Cet article propose une modélisation des structures d'incubation académique. Nous établissons une revue de littérature sur les incubateurs permettant de spécifier un cadre d’analyse des modalités d’incubation. Nous questionnons alors les pratiques et dispositifs de gestion observés et mis en oeuvre au sein des grandes écoles de commerce françaises. Nous analysons plus particulièrement les divergences et les convergences en termes de vision, outillage et système d’évaluation pour esquisser un modèle intégrateur et proposer un référentiel des meilleures pratiques.
Dans les sciences administratives, la notion de deuil est utilisée pour interpréter les réactions émotionnelles de certains acteurs confrontés à des changements profonds de leur contexte d’action. Son usage, ou simplement son évocation, se retrouve notamment dans les travaux sur la transmission d’entreprise, l’échec entrepreneurial, les processus de restructuration et/ou de changement organisationnel, la perte d’emploi ou encore la mort organisationnelle. La question qui se pose est de savoir dans quelle mesure la régulation émotionnelle face à ces événements peut s’apparenter à une réaction de deuil. Ne serait-il pas fécond d’interpréter le réel par d’autres concepts ? C’est pourquoi, en reconnaissant le pouvoir théorique de la notion de deuil, nous chercherons à montrer dans quelle mesure la théorie de la préservation des ressources (TPR) peut se présenter comme un prétendant légitime à l’organisation de l’interprétation des effets déstructurant de la perte dans le champ professionnel. En s’appuyant sur des modes alternatifs de construction scientifique de la perte, nous montrerons que la TPR et la notion de deuil sont à même de révéler des processus de nature similaire en faisant de la réaction à la perte soit un objet d’analyse, soit un instrument de mesure d’une réaction psycho-émotionnelle.
Selon les statistiques de l’OCDE, l’économie informelle augmente depuis plusieurs années pour atteindre dans les années 2000 de 10 à 20 % du PIB des pays développés. Variée dans ses formes, difficile à saisir et à mesurer, l’économie informelle a malgré tout une caractéristique constante et largement reconnue : son fort dynamisme entrepreneurial. Les recherches en entrepreneuriat, toujours plus nombreuses et reconnues dans le champ académique des sciences de gestion, n’y attachent paradoxalement que très peu d’importance. Cette situation est fort contrastée avec celle que l’on peut observer en économie et en sociologie où la question de l’économie informelle fait l’objet de nombreux travaux et ce depuis plus de trente ans. Ce papier cherche donc à combler une partie de ce vide en proposant de caractériser l’entrepreneuriat informel, composé de toutes les activités entrepreneuriales développées au sein de l’économie informelle.
A partir d’une revue de littérature, nous proposons dans la première partie de ce papier une nouvelle façon de définir l’économie informelle afin de dépasser les définitions élaborées par les économistes qui ont tendance à caractériser l’économie informelle selon des critères objectifs, valables quelque soit le contexte. Cette approche essentialiste par les traits, sans aucun doute utile pour mesurer le phénomène à un niveau macro-économique, peut se révéler stérile pour les gestionnaires, plus intéressés par les contextes de travail in situ et les représentations des acteurs. Pour cette raison, nous proposons un cadre novateur fondé d’une part sur les travaux sur la déviance d’Howard Becker et d’autre part sur un courant qui place la notion de règles au coeur de l’analyse de l’informalité en économie. Nous définissons alors l’économie informelle par l’ensemble des activités productives qui sont considérées comme déviantes au regard des règles légales d’une part, et des règles de marché d’autre part.
Une fois ce cadre délimité, nous décrivons dans la deuxième partie les relations très complexes qui lient économie informelle et formelle afin de faire émerger les liens encore peu discutés entre entrepreneuriat formel et informel. Cette discussion permet d’expliquer en quoi il peut être réducteur d’étudier l’entrepreneuriat formel sans aborder la question de l’entrepreneuriat informel tant les liens sont nombreux et extrêmement divers entre ces deux phénomènes.
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Dans la troisième et dernière partie du papier, nous montrerons que l’entrepreneuriat informel génère une activité considérable d’un point de vue économique et qu’il ne serait pas souhaitable que cette réalité soit mise de côté par les chercheurs en gestion. Par ailleurs, au-delà de cette dimension quantitative, l’analyse de cette forme d’entrepreneuriat est également pertinente pour tester les théories et les modèles utilisés dans le domaine de l’entrepreneuriat classique. La confrontation à des contextes empiriques atypiques comme les quartiers ouvriers ou les zones paupérisées des grandes villes offre en effet l’opportunité de solidifier les résultats passés ou, au contraire, de démasquer quelques mythes, voire de faire émerger de nouvelles hypothèses et modes de gestion innovants et stimulants.