Le basculement de nombreux marchés dans l’économie numérique entraîne à la fois un accroissement de la transparence sur les prix et une plus grande opacité quant à la qualité des biens échangés. Pour surmonter l’asymétrie d’information entre offreurs et acheteurs, qui peut freiner, voire interdire toute possibilité d’échange marchand, de nombreuses plates-formes virtuelles d’échanges ont créé des indicateurs ou dispositifs visant à renforcer la confiance dans le vendeur (nombre total de ses transactions antérieures, ancienneté…), et à garantir la qualité du bien échangé. En appliquant le cadre conceptuel de l’économie des conventions, cet article explore le rôle constitutif de la convention de qualité sur un marché particulier – le marché philatélique -, et met en exergue l’importance des dispositifs de confiance en tant que points d’appui à la mise en oeuvre des logiques conventionnelles et réflexives sur un marché.
L’analyse économétrique de plusieurs centaines de transactions effectuées sur un marché philatélique virtuel montre en effet l’influence de certains dispositifs, tant sur la formation de l’accord marchand que sur le prix ; influence variant selon la valeur du bien et le degré d’aversion au risque de l’acheteur. Les dispositifs de confiance ne se renforcent pas conjointement : ils constituent des supports cognitifs dévolus à des types d’acheteurs distincts Ce résultat plaide plus fondamentalement pour l’hypothèse d’une contingence et d’une complémentarité des dispositifs de confiance les plus usités de l’économie numérique.
La recherche restituée dans cet article soulève la problématique du processus de construction de la valeur financière d’une entreprise par ses différentes parties prenantes. L’article dresse une revue critique des théories de la valeur, présente le protocole de la recherche (basée sur une approche hypothético-déductive), en restitue les résultats, puis en discute la portée et les limites. La recherche montre que l’efficience de la « transformation » d’une valeur « aux conditions de marché » (stand alone) en une valeur stratégique « aux conditions de l’acheteur », puis en une valeur contractuelle « aux conditions des acheteur et vendeur », repose sur des « conventions » socio-professionnelles reconnues par toutes les parties prenantes.
L’objectif de cet article est d’étudier les points de convergence et de divergence entre la théorie néo-institutionnelle des organisations et la théorie des conventions. Ces deux théories, qui ont des objets de recherche proches et partagent de nombreux prés-supposés analytiques, développent des programmes de recherche autonomes et confrontent rarement leurs résultats. Le travail de comparaison entre les deux théories que nous menons indique que l’ancrage plus politique et moral de la théorie des conventions est susceptible d’enrichir les développements les plus récents de la théorie néo-institutionnelle des organisations au niveau de la dynamique et de la portée évaluative des dispositifs de coordination de l’action organisationnelle.