ce que recouvre la notion de plagiat par anticipation ; de quelle manière ce plagiat peut être distingué du plagiat classique ; comment le fait de plagier par anticipation peut-il être expliqué ; enfin, quelles sont les conséquences de l’existence du plagiat par anticipation sur notre conception de l’histoire littéraire. Dans une deuxième partie, nous argumentons la possibilité de transposer cette théorie à la gestion. Par rapport à la littérature, nous montrons alors que deux types de plagiats peuvent être relevés en gestion : des plagiats par anticipation de théories gestionnaires, qui interviennent au niveau textuel, entre théoriciens ; des plagiats par anticipation de modes d’organisations, qui interviennent à un niveau empirique, entre praticiens. Dans une troisième partie, nous tirons enfin un certain nombre de conséquences de l’existence du plagiat par anticipation en gestion. Nous montrons alors que ce concept permet d’accéder à une représentation plus riche des logiques temporelles non linéaires qui sont parfois à l’oeuvre en gestion. Précisément, ce concept contribue selon nous à une triple réévaluation : celle de notre compréhension de l’histoire des sciences de gestion ; celle ensuite des stratégies mimétiques déployées par les organisations ; celle enfin des méthodologies déployées par le chercheur en gestion.